Histoire de Sète

Des « Sétois » au Moyen-Âge.

Après l’effacement de l’empire romain d’Occident (Vè siècle après J.-C.), les documents manquent pour affirmer, dans l’ « Île », la présence d’habitants. Ce n’est qu’au IXè siècle, sous les successeurs de Charlemagne que l’obscurité se dissipe quelque peu. Et l’emplacement de ces anciens témoignages est toujours présent dans notre ville.

L’empire romain écroulé, ce qui deviendra le Languedoc eut une histoire tourmentée : il connut la domination wisigothique de 460 aux environs de 720, un intermède arabe, les raids du roi des Francs Charles Martel qui fut surnommé ainsi – le marteau – après ses interventions dans le Midi : prise de Narbonne en 738, pillage d’Agde et de Béziers, destruction de Maguelone… Que fut le devenir des gens de « Sète » durant ces siècles tragiques et obscurs ?

Les environs du mont Saint Clair sont-ils sortis de l’Histoire et sont-ils restés inhabités ou n’ont-ils connu qu’une population saisonnière ? Ont-ils servi de refuge ?

Après tout, perdu entre le ciel et les eaux, d’accès difficile, le mont aurait pu s’y prêter. Sous réserve de nouvelles trouvailles archéologiques, nous ignorons tout de la vie de « Sète » jusqu’au IXème siècle. Les auteurs de L’Histoire de Sète semblent penser qu’une certaine population s’est maintenue, vivant des ressources du milieu. Quoi qu’il en soit, ensuite, les textes carolingiens attestent d’une présence humaine au voisinage du mont Saint Clair.

En ces temps reculés, Sète était un domaine de l’abbaye de Saint Sauveur d’Aniane qui avait aussi des possessions près de Mauguio. D’après le diplôme délivré par le fils de Charlemagne en 837, on se livrait à différentes sortes de pêche, on exploitait les bois et cultivait des terres, au sein de quelques domaines ruraux au pied du mont Saint Clair, là où les alluvions ont formé une plaine qui deviendra celle des Métairies. Pas de grands domaines, ni encore de village. Tout au plus se préoccupe-t-on, sans doute, de fournir un lieu de culte. Mais ce qui a été, peut-être, la plus ancienne église de Sète a été consacrée au XIIè siècle (1146).

Elle était dédiée à saint Dié, martyr en Cappadoce et vénéré spécialement le 12 juillet à un moment où Saint Clair était inconnu. D’après certaines traditions, la pierre de l’autel contenant les reliques du saint aurait fait un voyage mouvementé, en particulier sur l’étang de Thau. Cette église était implantée près d’une source, à l’entrée du chemin dit de la croix de Marcenac qui monte vers Saint Clair en croisant le chemin de l’Anglore et rejoint le chemin de la Craque. Aujourd’hui, une croix marque toujours cet emplacement près du croisement avec le boulevard Camille Blanc. Cette croix date de 1783 quand la vieille église Saint Dié était devenue l’église Saint Joseph et que le cimetière fut déplacé au Barrou.

Cette croix était voisine de la métairie Grenier ; croix Grenier, elle prit le nom de Marcenac, un propriétaire voisin. Dans notre pays d’ancienne Histoire, la croix de Marcenac, près d’un boulevard à l’intense circulation automobile, témoigne d’une implantation médiévale.

 

Hervé Le Blanche

Sète sous l'empire romain.

Sète sous l'empire romain.

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D'après les données dont nous pouvons disposer, le site de Sète reste inoccupé entre la fin de l'âge du Bronze (800 av. J.-C.) et la période de l'empire romain (Ier-Vè siècles apr. J.-C.). Tout au long de la durée de l'empire, des groupes humains ont exploité les ressources du milieu. Les données de l'archéologie nous livrent des informations sur des aspects de leur culture matérielle, mais elles ne nous renseignent pas sur leur origine.

 

Nous avons tous appris que nos ancêtres étaient les Gaulois. Vue simplificatrice qui a nourri longtemps l'imaginaire national et qui rend mal compte de l'évolution historique en Languedoc. Des études sur Narbonne, les données livrées par les habitats perchés (oppida) comme Ensérune, montrent l'arrivée de peuples plus ou moins importants aux environs de la vallée de l'Hérault : les Elysiques, premiers habitants de Narbonne dont on a trouvé des traces à Bessan, et surtout les Ibères, mêlés à d'autres peuples non celtes, de l'Hérault au Rhône.

