Signature du règlement d’usage de l’eau pour l’irrigation du vignoble de Listel à l’eau usée traitée de la STEP de Marseillan


Ce mercredi 24 novembre, au Domaine de Listel, entre Sète et Marseillan, a été signé le règlement d’usage de l’eau pour l’irrigation du vignoble de Listel à l’eau usée traitée de la STEP de Marseillan

C’est une grande première en matière de développement durable pour Sète agglopôle méditerranée : le premier projet de réutilisation des eaux usées traitées est lancé sur le territoire !aaaaggluioIMG_20211124_113031

De par sa situation, le vignoble de Listel qui exploite 246 ha de vignes cultivées sur une bande de sable entre Sète et Marseillan, et entre l’étang de Thau et la mer, est très sensible aux conditions météorologiques, notamment en matière de pluviométrie. Ces vignes font partie du patrimoine de la région depuis 1883 (date de création de l’entreprise).

C’est pourquoi, un projet de réutilisation des eaux usées traitées par la station d’épuration de Marseillan « Pradels » est lancé, à des fins d’irrigation du vignoble du Listel, tout en préservant les enjeux écologiques de ce site emblématique.

aaaagglaCaptureCe projet a fait l’objet d’un travail collaboratif entre le Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres (CELRL), propriétaire des Salins et du canal de circonvallation, les Grands Domaines du Littoral (GDL), propriétaire du vignoble voisin, Sète agglopôle méditerranée (SAM), maître d’ouvrage de la station d’épuration des Pradels située sur la commune de Marseillan et gestionnaire des Salins pour le compte de CELRL, ainsi que le Conservatoire d’Espaces Naturels d’Occitanie, co-gestionnaire des Salins associé à SAM pour le compte du CELRL.

Cette démarche de concertation a été formalisée dans un dispositif conventionnel complet, engageant sur 20 ans et s’articulant autour d’un Règlement d’usage de l’eau, signé mercredi 24 novembre 2021, en présence de François Commeinhes, Président de SAM, Agnès Vince, Directrice du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacrustes, Paul-François Vranken, Président de la SAS grands Domaines du Littoral, Arnaud Martin, Président du Conservatoire des Espaces naturels d’Occitanie, Antoine Brechignac, Directeur régional de Suez Occitanie, Michel Garcia, Président de la CLE du Bassin de Thau, Vice-président délégué à la gestion des espaces naturels, agricoles et viticoles et Yves Michel, Maire de Marseillan, Président du SMBT, Vice-Président délégué au grand et petit cycle de l’eau.


Ce règlement était complété par deux conventions en découlant :

  • Une convention de rejet de la STEP de Marseillan « Pradels », entre le CELRL, SAM et GDL, pour fixer les conditions de gestion du bassin de stockage artificiel et le canal de circonvallation dans lesquels se déverse le rejet de la STEP avant de s’infiltrer dans les Salins,

  • Une convention de réutilisation des eaux usées traitées produites par la STEP de Marseillan « Pradels », entre le CELRL, SAM et GDL, pour fixer les conditions d’exploitation et de suivi de cette réutilisation des eaux.

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Il faut savoir que les Grands Domaines du Littoral (GDL) exploitent 246 ha de vignes sur le lido de Thau entre Sète et Marseillan. Ces vignes, cultivées sur une bande de sable entre l’étang de Thau et la mer, font partie du patrimoine de la région depuis 1883 (date de création de l’entreprise). De par sa situation, ce vignoble est très sensible aux déficits de pluviométrie :

  • les sols sableux ne disposent d’aucune capacité de rétention,
  • les eaux souterraines superficielles sont sujettes à des remontées du biseau salé (mer-étang),
  • aucune ressource en eau douce superficielle n’est accessible,
  • la nappe profonde de l’Astien est fragile et réservée prioritairement à l’eau potable.

 "L’exploitation de ces vignes subit les effets du changement climatique, en particulier des épisodes de sécheresses estivales de plus en plus longs et marqués. GDL a ainsi vu sa production réduire de l’ordre de 50 % sur les 5 dernières années (baisse des rendements, mortalité des vignes). Cette chute des rendements fait aujourd’hui peser un risque sur la pérennité des activités de GDL sur le lido. Face à cette situation GDL a procédé à des travaux d’irrigation à l’eau potable d’une partie du vignoble. GDL prévoyant d’étendre ce réseau d’irrigation à la totalité du vignoble, une étude d’une solution alternative à l’eau potable a été envisagée. Ce projet consiste à permettre l’irrigation des vignes à partir des eaux résiduaires urbaines produites par la station d’épuration de Marseillan (lagunage des Pradels). En effet, le système d’assainissement collectif des eaux usées de la commune de Marseillan, sous maîtrise d’ouvrage de Sète agglopôle méditerranée, est composé de deux unités de traitement, situées sur la commune de Marseillan" :

  • le lagunage des Onglous qui sert de prétraitement pour une partie des eaux usées

  • le lagunage des Pradels qui traite la totalité des eaux usées produites.

