Histoire de Sète

Aux origines de la Société nautique de Sète.

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La Société nautique de Sète est un yacht-club plus que centenaire. Elle vit le jour au milieu du XIXè siècle quand, suivant les voies ouvertes outre-Manche, la société regarda différemment les étendues marines et lorsque se développèrent de nouvelles formes de loisirs. Et "Cette" participa largement de ce mouvement.

 

Au Royaume-Uni, c'est au XVIIIè siècle que la mer cesse d'être un espace répulsif, effrayant par ses abysses et les catastrophes qu'il déchaîne. Les classes de loisir (aristocratie, bourgeoisie), après avoir investi les stations thermales, découvrent les plaisirs maritimes. Cette découverte des littoraux a lieu un peu plus tard en France, dans les années 1850-1870. Puis, Manet peindra "la terrasse du Havre" dominant la Manche et parfois des "femmes sur la plage". Et s'il peignit l'aube sur le port de pêche de Boulogne, c'est aussi parce que cette ville était une station balnéaire où il séjournait régulièrement. "Cette" n'était peut-être pas trop anglomane, mais la ville était en accord avec l'air du temps. La Société nautique fut la 7è créée en France, mais elle fut la seconde en Méditerranée et elle participa à la création du Yacht Club de France. C'est une décision du préfet de l'Hérault, en date du 3 juin 1862, qui entérina la constitution de la Société des régates de Cette par une publication au Journal officiel. Sont dévoilés au public les statuts et la liste des activités de cette société. Les buts officiels de la société paraissent ambitieux.

 

On n'avoue pas que le but de la Société est de se livrer à un plaisir sain et sportif, s'adonner à la pratique de la voile. Certes, dans les statuts, il est bien noté qu'un des buts est "d'encourager le goût des exercices nautiques", mais il est aussi question de favoriser "les progrès dans la construction des embarcations", voire "étudier par des explications pratiques les problèmes relatifs à la navigation" (!). Il est vrai que plus d'un siècle plus tard, c'est ce que réalisera Eric Tabarly. A Cette, en 1863,c'est bien ceux qui ont les moyens d'avoir des loisirs qui dominent à la Société. Sur 147 membres, 51 sont négociants : ainsi des deux Comolet, E. Gaffinel, P. et J. Bourgues, G. Caffarel, Chevalier, Torquebiau, Bergeyron. Parmi ces négociants, Allemands et Danois établis à Sète (Francke, Jansen). Se remarquent aussi cinq banquiers, six courtiers, un avocat, un architecte. Deux inscrits seulement sont issus du monde maritime : M. Simon, commandant de l'Ecole navale et M. Albert, capitaine du port. Un petit groupe de sociétaires est de rang plus modeste. Ils sont 15 au total, du constructeur de navire Olive au fils de tapissier, en passant par un employé au chemin de fer.

 

Gageons que tous se sont retrouvés pour les premières régates, le 24 août (jour de la Saint Louis) 1864. Se distinguèrent "Caroline" de l'armateur Senes, "Anna" de M. Chanoine (constructeur de navire), "Issanka" de M. Gautier, le président de la Société. La manifestation en fut pas reconduite en 1865. S'était-on réservé pour 1866, marquant le centenaire de "Cette" ?

 

Hervé Le Blanche

Photo HLB

Les Montagnards de Sette

Suite (articles sur la Révolution Française)

 

Au cours des années 1792-93, les habitants de Sette - comme on l'écrivait alors – apparaissent, d'après les sources dont on peut disposer, animés d'une foi révolutionnaire qui les conduira – sans négliger les affaires locales – à soutenir la domination montagnarde et le "dictature du Bien public". De l'abolition de la royauté à la domination des "Montagnards", ils appuieront la mise en place de la "dictature de la Liberté".

 aaaaaaaaaaaaCapture d’écran 2023-05-10 195951Après la journée du 10 août 1792 marquée par la prise des Tuileries et l'emprisonnement de la famille royale, à Sète, pas une voix ne s'élève pour défendre la monarchie. A partir du 21 septembre, tous les actes officiels seront datés de l'An I de la République française.

Et le nouveau régime se dote des moyens de sa défense : les Sociétés "des Amis de la Constitution et de la Liberté" deviennent des sociétés populaires. Dans le département comme à Sette, la base de leur recrutement s'élargit aux couches socio-professionnelles moins aisées.