C'est au IIIè siècle av. J.-C. qu'arrivent les peuples celtiques sur les rives de la Méditerranée : Volques Tectosages, capitale Toulouse, les Volques Arécomiques, capitale Nîmes. Ces peuples "celtisent" leurs territoires, mais ne font pas disparaître les cultures précédentes. Tous seront influencés par les civilisations méditerranéennes et passeront sous la domination de Rome quand, en 120 av. J.-C., elle établit la province romaine de la Narbonnaise.

 

Ils deviendront alors des provinciaux romains comme, à Sète, les habitants de la presqu'île du Barrou où l'on a retrouvé médailles et monnaies du Ier au Vè siècle apr. J.-C. L'étonnant est que ces symboles du pouvoir de Rome se retrouvent même à la période la plus difficile pour l'empire romain quand, au IIIè siècle apr. J.-C., il vacille sur ses bases : crise économique, anarchie militaire, usurpations, raids des Barbares. Bien sûr, pour les riverains de l'étang de Thau, l'empereur est loin, les armées sont aux frontières et les Barbares n'atteignent pas la Méditerranée. Le gouverneur de la province est à Narbonne, la ville la plus proche est Béziers. Paye-t-on seulement l'impôt ?

Dans cette zone de tranquillité (ou de refuge?), les pêcheurs en étang prospèrent. Les fouilles ont mis à jour hameçons, poids pour filets et navettes en bronze pour le ramendage. Et près des maisons d'habitation (parfois au sol de mosaïque), des bassins. Ils pouvaient servir de viviers pour le poisson et les coquillages qui étaient exportés dans la plaine et l'arrière-pays. Sans doute servaient-ils aussi à préparer le garum qui faisait les délices des gourmets de tout l'empire : une sauce analogue au nuoc-mâm vietnamien obtenue par macération des poissons. La présence de céramique vernissée atteste d'un certain confort de vie.

 

Le Bulletin d'Archéologie du Languedoc, de 1993, signale la mise au jour d'une chaussée et d'un embarcadère, ce qui confirmerait qu'au Barrou, avant l'écroulement de l'empire romain, a vécu un quartier où prédominaient l'artisanat et le commerce. Ces "pré-Sétois", après tout, ne vivaient pas si mal.

 Hervé Le Blanche

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Cette, 1913 : le destin vinicole de la ville-port.

L'activité économique de Sète, avant la première guerre mondiale, dépend en grande partie du liquide célébré par Dionysos (Bacchus), le vin. Après 1892, le port en est devenu importateur et l'économie de la ville tourne surtout autour de cette activité. Activité qui met la ville en contact avec de lointains pays.

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Selon la brochure du syndicat d'initiative éditée en 1913, 19 pays sont représentés à Sète à cette date. Si nous ignorons quelles affaires pouvaient traiter les représentants de l'Uruguay et du Vénézuela, grâce à l'Histoire de Sète (Privat 1988) nous savons que Sète importait des nitrates du Chili, nécessaire à l'industrie chimique pour l'agriculture. Il est probable que l'on importait des céréales d'Argentine et l'on vendait vin, futailles et produits chimiques au Brésil. Argentine et Brésil sont desservis par la Société générale de Transport maritimes qui leur apporte du charbon anglais et français. Sète exporte les charbons de Carmaux, La Grand Combe, Decazeville.

On envoie aussi au Brésil du sel et probablement les vins liquoreux du Languedoc. Pour la liaison avec les pays d'Asie, il existait les paquebots de la "ligne du tour du monde" par la Compagnie des Chargeurs réunis, représentée à Sète par MM. W. Bazin et E. Laune. Elle desservait Colombo, Bangkok, Saïgon, Haïphong, Tourane. Et la compagnie marseillaise de navigation à vapeur, Fraissinet et Compagnie, desservait Marseille, Nice, la Corse, l'Italie, la Grèce, la Turquie, le Danube et la côte occidentale de l'Afrique.

 

