Violences familiales : la parole qui libère

Des travailleurs sociaux sont spécifiquement formés pour accompagner les victimes de violences familiales. Leur mission répond à la volonté du Département d'être au plus près des Héraultais dans des moments compliqués.
Estelle Karchen est intervenante sociale sur le secteur ouest héraultais de la gendarmerie couvrant Lodève, Pézenas et Béziers. Dans les situations de violences familiales, qu'elles soient conjugale, sur mineur ou sur ascendant, elle est chargée d'évaluer le degré d’insécurité auquel sont confrontées les victimes. « Je suis là pour offrir une écoute spécifique à des personnes qui me dévoilent les violences qu’elles vivent au quotidien », explique-t-elle. « Tout se fait sur la base de leur consentement et dans un cadre strictement confidentiel », précise cette intervenante qui les accompagne jusqu'à ce qu'elles soient en sécurité, elles et leurs enfants. « Je les aide à reprendre confiance en elle mais également à obtenir des droits, des ressources et un hébergement si nécessaire. Je travaille beaucoup avec les Maisons départementales de la solidarité, indique Estelle Karchen. L’objectif de mon travail, c’est qu’elles retrouvent sécurité, apaisement et liberté ».
Dans l'Hérault, 5 Intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie écoutent, conseillent et orientent les victimes de violences intrafamiliales. Ils sont à l'œuvre dans les commissariats de Béziers, Montpellier et bientôt Sète en 2019 et également dans les brigades de gendarmerie des secteurs est et ouest du département. « Nous sommes l'interface entre les forces de l’ordre, la justice, les services sociaux, les services de santé et le public », note Estelle Karchen. Ces travailleurs sociaux sont aussi chargés d'informer les victimes sur leur possibilité de saisir la justice, comme engager une procédure pénale ou civile après un dépôt de plainte, par exemple, ou encore de les mettre en contact avec des associations d’aide aux victimes.
- La plateforme départementale d’écoute pour les femmes victimes de violences: 04 67 58 07 03 du lundi au vendredi de 12h à 17h (prix d’un appel local). Relais du numéro national 39 19 dans l’Hérault.
- 06 12 39 62 70, Estelle Karchen, intervenante sociale sur le secteur ouest
- 06 21 32 01 81, Claudia Beldame, intervenante sociale sur le secteur ouest gendarmerie
- 06 74 94 49 73, Fatiha Bounoua (à partir de mi-janvier) au commissariat de Montpellier
- 06 68 77 71 68, Stephanie Canovas au commissariat de Béziers
Patricia Weber, vice-présidente déléguée aux solidarités à la personne
Fuir pour se reconstruire
Une fois la famille entendue et mise en sécurité, les liens se retissent.
La résidence Madeleine Delbrel accueille des mères isolées avec enfants de moins de trois ans. Ce foyer d’hébergement d’urgence géré par l’association L’Avitarelle, à Montpellier, dispose de 55 places. 10 sont financées par le Département.
L’entrée est discrète mais étroitement surveillée. « Les mères et enfants accueillis temporairement à la résidence nous sont envoyées par les travailleurs sociaux du Département », explique Elisabeth Nice-Pointis, directrice adjointe. « ce sont des personnes qui se retrouvent à la rue après des parcours de vie chaotiques, des violences ou des drames familiaux. Des situations d’urgence auxquelles se greffent parfois des inquiétudes sur de la relation mère-enfant. »
Au sein de la résidence, mères et enfants bénéficient d’un temps de pause salutaire de trois semaines, dans un environnement qui les sécurise. Le temps d’évaluer les besoins de la famille et de l’orienter vers un accompagnement social et professionnel ou sur un dispositif de protection de l’enfance.