La cotisation est proportionnelle au revenu. D'après "L'Hérault de la préhistoire à nos jours" (Bordessoules, 1993), "les sociétés populaires deviennent les fers de lance de la révolution populaire".

A Sète, la société réorganisée est présidée par Campredon, assisté de 2 secrétaires, Batut Guillaume et Gaffarel Jean-Pierre. La "société régénérée" confirme son affiliation à celle des Jacobins de Paris admirée "pour la fermeté de son patriotisme".

 La société sétoise, affirme son patriotisme d'abord sur le plan local, en demandant à la municipalité "de faire couvrir le phare du bonet (sic) de la liberté et à faire ôter les fleurs de lys qui sont sur les canons". Utopique exaltation qui explique qu'à l'issue du procès du roi, la société vote une adresse à l'Assemblée nationale, rédigée par l'extrémiste Saint Ferréol, rappelant le "vœu sur le jugement de Louis Capet" et l'inquiétude de la société "sur les troubles qui s'élève (sic) trop souvent dans son sein".

Est-ce là une allusion à la lutte opposant à la Convention Montagnards et Girondins ? Ces derniers - dont nombre sont de la région de Bordeaux – sont hommes de loi, journalistes, négociants des grands ports.

 

Ils sont hostiles au rôle dirigeant de Paris qui, selon eux, a trop pesé sur le cours des évènements depuis 1789. En face, ceux qui siégeaient en haut de l'hémicycle (la Montagne), menés par les élus de Paris Robespierre, Danton, Marat, forment un ensemble hétéroclite, non moins bourgeois, mais décidé à s'appuyer sur les sans-culottes, le peuple. Alors, face aux menées girondines, la Commune insurrectionnelle mène le siège de la Convention. Sans résultat le 31 mai, mais le 1er juin les députés girondins sont chassés de la Convention. Exclus, pourchassés, la plupart périront misérablement.

 

A Sète, la société populaire donne son adhésion au cours des choses. Elle soutiendra la Montagne, Robespierre et la politique de Salut Public.

Hervé Le Blanche

1793 et les Cettois.

Au cours des années 1793-1794, les Sétois manifestèrent un soutien à la politique montagnarde dans ce qu'elle avait de plus extrême et de plus rigoureux. Soutenant et encourageant la Terreur, ils mirent en œuvre la politique de déchristianisation.

 

En juin 1793, alors que la France, en proie à la guerre de Vendée (le 9 juin, Saumur tombe aux mains des vendéens) et n'est plus qu'une vaste citadelle assiégée de toutes parts, la société populaire proclame son attachement "aux bons principes" et un certain Donnadieu demande que l'on agisse à Mèze où l'on observe le dimanche et les fêtes de l'Ancien Régime. La société populaire est épurée et un comité veille à l'orthodoxie idéologique des candidats à l'adhésion à la "société populaire des amis de la Constitution".

En avril 1793 (alors que se met en place le gouvernement révolutionnaire à Paris), elle fournit le personnel du Comité de surveillance qui s'installe, comme dans chaque commune, sous la direction d'un Comité départemental . Et, entre les professions de foi républicaine, les chants patriotiques et la lecture du journal extrémiste de Hébert, Le Père Duchêne, elle organise le vote relatif à la nouvelle Constitution. La Constitution de 1793 ne fut pas plutôt ratifiée, les titres des droits féodaux brûlés lors d'un immense feu de joie qu'une nouvelle frappa les Cettois de terreur : Toulon a été livré aux Anglais. La ville port se sent menacée. On prévoit même la date de l'Invasion ! (E. Delamont, Histoire de la ville de Cette pendant la Révolution, p.63)

 Maximilien Robespierre, Français, Avocat

Il n'en fut rien, mais, face aux menaces intérieures et extérieures, le régime révolutionnaire durcit son action : le 17 septembre 1793 est votée la loi des suspects et, le 29, est voté le maximum général des denrées et des salaires. Ce blocage des prix et des salaires était difficile à appliquer, mais répondait aux vœux des révolutionnaires les plus avancés. A Sète, on s'agite : la société populaire demande que sous la grande fenêtre du balcon de la Commune soient inscrits ces mots, "Unité, Indivisibilité de la République. Liberté, Egalité, Fraternité ou la mort". Le Conseil général accepte la demande. Et le 25 septembre, Saint Ferréol et Jourdan déclarent que la société populaire de Cette devienne Comité de Salut Public, apte à requérir les autorités afin de poursuivre "les personnes suspectes de renverser le gouvernement républicain".