Mais il est des sociétés plus discrètes qui assurent un trafic plus rémunérateur, celui du vin. J. Marmies, succeseur de J. Lavabre, importe toujours du muscat de Samos (malgré les tarifs douaniers de 1892), des vins d'Espagne (malgré le même motif) tels que Malaga, Xerès. Et des vins d'Algérie. Telles sont aussi les activités de la société de César Souchon et celle d'Axel Busk (Sète-Algérie, parallèlement à Sète-Baltique). Car les importations de vins d'Algérie ont pris leur essor depuis les années 1880 et la crise du phylloxera. Elles sont passées, de 65 000 hl en moyenne de 1873 à 1888, à 649 000 hl en moyenne de 1899 à 1914. Grâce à un tarif préférentiel de la Compagnie de chemin de fer du PLM, le vin est revendu en France, en particulier dans la région parisienne. En effet, tandis que le phylloxera détruisait le vignoble, la demande se maintenait. Et le négoce sétois s'est tourné vers l'Algérie, surtout après la mise en place de tarifs douaniers limitant le trafic avec l'Espagne et l'Italie. Les relations se poursuivent avec ces deux pays où, à part du vin, on va chercher du minerai de fer (essai de sidérurgie de Thau par la société Schneider). Plusieurs agences commerciales continuent le commerce du vin, dont celle de Pedro Pi Suñer, 6 quai de Bosc, qui importe Madère, Malaga, muscats.

 

Ainsi, après une reconversion due à l'application de tarifs douaniers protectionnistes, le vin en 1913 contribue à la fortune de Cette. Par son commerce et les activités qu'il peut engendrer qui font de la ville-port une place économique active.

 

Hervé Le Blanche

A l'aube de l'Histoire .

A l'aube de l'Histoire .

 

L'histoire des hommes est en partie conditionnée par les inconvénients et les avantages du milieu où ils vivent, du site de leur habitat. La combinaison des facteurs naturels (relief, eaux, sols, climat) détermine l'originalité de tous les groupements humains. A Sète, le site ne semblait pas favorable à l'établissement d'une population importante, bien que ses avantages n'en fassent pas un pôle répulsif.

 aubeCapture d’écran 2022-07-08 173131Le mont Saint Clair, entouré par les eaux de la mer et de l'étang de Thau, relié à la côte par des bandes de sable, ne paraît pas être un endroit propre à accueillir des populations en quête de ressources naturelles ou des produits de l'industrie des hommes. Côté mer, la côte est inhospitalière, les flots dangereux par vent de sud-est. Côté étang, des marais ont longtemps entretenu fièvres et épidémies. Isolée, l'île de Sète n'est pas au débouché d'un fleuve (comme Agde pour l'Hérault) et ne sera pas vivifiée par une grande voie commerciale.

Mais le mont Saint Clair est boisé, précédé au nord par une plaine fertile (où s'établiront les Métairies) et le bassin de Thau offre ses ressources en sel, poissons, coquillages.

 A l'échelle de la Préhistoire, entre 50 000 et 2 000 ans avant notre ère, c'est relativement tardivement (entre 1365 et 1045 av. J.-C.) que les hommes vinrent habiter près de la pointe du Barrou. Entre cet endroit et la pointe Longue, à moins de 2 mètres sous le niveau actuel de l'étang, sur une légère éminence du fond au lieu-dit La Fangade, a été retrouvé un habitat de l'âge du Bronze.

 

Cet habitat est semblable aux sites lagunaires en bordure de l'étang de l'Or. Il était formé de cabanes ancrées dans le sol par des pieux de chêne vert de 20 ans d'âge. Ces cabanes étaient reliées entre elles par des branchages et du feuillage.

De nombreuses céramiques ont aussi été découvertes. Elles sont composées d'argiles soigneusement épurées, souvent lustrées. Elles constituent nombre d'ustensiles utilitaires, coupes ou assiettes coniques à décoration de guirlandes ou de cannelures, urnes biconiques à bord évasé, bols. Il a été retrouvé également des fusaïoles (petits contrepoids pour les fuseaux) de terre cuite, ainsi que deux épingles en bronze dont une à tête enroulée. Outre les produits de l'étang, les hommes de la fin de l'âge du Bronze consommaient ceux de leur chasse (cerfs et sangliers) et de l'élevage (bœufs, moutons, chèvres, porcs).

Des outils de broyage des grains (meules, galets polis) attestent la pratique de l'agriculture. Au Ier millénaire av. J.-C., les premiers riverains de l'étang de Thau semblaient connaître une certaine prospérité. Ils étaient influencés par les grands foyers de civilisation d'Europe centrale, des stations lacustres suisses et nord-alpines et aussi l'Italie.

 

Les sites de La Fangade et du Barrou ne livrent plus de témoignages d'habitat jusqu'à l'époque romaine (Ier siècle av. J.-C.) Des fragments d'amphores étrusques ou de Marseille témoignent du commerce maritime méditerranéen dont les grands centres étaient Marseille, Agde et Narbonne. Mais, avant la période romaine, Sète semble sortie de l'Histoire.

Hervé Le Blanche

Montpellier-Cette, Messieurs Pouget.

