Visite inaugurale des Travaux de protection du Lido et de mise en valeur des Salins de Frontignan

adevIMG_20210907_151946Ce mardi 7 septembre était un jour de double visite inaugurale à Frontignan où deux projets environnementaux menés par Sète agglopôle méditerranée sont arrivés à leur terme : la protection du Lido et la valorisation du patrimoine des Salins.

 

 

Protection et de mise en valeur du Lido de Frontignan
et projet de conservation du patrimoine des Salins de Frontignan

Peut être une image de 6 personnes, personnes assises, personnes debout et plein air

 

Le territoire de Sète agglopôle méditerranée est un éco-territoire de 37 000 hectares, interface entre la terre et la mer, dont près de 90% sont constitués d’espaces non urbanisés - classés en zone naturelle ou agricole.

Ces espaces, complémentaires au territoire urbain avec lequel ils interagissent en permanence, occupent un rôle environnemental et social : espaces lagunaires et maritimes et zones humides ont des enjeux similaires de préservation de la biodiversité et des écosystèmes. Ils sont à la fois porteur d’identités, cadre de vie pour les habitants et facteur d‘attractivité. Ils font partie des paysages patrimoniaux qui dessinent notre territoire.

 C’est ainsi que le Lido de Frontignan a été proposé par Sète agglopôle méditerranée dans sa candidature 2021 à la Capitale française de la biodiversité, sur la thématique « Eau et Biodiversité ».

Malheureusement, ils sont également les premiers impactés par les effets du changement climatique, et il est de la responsabilité de l’agglopôle d’innover pour qu’ils deviennent des vecteurs d’adaptation à des phénomènes naturels plus récurrents et plus violents.

 

LE LIDO DE FRONTIGNAN


Le lido de Frontignan s’étend sur environ 8 km : 6 km fort urbanisé du port de pêche à la « Dent creuse » et 2 km d’une zone plus naturelle sur le secteur des Aresquiers. Les tempêtes exceptionnelles de 1982, 1997, 1999… ont été révélatrices de sa fragilité et des conséquences à long terme d’une érosion grandissante (risques de submersion des habitations, destruction à court terme de la RD 60 et de la piste cyclable sur le secteur des Aresquiers, disparition de la plage, du cordon dunaire et recul progressif du trait de côte…).

Il était urgent d’intervenir à hauteur des besoins, fort d’une expérience menée avec succès il y a quelques années par Sète agglopôle méditerranée sur le Lido de Sète à Marseillan. Ce sont ainsi 15,4M€ d’investissements qui ont été réalisés sur la partie frontignanaise.

Pendant très longtemps, le trait de côte a été protégé contre les assauts de la mer par des structures en dur, des digues aménagées à terre ou immergées. Les épis perpendiculaires au rivage permettaient de capter le sable issu de la dérive littorale.

La généralisation à l’ensemble des côtes du phénomène d’érosion, aggravé par l’élévation du niveau des mers liée au réchauffement climatique, ont conduit l’Etat à se doter d’une stratégie nationale de gestion du trait de côte qui s’impose aux collectivités locales. La doctrine change, elle passe du « tout protection » à l’adaptation aux phénomènes naturels.

Et comme la nature aura toujours le dernier mot, au lieu de se protéger, il a fallu s’adapter à la nouvelle donne. C’est dans ce cadre que le projet du lido de Frontignan tranche 2 a été repensé : une gestion souple - cordon dunaire et rechargement en sable - restaurant les équilibres naturels afin de laisser un espace de mobilité suffisant au trait de côte.

 L’originalité du projet repose sur le fait, qu’au-delà de la dimension technique, il a fallu composer avec la dimension « acceptabilité » du projet par les riverains.

En effet, l’urbanisation de front de mer occupe ici 6 km sur les 8 que compte le lido. Ce dernier était déjà en partie protégé par 61 épis aménagés par les riverains eux-mêmes dans les années 60-70 pour – déjà à l’époque - se protéger de l’érosion. Certains épis, dans la partie Ouest du Lido ont également été couplés à des brise-lames en charge de contenir la submersion marine, conférant aux épis en question un design un peu particulier en « T » ou en « L ».

Cette phase de 8,7 millions € a été rendue possible, comme tous les grands projets littoraux, grâce aux partenaires qui ont accepté d’accompagner SAM dans l’aventure :

 

Lorsque Sète agglopôle méditerranée a démarré les études, la « stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte » faisait son apparition, imposant aux maîtres d’ouvrages un changement de paradigme : les solutions de protection « en dur » déployées largement sur les côtes françaises pendant des décennies, devaient désormais laisser la place à des solutions « douces », des solutions résilientes fondées sur la nature.

Pour la partie urbanisée du lido, les réflexions ont très vite orienté le projet vers la reconstitution d’un cordon dunaire d’arrière plage et un rechargement massif en sable qui permettait de reconstituer le stock sableux largement déficitaire dans les petits fonds. Le cordon dunaire assurait un double rôle de réservoir à sable pour les plages et de protection contre les houles hivernales.

