Au Comoedia - en partenariat avec Amnesty International

Mardi 28 mars à 20h30

Dans le cadre du Festival "Au Cinéma pour les Droits humains"

Séance en présence de la réalisatrice

Les Ames perdues de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne

Français, documentaire, 1h44

En 2014, un mystérieux déserteur, portant Ie nom de code César, divulgue des dizaines de milliers de photos des victimes du régime syrien, morts sous la torture. Alors que les suppliciés sombrent dans l'oubli et que des milliers de civils disparaissent, leurs familles, leurs avocats et un petit groupe d'activistes tentent de déposer des plaintes dans des tribunaux européens. Ce film raconte les rebondissements d'enquêtes et de procédures qui conduiront à l'émission de mandats d'arrêts contre les plus hauts responsables de l'administration de Bachar al Assad, pour crimes contre I'humanité.

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Le Cinéma en pays de Thau

Des nouveaux épisodes de Candice Renoir au prochain film d'Abdellatif Kechiche, palme d'or à Cannes et plusieurs fois récompensés aux César, les tournages se multiplient à Sète et autour de l'étang. Le cinéma prend une importance grandissante en pays de Thau avec des retombées de plus en plus significatives pour l'économie locale. Il faut s’en réjouir.

Le cinéma intéresse un public varié, de tous âges et de tous milieux. On y va seul, en famille ou entre amis. Plus qu’un divertissement le cinéma est un formidable outil de cohésion sociale et d’ouverture au monde y compris pour les plus modestes. On se détend au cinéma mais on voit aussi de nouveaux paysages, de nouvelles façons de vivre ou de penser. Les grands films marquent souvent plus les esprits que les grandes manifestations, ils permettent de discuter et d’échanger sur les thèmes qui font débat.

Le cinéma n’a cependant pas que des effets positifs. Il peut de façon sournoise imposer des normes et des valeurs qui vont à l’encontre de notre propre culture. L'actualité regorge de violence et celle-ci se retrouve dans le cinéma, mais par voyeurisme ou complaisance il peut aussi contribuer à détruire un peu plus notre société en valorisant l'agressivité ou le délitement des mœurs.
Le cinéma façonne la société tout autant qu’il la décrit. Pire, certains intérêts privés cherchent à manipuler le public comme l’a révélé Phliip Morris qui a payé 350.000 dollars pour que James Bond fume dans un de ses films.
Jouant d’abord sur l’émotion comme le désir de paix, de justice ou de liberté, le cinéma peut même devenir un outil de propagande et d’aliénation en diabolisant ou caricaturant ceux qui s’opposent à l’establishment ou ceux qui s’opposent à la révolution.

La tendance naturelle des grands diffuseurs est de privilégier les films grands publics dans les multiplexes qui sont perçus comme autant de lieux permettant de rentabiliser rapidement les nouveaux films. Mais avec l’emprise croissante des multiplexes, le danger est de voir les films les plus fragiles, rares ou simplement ceux qui font réfléchir écartés au profit de films à grand budget, formatés outre atlantique ou fabriqués à la française avec la douzaine d’artistes hexagonaux qui passent en boucle chez Drucker le dimanche après-midi.

On parle d'un projet de création d'un multiplexe dans le centre commercial de Balaruc. C'est une bonne nouvelle si ce projet voit le jour. Il sera apprécié de la population du bassin de Thau. Mais avec son usine à pop corn et ses fontaines à coca, il ne peut être le seul outil du Pays de Thau pour promouvoir le 7ème art. Des "miniplexes " plus modestes, comme il fut envisagé un temps à Frontignan et à Sète, seraient sans doute de nature à mieux préserver une diversité de programmation et une place au cinéma culturel voire au cinéma d’art et d’essai.

Le gigantisme est d’ailleurs en train de trouver ses limites. Le gros multiplexe n’est plus la seule solution pour développer la fréquentation des cinémas. Les nouvelles technologies redonnent de la rentabilité aux petites salles et de nouveaux concepts, plus novateurs, apparaissent avec des petits cinémas en réseaux qui se glissent dans les lieux les plus inattendus comme en Angleterre où certaines salles se nichent sur le toit d’immeubles de Londres ou dans certaines fermes du Devonshire.

De Jean Gourguet à Agnès Varda, de Pepé le moko à Coup d’éclats en passant par La graine et le mulet, un longue tradition de culture cinématogaphique existe à Sète et en Pays de Thau .

Du Taurus de Mèze au Cinémistral de Frontignan en passant par les petits écrans communaux tel celui de Montbazin, des passionnés maintiennent bien vivant cet amour du 7ème art. Des associations de cinéphiles, comme Ciné-C-toi prennent le temps d’accompagner les spectateurs et de valoriser des films anciens ou peu connus. D’autres comme la Dante Alighieri de Sète, utilisent le cinéma pour permettre à certains de renouer avec leurs racines.

Le paysage de diffusion qui se prépare autour du bassin de Thau, dense et équilibré avec de petites salles communales dans les villages et les projets de multiplexe ou de miniplexes n’est pas le fait d’une singularité ou d’un retard mais bien le signe d’un territoire précurseur et créatif.

Jacques Carles