Henri Gaffino (1823-1899). Un prêtre dans le siècle.

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Le jubilé du curé de Saint Louis fut célébré les 2 et 3 mai 1897. Durant ces deux jours, furent fêtés avec éclat les cinquante ans de ministère du curé Gaffino. Le compte rendu d'un paroissien (dossier Archives municipales) montre que ce prêtre déploya son zèle à une époque où le magistère de l’Église commençait à être battu en brèche.

 

hvhvCaptureLe dimanche 2 mai débute la célébration des noces d'or entre l’Église et son serviteur. Commence alors le jubilé, c'est à dire les réjouissances marquant ce long ministère du curé Gaffino. Le prêtre est habillé d'habits nouveaux. Il est félicité par les parents, les amis et les paroissiens de Saint Louis venus manifester le "profond attachement de tous à ce pasteur". Au prix de "sacrifices réels, parfois pénibles", on offre des cadeaux au curé doyen de Saint Louis. Ils sont gardés dans le presbytère "comme pour un mariage", ajoute le témoin. Ainsi font, selon le narrateur, même les non dévots. La fête a incontestablement une tonalité populaire. Surtout le lundi 3 mai quand l’Église catholique déploiera ses fastes. Sacristains et congréganistes hommes ont décoré l'intérieur de l'église et le clocher. Et le quartier Haut se met au diapason de la fête : maisons décorées, fut-ce de lierre ou de buis, inscription à la louange du "Bon Pasteur", poteaux à guirlandes plantés au milieu des rues sur le sol desquelles ont été répandues des pétales de roses. Puis Monseigneur arrive, se joint au "clergé venu de tout le diocèse". Et, avec les administrateurs de la paroisse, défilent les Suisses et 21 prêtres en surplis et camail.

 

Après la messe concélébrée par sept abbés, à 3 heures aux vêpres, avant l'allocution de Mgr de Cabrières, le Révérend Père Carrière rendra hommage à l'action du curé Gaffino, celui qui a institué le culte de N.D. de la Salette le 19 de chaque mois, mis sur pied le pèlerinage à Lourdes (1872) et a fait dresser la première croix à Saint Clair.

Photo : HLB

Mais aussi, selon le témoin anonyme, "l'apôtre à qui il ne coûterait rien de devenir martyr".

Accusé, vilipendé pour "s'opposer à l'école sans Dieu, aux maîtres sans foi" et qui "résiste aux envahissements des sociétés secrètes [sic]". Echo des luttes de l'époque. Quand au même moment, suivant les instructions papales, l’Église se cherchait des racines sociales. A la Grand messe, le Kyrie et le Gloria furent entonnés par les 100 choristes des cercles catholiques d'ouvriers (présidés par M. Lemaresquier). Et le curé Gaffino fut alors félicité par M. Caffarel, président des Conférences Saint Vincent de Paul. Ainsi tentait-on de donner corps à l'utopie catholique prônant la réconciliation des notables et du peuple, au nom d'une même foi.

 

Au soir du 3 mai 1897, ce "christianisme social" semblait exister. Un long cortège gagna la Grand'rue par des rues illuminées à grand renfort de feux de Bengale. Henri Gaffino était bien un prêtre séculier.

 

Hervé le Blanche