Culture ? Vous avez dit culture ?

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M. Bez, directeur de la galerie Dock-Sud, devrait se prénommer David. Encore qu'il fronde des forces incommensurablement plus puissantes que le Goliath biblique qui, après tout, n'était qu'un homme. Mais l'appel au bon sens de martin Bez se double d'un appel au respect du "bien vivre au quotidien à Sète" et d'une dénonciation des "fossoyeurs de la culture". Excessif ?

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 Pas tant que cela aux yeux d'amoureux de l'Ile singulière. Car enfin, le bon sens, dont chacun paraît-il est pourvu, n'est-il pas choqué des conséquences de l'évolution socio-économique de Sète : voies urbaines congestionnées, stationnement difficile, trottoirs encombrés (même quand on les a élargis) par des flux excessifs de piétons ou de cyclistes cherchant en vain une voie de circulation. Les halles, le dimanche, submergées par une marée humaine qui les rend peu accessibles, affichant des prix décourageant le chaland sétois ordinaire. Et que dire des "oursinades", des fêtes de la tielle ? Comment sont produites ces milliers de tourtes fourrées au poufre ? Sont-elles encore vraiment des tielles ? Martin s'enflamme en prononçant son réquisitoire. Quant au "bien vivre au quotidien", il semble bien, comme disait Brassens (Brave Margot), que "seuls les vieux racontent à leurs petits-enfants" que Sète était une ville à taille humaine où la bonne humeur, les échanges, les loisirs simples faisaient sa réputation. Et les prix des denrées, outre leur authenticité, faisaient les modestes.

 La marchandisation de la société, un marketing agressif ont changé cela. Il est tout à fait symptomatique que la réponse aux accusations du galeriste (et de ceux qui le soutiennent) soit venue non de l'adjoint à la culture, mais de l'adjointe au tourisme (Midi Libre 08/09/2019). La série "Demain nous appartient", diffusée sur TF1 à une heure de grande écoute fait cliqueter le tiroir caisse publicitaire de la dite chaîne. La ville récolte de cette manne 6 millions d'euros par an et 400 emplois. On ne précise pas quels types d'emplois. Quand tinte le tiroir caisse chez Bouygues et certains Sétois, on nous parle de culture populaire. N'y a-t-il pas mieux à faire pour le peuple qu'attirer son argent par une série télévisée ?

Et comme le champ de la culture est vaste, on pourrait parler d'architecture. Sète est paraît-il une "cité maritime de caractère". Or, que voit-on surgir rue de la Savonnerie, à Villeroy, aux Salins ?

Des parallélépipèdes que l'on retrouve à Montpellier ou ailleurs. Dans le passé, on a raillé Napoléon III, esprit fumeux disait-on.

Il a transformé Paris et c'est sous son règne qu'à Sète on a aménagé le jardin du Château d'eau et bâti les halles, voulues comme "un palais du peuple".

C'est aussi cela la culture, comme tout ce qui peut élever l'esprit humain.

 

"Lors du siècle d'or de l'Empire romain (Ier siècle ap.J.C.), il y eut Martial, Horace, Ovide et les combats de l'amphithéâtre. Du pain et des jeux pour le peuple. Et la culture ?"

Hervé Le Blanche

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