Ce Comité comprend 5 membres : Jacques Bonillon fils, Saint Ferréol, G. Goudard fils, Pons fils, Guillaume Doumet, François Jourdan, Deniepov, Hilaire Maillé et Goudal aîné. Outre l'exaltation de l'action montagnarde, le Comité dispose d'une arme redoutable dont il sera peu fait usage : il peut refuser l'octroi du certificat de civisme et désigner le candidat comme suspect.

 

Et tandis que s'enclenche l'horrible mécanique de la Terreur, les plus exaltés des Sétois soutiendront un de ses aspects : la déchristianisation. Menacé, le gouvernement révolutionnaire où Robespierre devenait prépondérant tentait même ce que l'on appellera, bien plus tard, une révolution culturelle.

HERVE LE BLANCHE

A Sète quand la Révolution s'emballe.

La France, Révolution Française

 

A la fin de l'année 1791, les révolutionnaires de France et de Sète sont décidés à poursuivre leur action, même au prix d'une séparation (schisme) avec l’Église officielle. Nous sommes mal renseignés sur l'écho, à Sète, des évènements parisiens (chute de la royauté, déclaration de guerre à l'Autriche). Mais certains faits montrent que les Sétois suivaient le cours des évènements.

 

La Société populaire de Sète s'efforçait d'apporter sa contribution à l'action révolutionnaire. Elle prit position contre les décrets de l'Assemblée nationale visant ceux qui voudraient empêcher l'exécution des lois ou veulent interdire les pétitions en nom collectif. On propose d'exposer la liste "sur papier rouge" des "traîtres qui se sont opposés aux autres décrets, ceux d'octobre-novembre 1791". Le comte de Provence, frère du roi, réfugié à Turin, était sommé de rentrer en France, de même que tous les émigrés. Les prêtres réfractaires étaient menacés de déportation si, dans les huit jours, ils ne prêtaient pas serment à la Constitution civile du clergé. D'ailleurs, le 4 décembre 1791, ce sont des prêtres "jureurs" qui célèbrent la messe marquant l'année d'existence du club. Et, début 1792, la correspondance avec le club des Jacobins de Paris est datée de "l'an quatrième de la Raison et de la Liberté". Sétois et Sans culottes parisiens vont avoir besoin de toute leur détermination face aux nouveaux dangers menaçant la Révolution.

 

En effet, l'Europe des souverains s'inquiète de la diffusion des idées révolutionnaires et le nouvel empereur d'Autriche, François II (mars 1792), ne fait rien pour apaiser les difficultés avec la France révolutionnaire. De fait, en France, deux forces travaillent à la guerre : la royauté qui y voit l'occasion de reprendre son pouvoir perdu et les députés girondins qui pensent consolider la Révolution en l'étendant. Et le 20 avril 1792, la guerre est déclarée à l'Autriche, bientôt rejointe par la Prusse. Le territoire français est envahi.

La chute de Verdun impressionne. Les menaces du général prussien duc de Brunswick soulèvent l'opinion. Les journées révolutionnaires se succèdent à Paris et le 10 août1792, c'est la chute de la royauté. A Sète, ce sont des réjouissances. D'ailleurs, quand, pour organiser l'action révolutionnaire, il est fait appel à une Convention nationale, un Sétois est élu parmi les huit députés de l'Hérault : le négociant Pierre Castilhon, commandant de la garde nationale qui fera carrière à Paris avant de se retirer à Sète.

 

Ainsi, le club politique de Sète continua à soutenir l'action révolutionnaire en dépit de ce que certains historiens appellent le "dérapage" de la Révolution. Celle-ci était mise en danger par la question religieuse, puis par la guerre. A Sète, les archives de la Société populaire renvoient à 1794. Avait-on du mal à suivre ?

 

Herrvé Le Blanche

 

Les murailles de Sète.

Les murailles de Sète.