L’équipe de la résidence Delbrel prend le relais, après un premier entretien avec l’assistant social de secteur. Pour Marion Vérin, éducatrice de jeunes enfants, l’objectif est de créer un climat de confiance avec les mamans et de dédramatiser le processus d’évaluation. « La plupart du temps, la relation mère-enfants a été fragilisée par les accidents de la vie, la violence ou la précarité. Nous proposons des temps d’écoute et nous prodiguons des conseils sur l’hygiène, la sécurité et la parentalité. La plupart des mères s’en emparent. D’autres non. Mais dans tous les cas, des portes de sortie existent. »
Briser le silence
En cas de départ du domicile la nuit ou en week-end, la famille est mise à l’abri par le SAMU ou le 115, avant d’être orientée dès le lendemain vers une structure spécialisée, centres d’hébergement Delbrel ou Bouissonnade, ou association Via Voltaire…
LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES, UN CONSTAT LOURD
- En 2016, 123 femmes ont été tuées en France (un décès tous les 2,7 jours) par leur conjoint et/ou ex-conjoint ou leur partenaire non-officiel (petit ami, amant, relation épisodique…). 25 enfants mineurs ont été tués par un de leurs parents dans le cadre de violences au sein du couple.
- On estime qu’en moyenne chaque année en France, 225 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences conjugales dans ses formes les plus graves (violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint). Parmi elles, 19 % déclarent avoir déposé une plainte à la gendarmerie ou au commissariat de police suite à ces violences.
- 1 jeune fille sur 5 en France a été insultée en ligne sur son apparence physique et 1 sur 6 a été confrontée à des cyberviolences à caractère sexuel par photos, vidéos ou textos.
- Dans l’Hérault, 8 840 personnes ont été victimes de violences et conflits intrafamiliaux en 2016: 29% de ces faits de violence ont été perpétrés dans la sphère familiale et 22 % relèvent de violences conjugales. 80% des victimes sont des femmes.
Ces chiffres sous-estiment néanmoins le phénomène des violences dans notre société car la majorité des victimes ne déclarent pas les faits à la police ou à la gendarmerie. On constate cependant une meilleure révélation des faits aux forces de sécurité suite à l’affaire « Weinstein » et les mouvements anti-harcèlement qu'elle a déclenchés dans le monde entier.
Femmes victimes de violences, qui contacter ?
Le 39 19 : numéro d’écoute national destiné aux femmes victimes de violences et à leur entourage. Appel anonyme et gratuit 7 jours sur 7, de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h les samedis, dimanches et jours fériés.
En cas d’urgence : la police ou la gendarmerie, en composant le 17 (ou le 112 d’un portable, appel gratuit).
La plateforme départementale d’écoute pour les femmes victimes de violences: 04 67 58 07 03 du lundi au vendredi de 12h à 17h (prix d’un appel local). Relais du numéro national 39 19 dans l’Hérault.
LE DEPARTEMENT, CHEF DE FILE DES SOLIDARITES, PROTEGE ET ACCOMPAGNE
« La lutte contre les violences faites aux femmes est une cause prioritaire. Les récentes polémiques ont permis de révéler des situations inacceptables et libérer une parole parfois enfouie profondément.Conscient de l’urgence de la situation, j’ai à cœur de prolonger et renforcer l’action du Département avec la création de deux nouveaux dispositifs construits en partenariat avec l’Etat : la présence d’intervenants sociaux dans les commissariats et les gendarmeries, et l’ouverture d’un nouveau centre d’hébergement d’urgence à Béziers.L’objectif est double : mettre à l’abri les femmes victimes de violences et leurs enfants, et surtout leur permettre de se reconstruire psychologiquement et socialement. C’est donc un accompagnement global et pluridisciplinaire que nous mettons en place avec nos partenaires ».
Kléber MESQUIDA
Président du Département de l’Hérault
Un Département solidaire des Héraultais
L’action sociale est une compétence obligatoire des Départements. Elle vise à accompagner et soutenir les personnes en situation de précarité, et contribue au développement social local.
En 2018, l’Hérault compte 1,150 millions d’habitants pour lesquels le Département assume la compétence des solidarités aux personnes, du nourrisson au senior. Pour venir en aide aux femmes victimes de violences, un véritable parcours est mis en place par les agents du Département et l’ensemble de ses partenaires : Etat, Procureur, CAF, monde associatif, police et gendarmerie, services sociaux ... De la prévention à l’accompagnement en passant par la mise à l’abri si nécessaire, c’est une mobilisation globale qui répond de façon adaptée et sur mesure à chaque situation.