S'il est une famille qui a joué un rôle notable à Sète sous l'Ancien Régime, c'est bien celle des Pouget. Pourtant, ce n'est pas dans la ville-port qu'elle prit de l'envergure, jusqu'à constituer un clan de notables du Montpelliérais.

Mais la lignée d'André-François Pouget est étroitement liée à l'histoire du port voulu par la royauté dont ils défendirent âprement les prérogatives.

 

Les Pouget sont originaires d'un bourg, aux confins du Montpellérais, situé à l'est de Clermont-l'Hérault. Ils lui ont même donné leur nom. L'origine de leur fortune est obscure. Le premier notable, François-Honoré, est titulaire d'un office de finance héréditaire, "conseiller" du roi et donc noble (noblesse de robe). D'ailleurs, son fils André-François, portera le titre d'écuyer (pas tout à fait chevalier), ce qui ne l'empêchera pas de devenir président-juge des traites et gabelles du "département" de Cette et lieutenant général de l'Amirauté, nouvellement créée en 1691. La famille avait bien contribué à la création du port. André Pouget dirigeait la manufacture royale de Villeneuvette avec une "compagnie" de financiers favorisés par Colbert et, avec son frère Honoré, figure parmi les actionnaires de la Compagnie du Levant, créée à l'incitation de l'omniprésent ministre de Louis XIV.

Cette, c'était donc un peu l'œuvre des Pouget. André-François qui dirigea l'Amirauté depuis 1692 fit un mariage en rapport avec son rang. Il épousa en seconde noces, en 1743 à 48 ans, la fille d'un officier de finance. Et un fils du lieutenant de l'Amirauté, André-Joseph, deviendra "capitaine de Sète" en 1785.

 

D'autres membres de la fratrie s'illustrèrent à Montpellier. Un seul restera dans l'ombre, chanoine de la cathédrale de Montpellier. Mais c'est le fils d'André-François, le premier lieutenant de l'Amirauté qui défraya la chronique en Ile singulière. Joseph-Suzanne Pouget y naquit et succéda à son père. Il cultive les lettres anciennes et montre un réel intérêt pour le monde maritime. Il aura une brillante carrière qu'il terminera de Paris à Saint Domingue, avant de mourir au large de Port au Prince en 1792. A Cette, son père avait obtenu un arrêt de justice lui donnant la préséance sur tous les autres officiers et magistrats et "un banc à l'endroit le plus honorable de la nef" à l'église. L'édit de 1706 précisait que "les juges de l'Amirauté ne sont pas des juges ordinaires" et que "la loi expresse déroge du droit commun" (article 52). En 1783, il créa un énorme scandale. En l'absence de son fils, Joseph-Suzanne, il assistait aux réjouissances de la Saint Louis. On joutait sur le canal devant les balcons des notables. Pouget envoie "4 différents émissaires" qui, "de la manière la plus impérative et même fort incivile", intiment l'ordre de faire donner "l'assaut" devant son balcon et non celui du lieutenant du roi. Il menace d'envoyer 20 fusillers pour arrêter les joutes.

 

Des commissaires furent nommés "pour tâcher de s'arranger avec le lieutenant de l'Amirauté". On ne sait qui gagna le tournoi, mais Pouget était bien dans son droit. Le droit du roi ?

Hervé Le Blanche

LE PORTRAIT DE LA SEMAINE par Philippe Raybaud : YVETTE LABROUSSE " LA GRANDE BÉGUM " ENFANT DE SÈTE

LE PORTRAIT DE LA SEMAINE par Philippe Raybaud :  YVETTE LABROUSSE " LA GRANDE BÉGUM " ENFANT DE SÈTE

ababaCapture d’écran 2022-06-19 113557C'est au pied du mont ST Clair, à Sète, qu’ Yvette Labrousse voit le jour, le 15 février 1906. D'une famille modeste, fille d'un conducteur de tramway et d'une couturière, cette enfant va connaître une destinée hors du commun.

Quelques mois après sa naissance, ses parents rejoignent la Côte d'Azur, puis  Lyon, le pays de la couture et des étoffes. C'est là que grandit cette demoiselle de près de 1 mètre quatre - vingts, elle apprend la couture auprès de sa mère. Une grande personnalité alliée à son charme la mène sur les podiums. Élue Miss Lyon en 1929 et Miss France en 1930, elle parcourt le monde, défile pour les " Grands de la mode " et s'installe avec ses parents en Égypte, période où elle habite Le Caire et se convertit à l'Islam.

