C'est un des plus grosses compagnies françaises actuelles de théâtre de rue qui a franchi les portes massives de la scène nationale sétoise à deux reprises , vendredi 6 janvier et dimanche 7 janvier.
Créée en 1995 , Les « 26 000 couverts » propose un théâtre burlesque, foutraque, onirique, déconcertant, sans-limites . La première scène de la pièce intitulée Chamonix en hommage à la fameuse cité savoyarde fut une splendide – et hilarante- tyrolienne entonnée à la gloire de la reine de stations de sports d'hiver hexagonale.
Rideau et retour vers le futur . Nous voilà en 6302 à bord d'un vaisseau intergalactique mais pas pour très longtemps.
Sophie la robote annonce un atterrissage forcé sur une planète qui n'est autre que notre chère planète bleue !
L'occasion pour les membres de l'équipage de humer le bon air fleuri célébré comme il se doit, en musique – avec de vrais instruments-, et dans une novlangue très vite tout à fait compréhensible, – une gageure relevée avec brio par la troupe – Les atours de dame nature s'avérant d'autant plus enivrant qu'elle est désertée depuis des millénaires de toute présence humaine.
Ce nouvel environnement quelque peu intimidant au départ semble donc charmer l'équipage qui envisage de s'y attarder, mais voilà, dans les abyssales profondeurs , Major Burk, une sorte de larve humaine à la voix caverneuse qui règne sur les « intra-terriens » compte bien écourter leur séjour , de la même manière – avec un suppositoire satanique !!!- qu'il a éradiqué la race humaine considérée par trop nocive pour la planète.

S'en suit une virée à bord d'un brave buffet un peu mélancolique dans plusieurs périodes plus ou moins lointaines de l'Histoire à la découverte de l'évolution de l'espèce humaine .Stupéfaction et effroi du côté des derniers hommes et fou rire dans la salle .
Enfin, retour en 6302, pour l'épilogue.
"Un joyeux chichois que ce Chamonix qui semble avoir était bricolé avec trois bout de ficelles, quelques cocktails avec alcool ,et surtout beaucoup de plaisir. Le tour de force est justement cette illusion : la mise en scène impeccable, tirée au cordeau, permet ce lâché prise jubilatoire propre à l’univers du jeu et de l'enfance . Si l'écologie, toile de fond de la comédie musicale, est avant tout un prétexte à cette histoire délirante et à des chorégraphies grotesques – les comédiens , très bien, sont également d'excellents interprètes et musiciens - elle est aussi matière à réflexion.
Sans pour autant parler d'un théâtre didactique ( presque) toujours sous couvert d'humour , certains passages concernant la responsabilité de l'espèce humaine dans la situation plus que préoccupante de la terre en 2023 sont édifiants.
Les images projetées par un power-point dans une scène très amusante , des images auxquelles nous sommes pourtant habituées, demeurent intolérables, insoutenables. Le bilan de l'homme : glorieux ? En aucun cas. Alors ? Exterminer l'équipage afin de s'assurer qu'il ne reproduise pas les mêmes impardonnables erreurs que ses aïeuls , ou lui laisser une chance , telle est la question .
Il manque un dernier souffle au sergent major pour délivrer son verdict . Cependant, sur son visage parcheminé affleure un sourire , du à l'infusion de fondu savoyarde préparée par ses arrières arrières, arrières..petit enfants , ( et oui ! , mais ce serait un peu long à résumer !!! ), qui nous laisse augurer qu'il se serait montré clément envers eux ."
"Vive le fromage , Chamonix ( à prononcer sans x ! ) et les 26 000 couvert pour cette orgie théâtrale qui a réuni toutes les générations de spectateurs ce qui est loin d'être la norme !"