18/08/2021
Dossier Capitelles.
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Introduction:
Les capitelles du XVIIIè siècle sont des constructions avec voûte en encorbellement, en pierre sèche de calcaire lithique, bâties sans liant, destinées à abriter le paysan qui travaille en garrigue. Il s’agit d’une technique de construction vernaculaire très ancienne, reprise de génération en génération. Les paysans défricheurs épierrent le sol puis entreposent les pierres en clôture des futures terres cultivables, des cabanes sont édifiées dans les " clapàs " pour entreposer les outils où se mettre à l’abriter.
Le tenement de Rabassou a conservé dans ses tas de pierres des ruines de cabanes de pierre. À titre personnel Maurice Vidal en 1994 fut parmi l’un des précurseurs de la restauration en remettant à leur place certaines pierres manquantes des capitelles.
L’association Culture Avenir Tradition (C.A.T.) sous la présidence de Paul Gonthier Maurin a décidé en 1998 de valoriser et de péréniser ces héritages de cabanes. Les premiers travaux de restauration ont été réalisés sur des ténements privés, les capitelles ont été baptisées du nom de leur propriétaire.
Par la suite l’association des Amis du Musée et du Vieux Frontignan (AMVF) sous la présidence de Marcel Weber a prise le relais de restauraton des capitelles sur des terrains communaux.
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Les Secrets de la Gardiole
(Témoignage de Michel Campestre sur les restaurations des vestiges d’abris agricoles).
"Merci à nos aïeux frontignanais initiateurs, défricheurs et aux pionniers rénovateurs de « capitèlas » capitelles dans nos maquis".
André Coulet la mémoire du territoire a effectué des recherches cadastrales ainsi dans les archives municipales sur l’implantation des capitelles en garrigue frontignanaise. Une soixantaine de capitelles ont ainsi été recensées sur la commune de Frontignan.
" Ce mode de construction d’abris va réapparaître au XVIIIème et XIXème siècle lors des grands défrichements de notre garrigue. Ces lopins de terres incultes ont été distribuées ou achetées pour devenir cultivables, la garrigue a été colonisée. Tènements abandonnés sur les " bancaous où restanques".Le phylloxéra (pucerons) a décimé les vignes au XIXè siècle en suite, dans les années 50, le tracteur a pris la relève des chevaux, c’est l’exode vers les terroirs arables de la plaine plus faciles à cultiver et proches de la ville. La nature a reprise la possession des ces terres abandonnées ainsi que les chemins et drailles qui ne sont plus entretenues par les troupeaux de chèvres et de moutons, les derniers bergers gardiens de nos pâturages typiques ont disparus, la garrigue a perdue son âme".
Périodes de destruction de cabanes de pierre sèche.
Les vagues d‘extensions constantes de l’usine pétrolière de Frontignan (dépôt de stockage, unité de raffinage et plateforme ferroviaire) qui passe de 4 à 65 hectares ont contraint un débordement sur l’étang d’Ingril. Cela a nécessité le remblaiement de la lagune côté ouest par l’apport de gravats, de terres et de pierres. La société de raffinage étant en recherche de terre a sollicité les propriétaires de vignes et des "hermes". Ils ont été séduits afin de pouvoir se débarrasser des amas de pierrailles et de terres encombrantes pour agrandir leur vignoble. Malheureusement ces apports divers dans l’étang ont laissé des troues béants dans des parcelles qui sont devenues des décharges que l’on distingue encore de nos jours ainsi que la destruction de nombreux clapàs et de capitelles ancestraux.
Réédification d’une capitelle pour perpétuer l’héritage du patrimoine local.
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Embryon d’édification d’une cabane de pierre sèche au mois de juin. Un vrai challenge, les lopins de terre sont impénétrables aujourd’hui. |
- Nos vaillants amis motivés après avoir débroussaillaient et dégageaient un monticule d’éboulis d’un clapàs dans lequel est adossée l’empreinte d’une « hutte de pierre sèche séculaire. Sur l’emplacement de cette capitelle effondrée ils effectuent un marquage au sol pour sa reconstitution.
Guy Xuéreb, supervise le chantier en cours. Une fois le linteau acheminé laborieusement sur la luge, Marcel Weber et Michel Campestre harassés soufflent et se reposent tandis que jean Alingrin manipule une énorme pierre plate pour supporter la future voûte.
