101è Musc'art, le premier de 2021, avec Armonia Lemaître

 
Armonia Lemaître, poétesse et romancière indépendante
 
Armonia Lemaître est en quelque sorte une nouvelle venue à Musc’art virtuel, puisqu’elle n’a jamais été reçue auparavant au Musc’art en « présentiel ». Il est donc peu aisé de lui faire une petite présentation circonstanciée. Auteure sétoise, membre des « Auteurs au soleil », l’association frontignanaise qui regroupe les auteurs indépendants locaux, nous avons quand même rencontré Armonia maintes fois sur les deux marchés hebdomadaires de l’été de Frontignan en train de dédicacer aux côtés de l’équipe de Marco Libro, ses ouvrages, absolument convaincue que sont essentiels pour elle « les partages et échanges, en chair et en os, avec les lecteurs ». Des contacts qu’elle privilégie d’autant plus que par éthique, elle est loin d’adhérer au « commerce en ligne américain » pour la diffusion de ses livres. Ce qui confirme l’intention proclamée d’Armonia « de porter son attention à lautre, dans toutes ses dimensions, ceci dans l’ouverture d’esprit et la bienveillance ».
 
Ses livres, « Je suis une poupée gigogne » et « Tu ne le diras à personne » et autres poèmes, reçoivent sur les réseaux sociaux des commentaires plus que élogieux de la part de lecteurs avertis ; lesquels aiment se plonger dans cet « univers romanesque basé sur la psychologie et les enjeux familiaux » où l’auteure plante ses personnages dont elle conte l’histoire avec « une plume élégante et pointue...pour en faire un monument de pudeur où tout est dit avec sobriété ». Style d’autant plus indispensable qu’Armonia traite de problèmes tout à fait d’actualité comme l’inceste et ses conséquences avec silences et non-dits qui affectent physiquement et psychologiquement les êtres qui en sont victimes.
Ecoutons alors Armonia découvrir sa personnalité et son œuvre d’écriture à travers ses réponses à nos questions.
 
1° Qui êtes-vous ?
Quel a été le chemin jusqu’à votre premier livre ?
Je m’appelle Armonia Lemaître et je suis poétesse et romancière indépendante. J’ai suivi un parcours atypique. Né garçon, j’ai entamé ma transition en 2012. Cet événement a constitué le déclencheur de mon désir de publier. Aujourd’hui, je cultive avec passion mon jardin littéraire surtout depuis mon installation à Sète en janvier de l’année dernière après ma retraite.
 
2° Si le récit peut féconder le réel c’est pour quoi faire naître?
Le récit imagine à partir du réel une réalité imaginaire, fictionnelle. Elle acquiert alors une légitimité universelle qui parle à tous.
 
3° Qu’est-ce qui déclenche l’écriture ? Écrire est-ce une contrainte ?
Une force intérieure me pousse à l’écriture. Désir de reconnaissance, narcissisme ou tout simplement passion. Je ne m’interroge plus vraiment sur cette énergie créatrice, je la vis. Écrire ne représente jamais une contrainte. Si s’était le cas, je n’écrirais sans doute plus. En revanche, elle draine beaucoup de doute, de souffrance et parfois heureusement du plaisir et de la jubilation.
 
4° Quel est le mot le plus important pour vous ?
Il y en a tellement. Difficile de hiérarchiser et de faire un choix
 
5° Bâtissez-vous vos livres avec une architecture préétablie ?
Pour moi, l’écriture d’un roman est un travail de longue haleine qui ne peut s’improviser. J’effectue un important travail avant d’entamer le premier jet. Recherche de l’idée du roman, de l’intrigue, caractérisation des personnages, description des lieux et chronologie. Écrire au fil de l’eau représenterait un risque trop important et conduirait assurément à l’échec.
 
6° Ouvrez nous un peu votre « fabrique d’écritures » ?
Je m’astreins à une discipline de fer. Je me lève à 6 h, car j’aime le silence pour aligner les mots. J’écris 2 heures environ puis j’entame ma deuxième journée.
 
7° L’écrivain peut-il rendre le monde meilleur ?
Non ! Il peut certes y contribuer, apporter des éléments de dénonciation et d’analyse de la réalité. Mais pour moi, l’écrivain est un témoin, un lanceur d’alerte littéraire. C’est aux décideurs, aux politiques, aux citoyens de changer le monde.
 
8° Pourrait-on dire que l’enfance est l’élément fondateur de votre écriture ?
L’enfance fonde notre existence ! Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’écrivain ? Cela dit, les problématiques familiales me passionnent et l’enfance y tient une place fondamentale.
 
9° Quels sont les titres de vos livres ?
Un roman autobiographique en 2017 : je suis une poupée gigognequi raconte ma transition vers le genre féminin
Un roman noir en 2018 : Tu ne le diras à personne qui raconte, de quelle façon, un lourd secret empoisonna trois générations d’une même lignée familiale.
Deux recueils de poésie : Un papillon dans la têteen 2018 et Les prémices du papillonen 2019 qui rassemblent des poèmes en vers libres rédigés avant et pendant sa transition.
Le tome 2 de Je suis une poupée gigogne paru cette année où j’aborde des questions laissées en suspens dans le tome 1
 
10° Comment percevez-vous le monde qui nous entoure ?
J’ai longtemps perçu le monde qui m’entoure comme une menace, une injustice. Je voulais m’en abstraire, le fuir littéralement ou par la lecture. Je me passionnais alors pour la science-fiction et l’anticipation. Aujourd’hui, j’ai acquis une certaine sagesse. Je prends du recul et surtout j’essaie de vivre dans le présent. En cette période de pandémie, je crois que cela constitue la seule alternative. Sinon, c’est à devenir dingue !
 
11° Qu’est-ce qu’un écrivain selon vous ?
L’écrivain est un passeur d’histoire. Un menteur, mais pour la bonne cause !
 
12° L’écrivain est-il un grand alchimiste de la réalité ?
D’une certaine façon oui. Il n’invente rien, mais il compose à partir des éléments de la réalité, passés, présents ou à venir.
 
13° Vous êtes-vous immergé très jeune dans la lecture et l’écriture ?
J’ai écrit et lu dès mon plus jeune âge. Une façon pour moi de fuir un environnement très difficile.
 
14° Quelles sont vos relations avec le temps ?
Conflictuelles ! Je n’ai jamais le temps de tout mener à bien. Je produis beaucoup d’idées et le manque de temps me rattrape toujours !
 
15° Des projets littéraires en vue ?
Je finalise ma première nouvelle : « Le nettoyeur ». Une anticipation sombre en rapport avec la période que nous vivons. Elle devrait paraître avant la fin de l’année. J’effectue également le travail préparatoire à un nouveau roman qui aura pour fil rouge le poids de la paternité. Si tout va bien, je l’éditerai en 2022.
 
16° Votre proverbe préféré ?
Le bonheur est une idée neuve. Je compléterai en disant que nous devons le réinventer en permanence.
 
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