La mise à disposition d’intervenants sociaux dans les commissariats et les gendarmeries
Le Département de l'Hérault cofinance avec l’Etat des postes de travailleurs sociaux qui interviennent directement dans les locaux de la police et de la gendarmerie. Actuellement quatre Intervenants Sociaux en Commissariat et Gendarmerie (ISCG) sont en poste sur le département, répartis de la façon suivante :
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1 poste au commissariat de police de Montpellier (depuis 2003)
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1 poste au commissariat de police de Béziers (depuis 2007)
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2 postes au sein des groupements de gendarmerie Ouest et Est Hérault (depuis 2007 et 2014).
A compter de janvier 2019 un cinquième poste sera créé sur les communes de Sète et Frontignan, qui ont accepté de contribuer à son financement.
- L’accueil des victimes et/ou personnes en situation de détresse : accueil physique et/ou téléphonique, analyse et évaluation des besoins sociaux.
- L’orientation et le conseil : orientation vers les services dédiés garantissant un traitement adapté.
- Le relais vers les partenaires : accès au droit, police, gendarmerie, justice, services sociaux, sanitaires…
La création d’un nouveau centre d’hébergement d’urgence à Béziers
- Une mise à l’abri des victimes de violences conjugales et de leurs enfants. Cet accueil d’urgence permettra de garantir la protection des personnes, l’écoute des victimes et une évaluation approfondie de leur situation.
- Un accompagnement des femmes et de leurs enfants dans les démarches nécessaires à l’élaboration d’un nouveau projet de vie.
- Le service social du Département ;
- Les travailleurs sociaux intervenant au commissariat et gendarmerie sur l’Ouest Hérault ;
- Le CCAS de Béziers ;
- Le service social du centre hospitalier de Béziers ou tout autre établissement de santé disposant d’un service d’urgence sur l’Ouest du département.
La plateforme départementale d’écoute pour femmes victimes de violences conjugales
Née du partenariat entre le Département de l’Hérault, l’Etat, la CAF, la Métropole de Montpellier, la Ville de Montpellier et le Zonta Club, la plateforme départementale d’écoute pour les femmes victimes de violences est joignable au 04 67 58 07 03 du lundi au vendredi de 12h à 17h (prix d’un appel local). Relais du numéro national 39 19 dans l’Hérault, ce service propose une écoute, une orientation et un accompagnement avec possibilité d’accueil de jour (sans hébergement). Pour les femmes victimes de violences, c'est également un lieu où elles peuvent se réfugier avec leurs enfants, échanger et participer à des ateliers de création et d’écriture, un exutoire indispensable pour exorciser les angoisses dans cette démarche de réparation.En moyenne la plateforme reçoit 800 appels par an.
UN NECESSAIRE TRAVAIL EN RESEAU
Il existe huit réseaux de lutte contre les violences faites aux femmes sur le département l’Hérault :
Nom du réseau |
Secteurs concernés |
Animé par |
Agde |
Agde / Pézenas |
CIAS (Centre Intercommunal d'Action Sociale)
Réseau santé ville |
Bassin de Thau |
ADS Bassin de Thau ADS Thau littoral
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Association Via Voltaire |
Béziers Méditerranée
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Béziers |
Agglomération Béziers Méditerranée |
Cœur d’Hérault
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Lodève / Gignac / Clermont l’Hérault |
Association Via voltaire |
Lunellois
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ADS Lunellois |
CIDFF |
Montpelliérain
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Montpellier / Pignan / Lattes |
Association Via voltaire |
Pays de L’Or
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ADS Etang l’or |
CIDFF |
Pic st Loup/Gangeois
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ADS Pic St Loup Gangeois |
CIDFF |
Ces instances regroupent l'ensemble des acteurs institutionnels et associatifs des domaines sanitaires, sociaux, préventifs, éducatifs, judiciaires. Ensemble ils travaillent à repérer les besoins, mettre en œuvre des actions communes et améliorer leurs pratiques professionnelles. Les réseaux organisent leur action autour de commissions thématiques. Ils créent ainsi des espaces de rencontre et de coopération, de mise en cohérence, d'innovation et de créativité. Les commissions fédèrent la participation des acteurs professionnels et associatifs, qui partagent leurs observations et impulsent des projets.