 

 Sète est sans doute une ville récente à l’échelle de l’Histoire de la province et du pays (le môle a été commencé en 1666) mais certains monuments, quelque peu périphériques, témoignent d’un passé parfois agité. Le fort Saint-Pierre (actuel théâtre Jean Vilar) et le fort Richelieu (dominant le quartier haut, siège du sémaphore) rappellent une époque où notre cité était menacée de l’extérieur.

 

Dans les années 1710, Sète est une bourgade, nommée parfois « village », d’environ 1800 habitants où l’espace habité est parsemé de cours et jardins, de vignes, d’écuries, de poulaillers.

L’hôpital est logé dans une simple maison d’une pièce, comme les écoles. L’église Saint-Louis, à peine achevée, n’est pas encore pourvue de perron. Les édiles n’ont pas encore acheté l’hôtel de ville. Une vingtaine de maisons longent le canal, au delà de notre « premier pont » ; à l’époque, un pont de bois relie la ville à la route de Montpellier. Cinq maisons dont une auberge font face à l’agglomération. Pourtant, Cette doit être le débouché de la province du Languedoc et le second port du royaume en Méditerranée, après Marseille. L’importance de la ville à venir est pressentie aussi par les ennemis du royaume. Pendant la guerre de succession d’Espagne (1710-1713), alors qu’en Espagne et sur la frontière nord de la France s’étripent Français, Anglais, Hollandais et Impériaux, la flotte britannique tente un coup de main sur le Languedoc.

Débarqués par la flotte de l’amiral Norris, 1500 hommes se rendent maîtres de Cette pendant trois jours, du 25 au 28 juillet 1710. La descente anglaise traumatisa durablement la province. La monarchie mobilisa un de ses grands commis, Antoine Niquet (1641 ?-1726), ingénieur du roi et directeur des fortifications du Languedoc.

Sous son impulsion, le fort Saint-Louis (au delà de la partie coudée du môle) complète son armement, triple la capacité de ses casernes en 1711. Au dessus de l’anse du Lazaret, on dresse une batterie semi circulaire à deux bastions, la Butte ronde, dont les 6 canons doivent prévenir toute action hostile. Rien ne reste aujourd’hui des autres fortifications de la ville, enserrée dans des murets de pierre sèche baptisés « murailles ».

Des murailles, des murs de fortification, des vrais, surgiront après 1743 quand un nouveau conflit, sous Louis XV, opposera la France et l’Angleterre (guerre de succession d’Autriche). Le Languedoc paraît bien démuni. Les protestants des Cévennes acceptent mal l’ordre royal. On fait alors appel à un autre ingénieur royal, Jacques-Philippe Mareschal, nommé en 1739, à 50 ans, Ingénieur des fortifications de Provence et Languedoc. Il est connu aussi comme directeur des travaux publics des Etats du Languedoc ; on lui doit la Fontaine de Nîmes. A Sète, selon M. Catarina, il fera ériger, reprenant les plans de Niquet, les forts Saint-Pierre et Richelieu en trois ans (1743-1746).

 

Le fort Saint-Pierre, ancré sur la falaise, « à 48 pieds » au dessus de la mer, aligne 7 batteries sur deux étages en épousant le terrain. Il protège la ville à l’Est et « soutient puissamment » le fort Saint-Louis. Au Nord, sur un replat dominant la ville et la rade, le fort Richelieu sort de terre : 6 batteries surveillent le port, une la « montagne ». Comme au fort Saint-Pierre, on y stocke poudre et boulets. Il en a coûté 50 000 livres aux Etats du Languedoc, ce qui n’est pas énorme pour une place militaire ; Neufhusach, en Alsace, a coûté 2 millions de livres. Au total, en 1746, Sète dispose de 52 canons. A Saint-Clair, deux soldats et un matelot assurent la veille.

Les œuvres de Niquet, « le plus habile ingénieur que notre siècle ayt produit », et de Mareschal sont visibles de nos jours.

Elles sont le témoin d’époques troublées et aussi du savoir faire des « Ingénieurs du Roy » qui possédaient les règles de la guerre et jugeaient de la valeur militaire d’un site, mais avaient aussi le goût du monumental, le souci de solidité, du « bel ouvrage ». Deux siècles plus tard, la belle élévation et la géométrie stricte des murs des bastions est là pour en témoigner.

 

Hervé Le Blanche

Sette, juillet 1791 : un nouvel ordre s'instaure.