Toutefois, l’étroitesse des plages - 40 à 45 m de profondeur après rechargement - ont contraint à implanter le cordon dunaire dans un espace réduit et à en faire un cordon « fusible » qui n’offrira qu’une protection très relative aux houles décennales. Il a également fallu rogner sur sa hauteur pour le limiter à 2,75 m NGF et ne pas totalement occulter la vue sur mer aux riverains de première ligne.

Aux Aresquiers, dans la partie naturelle du lido, l’ambition a été de protéger, quelques temps encore, la route départementale.

Aussi, les solutions mises en oeuvre ont été plus « dures » que dans la partie urbanisée : création d’un cordon de galets de 3,5 m NGF de haut sur 700 m de long, rechargement de la plage par des galets et construction de 3 épis supplémentaires dans la continuité de ceux existants.

Les entreprises CAZAL – RODHE NIELSEN – PHILIP’FRERES – VINCI ont réalisé le chantier dans des conditions particulièrement difficiles.

Les travaux avaient démarré depuis seulement 2 mois, lorsque le 1er confinement a été décrété, en mars 2020. Le chantier s’est arrêté du jour au lendemain et le repli des installations s’est fait dans l’urgence : les travaux de dragage et de rechargement des plages avec 200 000 m3 de sable prélevés sur la flèche de l’Espiguette venaient  juste d’être terminés. Les travaux n’ont repris que fin avril avec des protocoles sanitaires particulièrement stricts et contraignants.

En 2021, les tensions internationales du marché du bois ont allongé les délais de livraison de 4 à 12 semaines : le chantier a dû se prolonger jusqu’en juillet alors qu’il devait s’achever au 30 avril 2021.

Et du bois, il en a fallu beaucoup pour le chantier : 28 km de ganivelles, 50 escaliers, 9 rampes pour les personnes à mobilité réduite, 5 platelages pour les véhicules de secours.

Aujourd’hui, les riverains ont un ouvrage de franchissement du cordon tous les 100m à peu près, soit 50m à marcher derrière la dune pour accéder à la plage. Toutefois, ces travaux de protection n’auront qu’un effet partiel et temporaire, car on passe du « tout protection » à l’adaptation aux phénomènes naturels, à travers une gestion souple qui restaure les équilibres naturels afin de laisser un espace de mobilité suffisant au trait de côte. Pas toujours acceptable pour les riverains !

Le réchauffement climatique et l’élévation du niveau de la mer, sont devenus des certitudes dans leur survenance, seules l’ampleur et le timing du phénomène demeurent incertains. Aussi, quand l’Etat est venu proposer à SAM d’être territoire expérimental pour la recomposition spatiale, avec la ville de Frontignan, la réponse a été positive, immédiatement ! Devant l’inévitable, mieux vaut se préparer et anticiper.

La recomposition spatiale d’un territoire pour ce que l’on commence à en comprendre, sera un travail de très longue haleine qui demandera d’avancer par étapes et à des échelles spatiales différenciées. Ce que l’on fera dans les 10 ans à venir permettra de préparer le travail des 10 ans qui suivront. Un vrai défi pour les exécutifs locaux qui comme chacun sait n’ont pas le temps long devant eux !

15,4 M€ ont été tout d’abord investis en deux phases pour lutter contre l’érosion, aux côtés de l’Europe, l’Etat, la Région et le Département. adevIMG_20210907_160011

 810 000 € ont été également consacrés à la mise en valeur du passé salinier de la commune à travers un programme écotouristique comprenant 3 axes d’intervention (avec la participation du Conservatoire du Littoral, de l’Europe, de la Région et du Département) : la réhabilitation de 5 bâtiments, le réaménagement des entrées du site des Salins et la mise en place d’une scénographie pour raconter l’histoire du lieu.


LES SALINS DE FRONTIGNAN


Autre site, autre ambiance et une entrée dans l’histoire : celle du passé salinier de Frontignan et du territoire dans son ensemble.

Les Salins de Frontignan, propriété du Conservatoire du littoral, sont véritablement une interface de la terre et de la mer, bordée par le massif de la Gardiole au nord et par l'étang d'Ingril au sud.

Désormais, espace naturel protégé à la grande richesse patrimoniale, Sète agglopôle méditerranée en est co-gestionnaire avec l’EID.

Depuis 2018, un important programme de valorisation écotouristique du site a été engagé par Sète agglopôle méditerranée avec la participation du Conservatoire du Littoral, de l’Europe (FEDER), de la Région Occitanie et du Département de l’Hérault, d’un montant total de 810 000 € HT.

