Les séries (pas) d’ici

 

Les séries tournées dans l’Hérault et plus généralement dans le sud de la France se multiplient. L’apparition régulière de ces productions est au moins aussi prévisible que leurs intrigues interchangeables. Mais là n’est pas leur problème majeur.

 

Un beau décor

Il faut bien se rendre à l’évidence : notre région, et ses plus de 300 jours d’ensoleillement, n’est envisagé que comme simple décor par les boîtes de productions. La mise en avant des particularités du territoire sont quasi-inexistantes. Le point le plus évident est, bien-entendu, l’accent local mais nous y reviendront.

Mais d’autres points, peut-être plus mineurs, ont aussi des conséquences. Les ressorts de l’histoire n’ont souvent aucun lien avec le territoire. Quand ils en ont un se sont vraiment des éléments présentés comme folklorique ou portant tout bonnement préjudice à la région. Dans les séries policières s’il y a des huîtres de l’étang de Thau ou du vin de Faugères… ils sont empoisonnés.

 

Malama Ka’Aina (*)

C’est encore plus vrai pour les langues régionales. Les élites parisiennes aiment à se gloser de l’impérialisme culturel des USA et la manière dont elles se traduisent au cinéma et les séries télévisées. Mais chaque épisode d’une série américain comme Hawaï-5-0 a un titre dans la langue originelle des hawaïens.  A quand des titres en Occitan pour des séries françaises ?

 

Tous les accents ne sont pas égaux

Mais avant d’envisager des titres en Occitan la simple question de l’accent reste majeure. Ce marqueur régional est systématiquement absent des productions locales. Enfin pas tous les accents… L’accent, ou plutôt les accents, du Sud et les expressions typiques des régions du sud de la France sont systématiquement gommés. Mais ce n’est pas le cas de toutes les spécificités locales.

Certains voudraient nous faire croire que ce gommage est la règle de toutes productions nationales au nom d’une certaine homogénéisation.  Pourtant, pendant que les personnages des séries tournées dans le Sud échangent des dialogues polissés avec l’accent pointu la Capitaine Marleau balade son accent et ses expressions du ch’nord dans sa série éponyme.

 

Tant qu’on a le soleil…

Ces productions pourraient continuer à frustrer les locuteurs de la langue Occitane et pourraient même continuer à ignorer l’accent et les expressions du sud au prétexte qu’elles souhaitent s’adresser à un large public. Mais le prétexte du soleil fera, plutôt tôt que tard, long feu. Demain il ne suffira plus de bénéficier des avantages du territoire sans le mettre en valeur.

Le tourisme a dû passer par cette transformation. Le tourisme de masse qui déversait de façon, apparemment discontinue, des flots de touristes avides de soleil sur les côtes méditerranéennes a fait long feu. Il a fallu passer à un tourisme qualitatif mettant en avant l’histoire, la géographie, la culture et le patrimoine local.

Gageons que les maisons de production cinématographiques et télévisuelles (re)découvriront prochainement ces mines d’or de situations, de scénarios et de personnages que sont les traditions occitanes

 

(*) « Malama Ka’Aina » signifie « Respecter le territoire » en langue hawaïenne et était le titre du deuxième épisode de la série.

Par http://www.sport-tambourin-cd34.com