Sette, juillet 1791 : un nouvel ordre s'instaure.

 

Après l'écroulement de l'Ancien Régime politique et social, l'Assemblée constituante s'est efforcée de bâtir un nouvel ordre plus juste, plus démocratique. Comme le montre le registre des délibérations municipales de cette époque, bien des aspects de la vie du pays, du point de vue économique et social, furent réorganisés, y compris le secteur de la pêche.

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L'Assemblée constituante n'avait pas attendu la promulgation de la Constitution (3 septembre 1791) pour agir, même dans des secteurs essentiels à la vie du pays. C'est ainsi que dès février 1790, la France fut organisée en départements, districts, cantons. Comme dans ces circonscriptions il n'y avait pas de représentant du pouvoir central, c'est par le consul du district de Montpellier et par son procureur syndic (secrétaire général) Cambacérès que Sette prenait connaissance des lois et décrets nouveaux. Le 12 juillet 1791, la municipalité de Sette reçoit un paquet du district de Montpellier dont il sera fait l'inventaire quatre jours plus tard : ce sont les copies de vingt quatre lois et décrets pris par la Constituante en vue de réorganiser la société. Sont évoqués les baux des messageries, l'organisation des Ponts et Chaussées.

Après la Constitution civile du clergé, on se soucie de "la conservation des évêques". Dans l'ordre économique, on décrète la libre circulation du numéraire dans tout le royaume. Ainsi s'unifiait le grand marché intérieur de la France. Après la fuite du roi, on en appelle à la vigilance. On organise même le statut "des caporaux et tambours des régiments suisses" !

 Le domaine maritime n'est pas oublié. L'Assemblée constituante ordonne d'appliquer à Sette les règlements du port de Marseille. Règlements basés sur l'article 4 des ordonnances de décembre 1778 et les lois du 12 décembre 1790 et 6 janvier/15 avril 1791. Ce corpus réglementaire aménageait la prudhommie de Marseille où les prudhommes (hommes sages et avisés) étaient élus. Ainsi, déclare la municipalité de Sette, doit-on procéder dans une circonscription regroupant la ville-port, Frontignan, Mèze, Bouzigues, mais aussi Mauguio, Marsillargues, Vauvert, Aigues-Mortes.

Sont concernés les pêcheurs en mer (y compris les Catalans résidents) et en étang, propriétaires de leur barque pouvant embarquer au moins trois hommes. Alors, la communauté des pêcheurs est convoquée à l'église des Pénitents. Le maire expose à l'assemblée le but de la réunion. Et l'on passe à l'élection du prudhomme major et de quatre prudhommes. Après deux tours de scrutin, Gourmandin et Augustin Pontic sont en lice pour le poste de prudhomme major. Pontic l'emportera par 45 voix contre 43 à Gourmandin. Celui-ci sera élu second prudhomme. Puis, Louis Richard est élu troisième prudhomme et Etienne Molinié sera le quatrième.

 

Ainsi s'éclaire un point de l'histoire de Sète : la première élection des prudhommes. Et on peut évoquer, après 1789, une reconstruction démocratique de ce qui est encore le royaume de France.

Hervé Le Blanche

Photo : HLB

HISTOIRE DE SETE : "Quand la Révolution allait son train."

A Sète, comme en France, au cours des années 1791-1792, le processus révolutionnaire se poursuivit, en dépit du désir de stabilisation de certains, après la promulgation de la Constitution de 1791. A Sète en particulier, les forces révolutionnaires ne cessèrent pas leur action. Le Conseil général de la Commune et la Société populaire agirent pour les mettre en œuvre.

 

Après la fuite du roi (21 juin 1791), à l'initiative de l'Assemblée nationale, les troupes en garnison à Sète (un détachement du 61è de ligne - ex Vermandois) prêtèrent serment, jurèrent "d'employer les armes pour la défense de la patrie" et "de n'obéir qu'aux ordres qui seront donnés en conséquence des décrets de l'Assemblée nationale". La fiction officielle de l'enlèvement du roi n'empêche pas méfiance et...précautions. D'ailleurs, pour bien affirmer les sentiments "patriotes" de la ville, le second anniversaire de la prise de la Bastille est marqué : un autel patriotique est dressé sur la place d'armes ; on fait exploser des boîtes à poudre ; on illumine. On ne connaît pas les réactions des Cettois à la nouvelle de la fusillade du Champ de Mars (17 juillet 1791), quand, à Paris, la garde nationale disperse par la force la foule qui fêtait l'anniversaire de la fête de la Fédération.

