Un courrier de Christian Puech à propos de La puissance de la « non-violence active »

 Lettre de Paul, gilet jaune, adressée à Christian Puech, figure des écologistes à partisans.

"J’avais été étonné de voir un « géant » brandir la photo d’un indien d’Amazonie en voie d’extinction lors des marches pour le climat à Montpellier, avant le 17 novembre 2018 début de la révolte des gilets jaunes. Nous avons été depuis des milliers à le voir ou à l’entendre, parfois dans les radios et journaux (1). Si pour nous l’Amazonie est à l’autre bout du monde, pour les pas et l’esprit de synthèse de ce « géant » çà semble la porte à côté.

Quelle ne fut pas ma surprise de le voir aussi sur le rond-point que nous tenions avec les gilets jaunes au péage de Sète, prêcher la non-violence active, y compris lors des assemblées citoyennes de Montpellier à Odysseum ou au Peyrou. Nombre d’ entre nous ne connaissaient cet homme discret et modeste que par son prénom : Christian. En fait, il prêchait la non-violence presque partout dans le midi, tout en effectuant un reportage photos-vidéo informel. Un ami gilet jaune qui l’avait entendu, me dit  : » C’est le «  Lanza del Vasto », des gilets jaunes, faisant référence à la lutte des paysans du Larzac en 1975. Ayant bien connu cette lutte cela ne m’a pas paru idiot.

J’ai fini par demander à Christian quel était pour lui le lien entre toutes ces luttes et ces évènements ? Voici le résumé de notre conversation que je lui ai communiqué. Pour ce grand voyageur, « l’humanité entière est confrontée à un système financier déréglé, brutal, prédateur et injuste, dont les conséquences sur la biodiversité en voie d’extinction, sont indissociables de celles sur la diversité culturelle, intellectuelle. Comme devrait être indissociable l’harmonie de l’homme avec la nature ». Tout était dit, ou presque.

Revenons donc sur l’histoire politique de la révolte des paysans du Larzac et sur ses enseignements, qui rapprocherait Christian, les gilets jaunes et Lanza del Vasto.

En 1975, tracteurs et fourches contre chars : quel combat inégal ! C’est un peu pareil aujourd’hui pour les G.J. confrontés aux gaz lacrymogènes, flash ball et moyens des forces de Police du gouvernement en partie responsable de la révolte sociale suites aux taxes pétrolières et gazières… Quant aux choix des moyens de lutte sur le Larzac, les maoïstes et non-violents s’opposaient aussi au début du conflit, comme c’est le cas encore aujourd’hui entre les non violents et les extrêmes. Les coups tordus provocateurs de l’armée et le plasticage de la ferme des Guiraud enflammaient aussi les esprits révoltés, comme aujourd’hui les deux milles blessés, dont 145 gravement atteints ou infirmes.

Mais sur le Larzac Lanza del Vasto venait de fonder «  l’Arche » en occupant des terres. Et l’écrivain très actif prêchait aux paysans révoltés la non-violence active. Et, c’est en choisissant in fine, ce moyen de lutte que les paysans du Larzac ont bénéficié de l’immense soutien populaire, qui a contraint le gouvernement à abandonner ses projets. « Lanza a légitimé notre action » reconnaîtra José Bové. Voilà un exemple édifiant de lutte historique active mais non violente.

Quant aux liens qui pourraient exister entre l’engagement de Christian et ceux de Lanza del Vasto, voici quelques points de concordance figurants sur Internet. Lanza est le grand écrivain philosophe que l’on connaît, chantre de la non-violence, artiste, grand voyageur, auteur de bestseller : « Le pèlerinage aux sources ». Quant à Christian, beaucoup moins connu en France, il n’est autre que Christian Puech, également écrivain, artiste photographe, explorateur en Himalaya, (justement aux sources du Ganges parcourues par Lanza), féru de mysticisme tibétain, écologiste et défenseur des droits humains. Il y a tout de même bien là quelques points communs dans le parcours de ces deux hommes."