  • En cas de surcote hydrique, notamment lors des événements pluviométriques exceptionnels, les eaux du canal de circonvallation sont temporairement rejetées dans l’étang de Thau, sept kilomètres en aval, par le biais de la station de pompage du Rouet de Villeroy, appartenant à GDL.

Les modalités et conditions d’utilisation des eaux du bassin de stockage artificiel de 65 000 m³, sont définies dans un règlement d’usage de l’eau (élaboré entre le CELRL, Sète agglopôle méditerranée, le Conservatoire d’Espaces Naturels d’Occitanie et GDL). Ce règlement autorise la SAS Grands Domaines du Littoral à prélever un volume maximal estimé à 343 500 m³ (cas d’une année sèche) pour l’irrigation de ses vignes pour un volume d’eau usée traitée disponible supérieur à 900 000 m³/an. 

C'est donc ce dernier qui est concerné. Et si le système d’assainissement est exploité par la société SUEZ EAU France SAS, délégataire, le rejet des eaux traitées du système épuratoire de Marseillan s’effectue dans un bassin de stockage artificiel de 65 000 m³, propriété du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres (CELRL). Un ouvrage de sortie et un ouvrage de répartition permettent, via une conduite de transfert, l'alimentation des salins du Castellas (XIVème et XVème) et du canal de circonvallation sur le lido de Thau dans lequel les eaux s’infiltrent progressivement et tamponnent le phénomène de remontée du biseau salé contribuant au maintien de la culture de la vigne.


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Fig.1 - Implantation du lagunage des Pradels et du vignoble GDL sur le lido de Thau


Seul problème, le niveau de salinité des eaux usées traitées étant relativement élevé en sortie de la STEP, le projet a intègré la construction d’une unité de dessalement en aval du bassin de stockage afin de réduire la teneur en chlorure des eaux usées traitées avant injection dans le réseau d’irrigation.

Par ailleurs, le niveau de qualité des eaux usées traitées requis pour l’irrigation de la vigne en goutte-à-goutte est la « qualité C » (au sens de l’annexe II de l’arrêté du 2 août 2010). Toutefois, afin de pouvoir respecter une distance réglementaire minimale de 50 m entre le périmètre irrigué et les zones d’activités à protéger (zones conchylicoles et zones de baignade), le niveau de qualité de réutilisation des eaux usées traitées visé sera la « qualité A » soit le niveau le plus élevé.aaaagglazz

La réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation des vignes est prévue par pompage directement au niveau du bassin de stockage puis acheminement jusqu’à une unité de dessalement et de désinfection complémentaire située au niveau du Mas du Castellas avant distribution aux différentes parcelles de GDL via un réseau d’irrigation en goutte-à-goutte.

Le rejet du concentrat issu du dessalement des eaux usées traitées se fera dans le canal de circonvallation, au droit du Mas du Castellas.

Le programme de surveillance de la qualité des eaux usées traitées et de la qualité des sols est fixé par les arrêtés d’autorisation. Il porte sur un suivi de la qualité des eaux brutes et des eaux traitées pour l’irrigation, un suivi de la qualité des boues et de la qualité des sols.

Afin de s’assurer de l’absence d’impact, un suivi de la salinité des eaux du canal de circonvallation en amont et en aval du rejet du concentrat issu de l’unité de dessalement des eaux usées traitées est mis en place.

Les enjeux sanitaires identifiés (activités à protéger) concernent les zones de baignade et d’activités nautiques et les zones de production de coquillages destinés à la consommation humaine.

La méthode d’irrigation par goutte-à-goutte (contrairement à l’aspersion) garantit l’absence totale de risque d’envol (ou de brumisation) indépendamment des conditions météorologiques (y compris par vent fort).

L’eau d’irrigation sera donc immédiatement absorbée par le sable puis par la vigne, sans aucune possibilité ni de ruissellement ni d’infiltration vers la nappe souterraine.