 

D. Buc, dans son mémoire de maîtrise de 1971, et plus encore E. Delamont (1888) mettent en exergue l'action de la Société populaire et du Conseil général de la Commune vis à vis de l'évêque constitutionnel Pouderoux, invité 3 jours à Cette et reçu en grande pompe (13 juillet 1791). Le président de la Société populaire l'accueillit à la tête d'une députation de 25 personnes. On "tira des boîtes" du pont de la Peyrade à la place de l'hôtel de Ville. Et l'évêque se rendit à la Société où tout finit par des embrassements attendrissants. Et l'on veillait à ce qu'il ne soit pas célébré de culte clandestin, soit chez des particuliers, soit dans une pièce de l'hôpital.

 

On avait élu Fabre, curé de Saint Joseph, à Saint Louis. Ce dernier prêta le serment civique et se fit admettre à la Société populaire. M. Dupuy, autre prêtre constitutionnel, prononça l'oraison funèbre de Mirabeau à l'issu d'une messe célébrée dans l'église des Pénitents blancs. A Sète, on ne désarmait pas et quand les Feuillants modérés se séparèrent du club des Jacobins, c'est à ce dernier que la Société populaire fit allégeance.

Et des contacts furent pris avec les Amis de la Constitution de Perpignan, les Jacobins de Toulouse, la Société populaire de Nîmes et...Moissac (Delamont, p.49). Lorsque l'Assemblée Constituante acheva ses travaux, on organisa les élections à l'Assemblée législative. Ce sont deux membres de la Société populaire de Sète, parmi les 10 députés de l'Hérault, qui furent élus. Isnard, dont on ne connaît que le nom et Joseph, François Séranne, négociant de son état. Il souhaitait faire entendre, dans la nouvelle assemblée, la voix des gens de mer et faire connaître le monde du négoce maritime.

 Les problèmes de l'administration des ports passa à l'arrière plan quand l'épreuve de force s'engagea avec le monarque et que Autrichiens et Prussiens parurent aux frontières.

 

 

Hervé Le BlancheLa France, Révolution Française

Révolutionner les consciences ?

BABABABACapture d’écran 2023-04-07 175555Pendant la période révolutionnaire (1789-1791), il est un domaine où les Sétois firent preuve d'intransigeance : la question religieuse. En dépit du schisme qui divisa le pays après la Constitution civile du clergé (19 juillet 1790), ils soutinrent fermement la nouvelle organisation de la vie religieuse, condamnée par le pape le 10 mars 1791. ils ont oeuvré pour la mise en place du nouvel ordre, dès les premières mesures.

 

Ainsi, nous indique l'éminent historien Jean Tulard, suite à la confiscation des biens du clergé le 13 février 1790, l'Assemblée Constituante avait supprimé les ordres contemplatifs et ordonné de faire l'inventaire de leurs biens. A Sète, le 1er mai 1790, la municipalité se transporte au couvent des Picpus. Là, les membres du Conseil général de la Commune trouvèrent le gardien Delpech, le vicaire Jérome Fabre et le frère Edouard Farnarier.

Les religieux étaient pauvres. E. Delamont précise que les revenus du couvent s'élevaient à 722 livres (environ 2800 euros) pour des charges de 466 livres 16 sols (environ 1600 euros).

On inventorie les quelques ustensiles de cuisine, les quatre douzaines d'assiettes de "fayance" blanche, les nappes et serviettes.

 

Les moines veulent résister à l'expulsion. Or, l'affaire n'a pas eu de suites… Leurs biens n'enrichiront pas le trésor national. La ville entre en ébullition après la proclamation de la Constitution civile du clergé qui faisait des ecclésiastiques des fonctionnaires élus indépendants du pape (y compris pour l'investiture canonique) et tenus de jurer serment de fidélité "à la Nation, à la Loi et au roi", comme tout fonctionnaire et soutien de la Révolution.