- L’équipe volontariste sélectionne les pierres avant de commencer l’édification de la cabane, le sol est arasé, la canicule d’Hélios, le mistralou d’Eole et les culicidés moustiques sont encore de la partie aujourd’hui. Par leurs travaux les ventres bleus dévoués et passionnés de pierres sauvegardent ces petits trésors de nos garrigues pittoresques laissés en désuétudes. « La technique de construction consiste à superposer les pierres légèrement inclinées vers le bas, tout en les calant avec des cailloux sans mortier », Le linteau pièce maîtresse incontournable, celui-ci a une dimension d’environ 2m de long, il supportera la masse de pierre du futur « capèl » chapeau et assurera le passage d’accès l’intérieur de l’abri. A droite : Jean Alingrin, Jean Pierre Alibert, Marcel Weber, Guy Tacaille et Michel Castrex.
Ce linteau a été récupéré au environ du chemin de Poussan et véhiculé par fourgonnette jusqu’au chemin de Rabassou (Hameau des Capitelles).
Installé sur une brouette spéciale réalisée par Jean Pierre Alibert pour gravir un dénivelé important. Le lourd bloc de pierre est tiré à l’aide d’une corde par un homme placé à l’avant de la brouette et un autre à l’arrière qui soulève l’engin par les poignées et le duo charrie péniblement ce roc en crapahutant à travers la rocaille, impossible de poursuivre avec la brouette.
Ce linteau est transféré sur une luge réalisée par le " capitelliste" JP. Le traineau est tiré à l’aide d’un cordage par un trio d’amis placés en enfilade à l’avant, qui se relais pour l’acheminer sur le site séculaire d’une capitelle en cours de restauration située sur un raidillon. (capitellistes : bâtisseurs de capitelles expression locale).
Enfin sur place, sous la direction de Guy Tacaille à gauche, le linteau sera hissé via la « chèvre » palan manuel pour être mis dans son emplacement méthodologiquement avec habileté par les artistes jean Pierre au chapeau et Jean le virtuose pour soutenir la future coupole dans une ambiance sympathique, à droite Marcel Weber assure la sécurité de la manœuvre du chantier.
Lieu idyllique et luxuriant à découvrir à Rabassou.
Le HAMEAU des CAPITELLES -
La Capitelle « la Rabasse » ancrée dans notre terroir truffier.
Un travail remarquable a été réalisé qui embellit et redonne une âme à l’environnement du Pioch Michel sur le massif de la Gardiole. L’équipe dynamique des capitelles est fière d’avoir remise en valeur ces fleurons de l’Occitanie sous les stridulations où "cymbalisations " des chants nuptiaux des cigales mâles qui sont le prélude à l’accouplement des femelles depuis le lever au coucher du soleil. Dans ces lopins de terre nos ancêtres cultivaient du lavandin, du cade, du blé, vignes, amandes, figues, olives…
Musée municipal de Frontignan " Les pierres murmurent entre les murs "
Sur les traces du passé, la mémoire de nos collines.
Exposition initiée en 2012 par la ville avec le concours de l’association des Amis du Musée et du Vieux Frontignan, qui a réalisé une capitelle éphémère avec des pierres biscornues en un temps record.
« Picard » La première Capitelle restaurée officiellement en 2001 par l’association Culture Avenir Tradition dans le tenement viticole de la cible propiété de la famille Picard. Elle se situe route de Balaruc proche du moto-cross.
« GARRIGUAIRE » La dernière Capitelle restaurée en 2018 au hameau des capitelles dans un cadre bucolique de Rabassou par l’équipe des Amis du Musée et du Vieux Frontignan.
Une partie des ambassadeurs de l’équipe des capitelles
1èr rang à droite: Pierre Forestier, André Coule, Guy Tacaille, Michel Sala (ancien conseiller municipal dédié au patrimoine), Gérard Lefrou, Jean Pierre Alibert, Guy Xuereb, Michel Castrex.
2ème rang supérieur : Jean Noël Louison, Michel Campestre, Armand Aguillar, Marcel Weber, Michel Houplon
L’humble équipe est épuisée l’âge venant, certains ayant disparu, elle décide d’arrêter son défi.
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Ces travaux remarquables de restauration ont été réalisés par des profanes issus de différentes professions avec des outils rudimentaires. Ils ont excellé dans leur prodigieuse mission de sauvegarde de notre patrimoine local. Ces cabanes rescapées de pierres sèches édifiées, jadis, dans la sueur par de pauvres paysans autochtones.
Félicitations aux émules de (C.A.T & A.M.V.F) qui se sont relayés pendant environ une génération sur ces opérations de reconstitution de cabanes sur le massif de la Gardiole, ainsi que des bénévoles occasionnels.
C'est maintenant aux nouvelles générations de perpétuer cette passionnante mission de sauvegarde des joyaux de notre sublime Gardiole frontignanaise.
MC/AS