La nature des sols irrigués (sable) et l’absence de pente permettent d’écarter tout risque d’écoulement depuis les zones irriguées vers les zones d’activités à protéger.aaaagglooooohjkCapture

 

Fig.2 - Aménagements prévus
 
 
Au-delà de l’objectif de préservation des rendements poursuivi par GDL, les bénéfices environnementaux et socio-économiques attendus pour le territoire sont les suivants :

les eaux usées traitées se substituent à une consommation d’eau potable permettant ainsi de réduire la pression sur la ressource en eaux souterraines des alluvions de l’Hérault actuellement en déficit quantitatif, l’irrigation des vignes avec les eaux usées traitées va réduire les volumes rejetés dans l’étang de Thau au niveau du pompage du Rouet, et participer ainsi à l’amélioration de l’état qualitatif de ce milieu, le maintien de l’activité viticole participe à la préservation du lido grâce à l’enracinement des vignes dans le cordon dunaire, les eaux usées traitées étant une ressource garantie qui permet de pérenniser l’activité viticole sur le lido et de préserver les emplois associés et l’aménagement de ces espaces naturels.


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 François COMMEINHES, Président de Sète Agglopôle précisait à ce sujet :

 "C'est une démarche initiée voici plus de 3 ans entre les divers propriétaires ou gestionnaires fonciers avec des discussions entre nos collectivités, le propriétaire des vignes de Listel, et le conservatoire du littoral pour concilier enjeux écologiques et sauvegarde des activités viticoles, et préserver ainsi tous les usages de ce site exceptionnel. Grâce à cette « REUT » de la station d’épuration marseillanaise des Pradels qu’exploite le groupe Suez, nous préserverons la ressource en eau, dont la raréfaction est source de grandes inquiétudes, tout en garantissant la menace que font peser sur l’activité viticole les phénomènes croissants de sécheresse et autres remontées de biseau salé. L’enracinement des ceps et le maintien du cordon dunaire préservent également du risque de submersion."

"Nous sommes là, dans le contexte connu de changement climatique, au cœur des enjeux qualitatifs et quantitatifs du développement durable. Concept qui se limite trop souvent aux incantations sans être traduit dans les faits, tout comme l’économie circulaire, qui est plus que jamais une nécessité pour préserver notre qualité de vie.

 Je me réjouis qu’à travers les documents que nous signons aujourd’hui – conventions de rejet des eaux traitées, d’occupation temporaire et de réutilisations des eaux traitées - tous les usages soient bien pris en compte et préservés. Ce qui a, dès le début des discussions, été un préalable de la part du conservatoire du littoral, garant de la richesse environnemental de ce site unique.

J’espère de tout cœur que le projet pourra bénéficier de l’appel à projets régional EC’EAU porté par les régions Occitanie et Nouvelle Aquitaine, et l’Agence de l’eau, pour soutenir les projets de réutilisation des eaux dites «non conventionnelles ».."...................

Et il rajoutait que pour la réutilisation des eaux usées d’autres projets étaient en cours…

"En effet, Sète agglopôle méditerranée soutient auprès de la Région Occitanie, dans le cadre de l’appel à projets en faveur de la réutilisation des eaux non conventionnelles, le projet de réutilisation des eaux usées traitées de la station d'épuration à Sète pour les besoins en eau du site industriel implanté sur le Port de Sète porté par la société SAIPOL. Ce projet, qui engendre une substitution directe d'eau potable, contribue à réduire significativement la pression sur la ressource en eaux souterraines des alluvions de l'Hérault actuellement en déficit quantitatif."

"L’Agglopôle a postulé à l’appel à projet « EC’EAU, Economie Circulaire de l’Eau » lancé par la Région pour un projet d'irrigation avec les eaux traitées de la STEP de Mèze sur un ilot d'une centaine d'ha réparti entre les coopérateurs de la cave les Costières de Pomérols et le domaine de Saint-André. Toutes les parcelles de cet ilot sont situées sur la commune de Mèze et ne sont pas desservies par BRL. L'irrigation de ces parcelles est donc capitale pour pérenniser la culture de la vigne."

"La construction de la nouvelle station d’épuration « Thau Maritima », plus gros chantier porté par Sète agglopôle méditerranée (64,3 M€) se poursuit dans la Zac des Eaux Blanches. L’objectif est de faire face à l’augmentation attendue de la population du bassin, tout en protégeant la ressource en eau et notamment l’étang de Thau où conchyliculture et pêche sont les activités principales….. À la fin du chantier, la capacité de traitement passera de 135 000 à 165 000 équivalents habitants (EH), avec une option jusqu’à 190 000 EH à l’horizon 2045."