 

Mais, si Fabre, curé de Saint Joseph (la paroisse des Métairies) publie en chaire la Constitution, il n'en va pas de même à l'église Saint Louis. Deux dimanche de suite, le curé Olive refuse de proclamer la Constitution civile du clergé. Alors, le maire Castilhon, accompagné de 2 officiers municipaux, du secrétaire greffier, ceints de leurs écharpes, précédés des archers de la ville, se rend à Saint Louis. Il enjoint au curé de publier la Constitution et de bien faire son devoir. Nouveau refus du curé. C'est alors que le maire Castilhon monte en chaire et s'efforce de donner lecture du décret, tandis que curé et vicaires entonnent des cantiques. Un sieur Gourgon argue que la messe ne peut être interrompue. Obstinément, le maire poursuit sa lecture, ne s'interrompant qu'à l'élévation et à la communion. La scène ne prendra fin qu'à "une heure et demi du soir" (Delamont, p.42). De son côté, le club émettait les vœux de plus d'égalité dans les cérémonies funèbres (même sonneries et même croix d'argent pour tous) et aussi que l'on fasse disparaître les armoiries du seigneur évêque au fronton de la halle, de même que le pilori symbolisant le pouvoir seigneurial.

 

Ainsi, dès la mise en place du nouvel ordre des choses, à Sète, l'agitation gagne la ville. Les non jureurs sont menacés. On n'admettait pas, malgré la liberté de conscience, que l'on s'oppose à la révolution en cours.

Hervé Le Blanche

Les révolutionnaires de Sète. (part 2)

1790/1791 à Sète

La société politique de Sète va organiser son travail et apporter son soutien aux actes révolutionnaires.

Ses vœux accompagnent la destruction de l'Ancien Régime politique et social. Pourtant, ses membres n'ont-ils pas manqué de lucidité lors de l'épisode crucial de juin 1791, marqué par la fuite du roi ?

 

Le Club s'organise et s'affiche révolutionnaire. Il est abrité pour 700 livres dans le local de la veuve Doumet, gardé par un concierge aux appointements modestes de 2 000 livres par an (environ 8 000 euros). Douze commissaires, s'inspirant du règlement du club de Montpellier, organisent la vie de la société politique.

Les membres se répartissent dans des comités spécialisés : comité économique, comité de correspondance qui relie le club à Béziers, Agde, Montpellier, Aix-en-Provence et bien sûr Paris. Il diffuse les nouvelles des différents journaux reçus : le Journal de Paris, le Moniteur, le Courrier d'Avignon, ainsi que le Journal militaire destiné à porter la bonne parole aux officiers et soldats en garnison. Le dimanche, sont prononcées des conférences publiques en plus des séances du mardi et du jeudi. Là, on prête serment et l'on débat des motions proposées à la connaissance des autorités et du public. Le 1er janvier 1791, on prête le serment civique à la nation, la loi, la constitution. Et pour marquer l'orientation de la société, il est précisé que ses membres porteront "l'uniforme national" avec cocarde tricolore.

 

D'ailleurs, par ses vœux, le Club marque son approbation au démantèlement de l'Ancien Régime. Le 1er janvier 1791, la société déclare souhaiter "la restauration de la dignité humaine", "l'accession à toutes les charges, emplois en fonction des capacités et non des accidents de naissance", "l'établissement de l'égalité juridique et civique", ainsi qu'une simplification administrative. Et puis, les grands principes posés, on vote selon les problèmes de circonstance : la rareté numéraire, le "prix exorbitant des denrées" (de la viande en particulier). On souhaite stocker les grains dans un "grenier d'abondance". On se préoccupe même d'un asile pour les "insensés". Ces préoccupations terre à terre cèdent parfois la place à des considérations plus générales comme quand le Club proclame son attachement à la Constitution de 1791 et se félicite du serment de Louis XVI à ce texte. Or, le 27 janvier 1791, on apprend la fuite du roi vers les garnisons de l'Est. Stupeur ! On lit deux fois la nouvelle. Or, la société semble admettre la fable de l'enlèvement du monarque. De plus, lorsque celui-ci prête serment de respecter la Constitution, elle diffuse largement son discours. Elle décide l'envoi d'une adresse à Louis XVI, "Restaurateur de la liberté".

 

Voilà qui n'est guère "patriote" pour parler le langage de l'époque. Certes, la Constitution marquait la fin de la monarchie absolue. Mais les Jacobins de Sète s'illusionnaient-ils ? N'avaient-ils pas tiré toutes les conclusions de la fuite du roi tentant de ressaisir un pouvoir qui lui échappait ?

