Communiqué de la CIBT sur le passe sanitaire

Contre le passe sanitaire et son monde technocratique

Comme dans notre précédent communiqué de décembre 2020, dans un contexte de pandémie et d’autoritarisme marqué par une grande confusion politique, la Coopérative Intégrale du Bassin de Thau (CIBT) invite à nouveau à rejoindre la lutte contre l’ensemble de l’arsenal régalien et technologique mis en place pour accentuer la surveillance et la répression des populations. Notre présence dans les manifestations hebdomadaires contre l’instauration du passe sanitaire s’inscrit dans cette lutte, même si nous devons rester prudents et nous opposer aux slogans et récupérations politiques de l’extrême droite.

LA VACCINATION

La CIBT refuse de rentrer dans un affrontement entre personnes vaccinées et non vaccinées : être vacciné ne signifie pas soutenir le gouvernement, ne pas être vacciné ne signifie pas être « antivax ». Le recours à la vaccination relève d’un équilibre entre intimité et responsabilité, entre choix des modes de vie, de soin et solidarité collective, impliquant un rapport personnel à la maladie, à la mort et au vivant, et un regard critique sur la technoscience et l’industrie. Nous devons y penser par nous-mêmes et dans la confrontation des idées.

Nous vivons pourtant une expérimentation à grande échelle de technologies génétiques pour lesquelles nous n'avons aucun recul. Il s’agit d’une fuite en avant devenue habituelle pour le système industriel qui prend en charge à sa façon les maladies directement liées à nos conditions de (sur-)vie et d’exploitation, en fournissant des médicaments sans se préoccuper des causes.

De plus la course aux vaccins « anti-covid » est insensée et peine perdue : ce virus ne disparaîtra pas et il y aura toujours de nouvelles mutations rendant nécessaires de nouvelles mises à jour du vaccin. Alors que nous subissons de la part du gouvernement et des médias, une propagande totale, obsédante et violente pour nous convaincre qu’il n’existe qu’une seule voie, le débat d’idées est devenu presque impossible.

Toujours est-il que la libération des brevets sur ces vaccins en particulier, mais plus généralement dans la médecine ne pourrait qu’être salutaire, d’une part pour éviter à quelques sociétés pharmaceutiques d’empocher des bénéfices faramineux, mais aussi pour mieux savoir ce qui constitue les vaccins. Car ce ne sont pas les spots gouvernementaux ridicules qui peuvent donner envie de se faire vacciner.

La CIBT se prononce d’ailleurs contre l'obligation vaccinale. Qu’elle soit directe (pour les soignants et les soignantes ou d’autres corps de métiers) ou indirecte (via la pression exercée par le passe sanitaire), elle constitue une grave atteinte aux libertés fondamentales.

LE PASSE SANITAIRE

L’enjeu du passe sanitaire est le contrôle social intégral. Il s’agit d’exclure de certains emplois, transports et lieux des personnes dont la situation diffère de certains critères fixés par l’État. Avec l’instauration du passe sanitaire dans les hôpitaux, les cafés, les cinémas, les théâtres, les salles de conférence, les festivals, les campings, les bibliothèques, les salles de sport, etc, nous voici désormais au stade disciplinaire pur, obtenu par un passage à l’échelle technologique d’un mode de contrôle et de régulation déjà bien établi. Mais cette fois l’emprise se fait encore plus totale, et cherche à nous faire intérioriser les règles dictées par l’État, en poussant à l’auto-exclusion les personnes qui ne s’y soumettraient pas.

Le contrôle même du passe sanitaire est un problème puisqu’il s’agit de confier à des dizaines de milliers de personnes non-formées et non-payées par l’État (mais simplement munies d’un smartphone) la mission de contrôler l’ensemble de la population : tout le monde se transforme en flic.

Et il faut bien admettre que c’est notre propre adhésion massive aux technologies numériques en échange d’aspects pratiques et d’un confort factices, qui ont rendu justement possible la société de surveillance et de contrainte (84% équipés de smartphone en 2020). L’instauration du passe sanitaire, c’est à dire d’un « laisser-passer » sous forme d’un QR code, est seulement le dernier outil en date mis en place par la technocratie dans sa volonté de tout contrôler, tout asservir au primat de l’efficacité et de sa puissance.

La question posée par le passe sanitaire est donc bien celle de la liberté : vécu comme une entrave à la liberté par certains et certaines (dont nous sommes), comme un moyen de liberté retrouvée par d’autres. Nous pensons que la liberté est faite de liens humains et de décisions collectives, car la liberté de chacun est indissociable de celle des autres. Il s’agit forcément d’une liberté sociale, qui nécessite l’égalité politique des individus pour pouvoir s’exercer.

FACE À LA CRISE

Le gouvernement a également fait de la pandémie une opportunité pour faire passer ses mesures anti- sociales en attaquant les conquis sociaux, et faire taire toute contestation au nom d’une unité nationale. Cette « crise sanitaire » constitue un exercice pour la classe dirigeante : toutes les contraintes instituées ne disparaîtront pas, elles seront aggravées avec chaque nouvelle crise (climatique, écologique, sociale, etc), de façon à lui fournir un confort de pilotage maximal. L’avancée du système technicien a permis un basculement vers une dictature d’un genre nouveau, où les militaires n’ont pas besoin d’envahir les rues.

S’intéresser à la santé publique devrait nous amener à discuter les causes des maladies de la civilisation industrielle qui nous tuent. Mais l’État n’interdit ni les pesticides, ni les productions cancérigènes de l’industrie chimique et nucléaire, ni les industries polluant l’air, ni l’exploitation au travail. La technocratie, dans sa folie de toute-puissance, détruit en même temps la nature et la liberté.

Face à cela, il ne s’agit plus de nous contenter de discours mais de refuser le capitalisme et de proposer des solutions alternatives. Rester à distance est désormais un combat essentiel pour ré-humaniser nos destinées collectives. À nous de nous libérer de nos laisses numériques, de nos smartphones, pour construire une société à taille humaine, juste et digne, débarrassée de l’aliénation aux machines, de la dépendance au marché et du joug de l’État et de créer nos propres espaces de sociabilité.

C’est cela que nous tentons de faire quand nous parlons d’autonomie et de réappropriation collective de nos vies à la CIBT. Notre organisation autogérée basée sur l'entraide et la coopération se construit dans une double stratégie de résistance au capitalisme et de sortie du capitalisme. C’est dans ce but vital que nous vous invitons à nous rejoindre, à participer à nos groupes de travail et à nos assemblées générales.


Bibliographie

PMO, https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/parle_a_mon_cul_herr_kode.pdf PMO, https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/la_technocrature_jette_le_masque.pdf Hervé Krief, "Démasquée", paru dans le journal "La décroissance" du mois de septembre 2021

Rodolphe Bacquet, https://alternatif-bien-etre.com/coronavirus/vaccination-obligatoire-quelques-outils-pour-une-resistance-responsable/ Nantes Révoltée, https://www.nantes-revoltee.com/vaccin-pass-sanitaire-complotisme-et-reformes-ultraliberales/

Info Libertaire, https://www.infolibertaire.net/liberte-des-liberaux-et-liberte-des-anarchistes-reflexion-sur-les-obstacles-rencontres-par-les- luttes-contemporaines/

La Quadrature du Net, https://www.laquadrature.net/2021/08/19/passe-sanitaire-quelle-surveillance-redouter/