La gloire de Brassens par Hervé Le Blanche.

Hervé Le Blanche communique au sujet de l'année Brassens

"2021 devait être l'année Brassens. Il a tiré sa révérence il y a quarante ans. Il naquit il y a 100 ans, en 1921. Sous l'impulsion de la municipalité de Sète, spectacles (carte blanche à François Morel), animations autour d'un bateau-scène devaient se succéder en hommage au poète sétois. Brassens aurait-il approuvé le fracas des trompettes de la renommée ? Pour certains, elles sonnent un peu trop fort, ces "divines trompettes"."

 

"Certes, l'étoile Brassens scintille au firmament des artistes et des poètes. Cet astre-là fascine toujours. Dans la brochure éditée il y a peu par les Journaux du Midi, il est rappelé qu'il fut primé, huit fois, dès 1954 (prix Charles Cros) pour "le parapluie", même prix en 1963 pour les 10 ans de Brassens, Grand prix de l'Académie française 1967 et même Trophée numéro un d'Europe 1 pour l'album jazz avec Moustache (1979). Chaque année, de multiples festivals célèbrent son œuvre. Et, signe des temps et témoignage de sa notoriété, ses manuscrits ont une telle valeur, atteignant de tels prix, que la ville de Sète n'a pu acquérir même la moitié de la "Supplique". Il est vrai que l'artiste de la rue de l’Hospice a su atteindre l'universel. Traduit en plus de 100 langues, il parle l'éternel idiome de la jeunesse. Il est aujourd'hui des "papi" qui chantent à leurs petits-enfants "le parapluie" ou "les sabots d'Hélène". Il inspire paraît-il le rap. Le tout sans cesser d'observer rimes et prosodie."

 "Alors pourquoi être réticent quant à l'hommage au grand Georges ? C'est qu'il est une part de la personnalité de "Jo" qui prête le flanc à la critique. Il n'a eu de cesse d'attaquer les institutions, écrivant même dans "la route aux quatre chansons" : "étranger sauve toi d'ici/où l'on donne l'alarme/aux chiens et aux gendarmes". Et il y avait eu "hécatombe" et les "morts aux lois, vive l'anarchie". Bien. Mais celui qui se voulait "la mauvaise herbe", celle qu'on ne met pas en gerbe, ne cherche pas à échapper au S.T.O. dont les réfractaires, disent les historiens, gonflèrent les rangs des maquisards. Certes, il s'évada avec la complicité de René Falet. Mais il ne fit rien pour lutter contre l'occupant, même si, nous dit-on, il n'avait pas compris ce qui était en jeu dans la seconde guerre mondiale. Selon lui, les résistants ne voulaient que changer de maître et de chaînes, pas s'en débarrasser."

 

"A vouloir garder les mains trop blanches, on n'agit pas beaucoup. Ne pas agir en 1939-1945 aurait révolté un Victor Serge, sans parler des anarchistes espagnols. Cela doit-il être célébré ? On peut en douter, même si Brassens a su écrire une poésie exigeante et populaire. Cela, c'est la gloire de Brassens."

Hervé Le Blanche