Ce programme s’inscrit dans le plan de gestion du site et répond à 2 enjeux fondamentaux :

  • La mise en valeur du passé salinier ;
  • La protection des milieux naturels et remarquables ;

Avec pour objectifs l’amélioration des conditions d’accueil touristique et la valorisation du patrimoine naturel et culturel des anciens salins.adevIMG_20210907_160431

Entièrement dédiés à la production du sel jusqu’en 1968, les Salins de Frontignan sont, depuis 1989 et l’action du Conservatoire du Littoral, un espace naturel protégé dont les richesses naturelles et la forte identité liée à son passé salinier en font un espace d’une grande richesse patrimoniale.

Le site se caractérise par une diversité de milieux : zones humides douces ou salées (sansouires, anciennes tables salantes, canaux, roselière…), interface avec la lagune, pelouses, boisements de pinède des Aresquiers…

Ce sont plus de 340 espèces végétales qui ont été répertoriées sur le site, parmi lesquelles 14 espèces patrimoniales recensées. Parmi ces espèces, on retrouve, au nord du site, les steppes salées méditerranéennes abritant un cortège de saladelles protégées. Enfin, certains bassins et canaux sont le lieu de développement annuel de très rares herbiers aquatiques : althénies, characées, ruppias…

Les Salins de Frontignan constituent également un véritable lieu de prédilection pour des centaines d’oiseaux : flamants, canards, limicoles et autres sternes trouvent ici tour à tour un lieu d’hivernage, de reproduction ou de halte migratoire.

Le projet d’amélioration des conditions d’accueil et valorisation touristique du patrimoine naturel et culturel des anciens Salins de Frontignan s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de gestion du site naturel protégé des Salins de Frontignan. Il répond à deux enjeux fondamentaux du site que sont la mise en valeur du passé salinier et la protection des milieux naturels et remarquables. Il doit répondre à deux objectifs : l’amélioration des conditions d’accueil touristique et la valorisation du patrimoine naturel et culturel des anciens Salins.

 

Ce projet global se décline en trois axes :

 Requalifier et mettre en valeur des éléments bâtis

8 bâtiments sont présents sur le site des Salins. 5 d’entre eux ont été réhabilités et restaurés.

Ces travaux ont démarré en 2018 pour être entièrement finalisé en 2019.

Les gardes du littoral en assurent l‘entretien (débroussaillage des abords, nettoyage…).

 Réaménager requalifier les entrées du site pour améliorer les conditions d’accueil du public

3 entrées de site sont concernées :

  • l’entrée par le plan du bassin (centre-ville de Frontignan) qui devient l’entrée principale pour le grand public. Cette entrée longe le canal du Rhône à Sète et permet d’accès au centre du site par le bord du site en longeant l’étang d’Ingril,
  • l’entrée par les Pielles, seule entrée carrossable qui permet d’accéder au cœur du site et également de rejoindre le bois des Aresquiers. C’est l’entrée de service pour la gestion du site. Cette entrée carrossable est accessible par tous,
  • l’entrée piétonne par le Bois des Aresquiers, qui fait le lien avec le site voisin du bois des Aresquiers.

Deux carrefours sont également réaménagés dans le site pour faciliter la gestion et l’orientation des visiteurs. Les principaux travaux réalisés portent sur la canalisation du public par la pose de ganivelles et de potelets en bois, la création de murs en pierre sèches, renouvellement des barrières… 

Les travaux se sont déroulés de janvier à avril 2021 pour un montant total d’environ 200 000€ HT.

L’ensemble de ces aménagements n’auraient pas été possible sans la confiance et le soutien des partenaires financiers : l’Union européenne, le Conservatoire du Littoral, la Région Occitanie et le Département de l’Hérault.

 

  1. Conserver les traces de l’activité salinière par la mise en valeur du patrimoine bâti et raconter l’histoire du passé saulnier par une scénographie

C’est la dernière étape du projet et non des moindres ! La nouvelle entrée principale du site – côté plan du Bassin, offre au visiteur qui l’empruntera la vue sur des cabanes de pêcheurs et des bateaux colorés amarrés le long du quai. Une fois le pont passé, le bruit urbain s’estompe…le rideau s’ouvre sur le site, le canal, les étangs et leur biodiversité incroyable. On pénètre dans un autre univers !

La scénographie qui viendra habiller les Salins devra définir un parcours de visite permettant la gestion des flux sur le site et ses abords : lecture de paysages, approche sensorielle basée sur les 5 sens, approche expérientielle et approche didactique autour de thématiques porteuses de sens que sont le patrimoine paysager, le patrimoine culturel lié à la saulnerie et le patrimoine naturel.

L’aboutissement de ce projet de requalification du site marque l’achèvement des dernières actions du plan de gestion validé en 2009.

Celui-ci a été évalué en 2021 et sa mise à jour débutera en début d’année 2022 avec l’ensemble des acteurs du site.

 

Coût des travaux et partenaires financiers : 810 142 € HT