Hervé Le BlancheLa France, Révolution Française

1790. Un club politique à Sète.

 

De 1790 à 1796, il y eut dans la ville-port un club politique. Cette association patriotique, issue du Tiers-Etat, se fait l'écho des évènements nationaux, émet des vœux afin de résoudre les problèmes de la vie quotidienne et fait pression pour soutenir l'action révolutionnaire. Et grâce aux sources accessibles (Delamont, Histoire de Cette pendant la Révolution et le mémoire de maîtrise de Danielle Buc, Le Club des Jacobins à Sète), nombre d'aspects de l'histoire de la ville sous la Révolution sont révélés.

 Les dix mille Sétois, surtout groupés entre l'enclos Doumet, l'actuelle rue Frédéric Mistral et la rue des Postes (rue Gabriel Péri), suivaient avec retard les épisodes de la Révolution en marche à Paris. Renseignés par Montpellier, ils avaient connu le renvoi de Necker, le recours aux régiments étrangers et, le 25 juillet, ils apprirent la prise de la Bastille, le retour de Necker. Ces nouvelles sont saluées par des illuminations. La joie gagna d'autant plus la cité que les émeutiers du 15 avril furent amnistiés.

L'état des subsistances, le retour à l'ordre public garanti par 4 compagnies de la garde nationale préoccupèrent plus les Sétois que la nuit du 4 août ou les journées d'octobre. C'est pourtant peu après que se crée à Paris la Société des Amis de la Constitution qui siégera rue Saint Honoré dans le couvent des moines jacobins. Le régime monarchique abattu, il fallait ouvrir de nouvelles voies. La bourgeoisie y poussait, comme les notables de Montpellier (Cambon, Cambacéres, Chaptal,…) qui créent un club politique le 9 juillet 1790. A Sète, ce sera chose faite le 11 décembre 1790, après l'élection de la nouvelle municipalité.

 Ce jour-là, un groupe de citoyens s'assemble dans l'église des Pénitents "à l'effet de former un club", c'est à dire une société politique devant défendre et soutenir l'action de la Révolution. Le président provisoire de l'assemblée est Tudesq fils, médecin, Gauthier est secrétaire, Brumiet vice président. Pour y prendre part, il faut être citoyen actif (payer un impôt équivalent à 3 jours de travail), ne pas être domestique à gages et payer une cotisation de 3 livres, peu élevée. On ne saurait souscrire au jugement de D. Buc parlant de membres "issus des classes laborieuses".

Sur 72 membres, on ne compte qu'un "cultivateur" et un ouvrier de la manufacture de tabac. Ouvriers du bois ou du bâtiment sont absents. Par contre, s'y trouve une forte minorité (12%) de marchands, négociants, hommes d'affaires. Le reste appartient à la "sans culotterie" qui était la classe révolutionnaire, selon l'historien A. Soboul. Les artisans, petits commerçants (Alicot, perruquier, Affre, orfèvre), cafetiers, industries alimentaires voisinent avec 2 médecins, 1 pharmacien, 1 instituteur. Au total, 34 % des membres appartiennent à cette petite bourgeoisie indépendante qui soutient les sans culottes parisiens.

 Cela peut favoriser la convergence de vue et la cohésion au moment où s'ouvrait la crise religieuse et la crise des subsistances. Mais les "patriotes" sétois sont décidés à aller de l'avant : le 14 janvier 1791, ils adressent leur affiliation aux jacobins de Paris.

Hervé Le BLANCHE

350 ans de la Ville : la Ville de Sète a besoin de vous !

Comparée à ses voisines, la Ville de Sète est une jeune demoiselle qui fêtera le 30 septembre 2023 ses 350 ans, avec l’anniversaire de l’arrêt du Conseil du Roi qui fit naître notre belle communauté.

A cette occasion, la Ville souhaite réaliser une exposition participative pour retracer ces 350 ans d’histoire à travers le regard de 350 Sétoises et Sétois de naissance et d’adoption. Chacune et chacun choisira un document d’archives qui fait écho à sa propre histoire et à son attachement pour Sète. L’exposition réunira ainsi 350 histoires qui reconstitueront 350 ans d’histoire.

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