 
En octobre 1944, à l'âge de trente-huit ans, elle épouse l'Imam Sultan Mohamed Shah et s'appelle désormais Om Habibeh, la Bégum Aga Khan. Ce couple heureux s'installe sur les hauteurs du Canet, dans les Alpes Maritimes. Leur propriété est couverte de pelouses qui descendent jusqu'à la mer. Cette villa somptueuse est nommée " Yakimour ( contraction de Yvette Agan Khan et Amour) devient leur véritable nid d'Amour. La Bégum ne quittera jamais son époux, s'occupant de lui le suivant partout.
 
En 1945, elle est sacrée, par son mari, Mata Salamat (mère de Paix) et devient la troisième Bégum en quatre cents ans d'histoire.
 
Une vie mouvementée, jonchée de rencontres des plus grands du monde d'alors, ne fut que merveille jusqu'au décès de son époux en juillet 1957. Son seul regret est celui de ne pas avoir enfanté. Elle nous quitte le 1 juillet 2000, à l'âge de 94 ans.
 
A l’initiative d’ Elisabeth Duval et Michel Richard (Artiste graphiste), habitants de l’immeuble, une plaque commémorative a été posée au 25 de la Grand Rue Mario Roustan, lieu de résidence de La Bégum et devrait être prochainement inaugurée.
 
( Sources : Historia, Noblesses et Royautés, Histoires Royales).

 Philippe Raybaud

Henri Gaffino (1823-1899). Un prêtre dans le siècle.

Partie 1 sur : http://thau-infos.fr/index.php/patrimoine/histoire/histoire-de-sete/

 

Le jubilé du curé de Saint Louis fut célébré les 2 et 3 mai 1897. Durant ces deux jours, furent fêtés avec éclat les cinquante ans de ministère du curé Gaffino. Le compte rendu d'un paroissien (dossier Archives municipales) montre que ce prêtre déploya son zèle à une époque où le magistère de l’Église commençait à être battu en brèche.

 

hvhvCaptureLe dimanche 2 mai débute la célébration des noces d'or entre l’Église et son serviteur. Commence alors le jubilé, c'est à dire les réjouissances marquant ce long ministère du curé Gaffino. Le prêtre est habillé d'habits nouveaux. Il est félicité par les parents, les amis et les paroissiens de Saint Louis venus manifester le "profond attachement de tous à ce pasteur". Au prix de "sacrifices réels, parfois pénibles", on offre des cadeaux au curé doyen de Saint Louis. Ils sont gardés dans le presbytère "comme pour un mariage", ajoute le témoin. Ainsi font, selon le narrateur, même les non dévots. La fête a incontestablement une tonalité populaire. Surtout le lundi 3 mai quand l’Église catholique déploiera ses fastes. Sacristains et congréganistes hommes ont décoré l'intérieur de l'église et le clocher. Et le quartier Haut se met au diapason de la fête : maisons décorées, fut-ce de lierre ou de buis, inscription à la louange du "Bon Pasteur", poteaux à guirlandes plantés au milieu des rues sur le sol desquelles ont été répandues des pétales de roses. Puis Monseigneur arrive, se joint au "clergé venu de tout le diocèse". Et, avec les administrateurs de la paroisse, défilent les Suisses et 21 prêtres en surplis et camail.

 

Après la messe concélébrée par sept abbés, à 3 heures aux vêpres, avant l'allocution de Mgr de Cabrières, le Révérend Père Carrière rendra hommage à l'action du curé Gaffino, celui qui a institué le culte de N.D. de la Salette le 19 de chaque mois, mis sur pied le pèlerinage à Lourdes (1872) et a fait dresser la première croix à Saint Clair.

Photo : HLB

Mais aussi, selon le témoin anonyme, "l'apôtre à qui il ne coûterait rien de devenir martyr".

Accusé, vilipendé pour "s'opposer à l'école sans Dieu, aux maîtres sans foi" et qui "résiste aux envahissements des sociétés secrètes [sic]". Echo des luttes de l'époque. Quand au même moment, suivant les instructions papales, l’Église se cherchait des racines sociales. A la Grand messe, le Kyrie et le Gloria furent entonnés par les 100 choristes des cercles catholiques d'ouvriers (présidés par M. Lemaresquier). Et le curé Gaffino fut alors félicité par M. Caffarel, président des Conférences Saint Vincent de Paul. Ainsi tentait-on de donner corps à l'utopie catholique prônant la réconciliation des notables et du peuple, au nom d'une même foi.

 

Au soir du 3 mai 1897, ce "christianisme social" semblait exister. Un long cortège gagna la Grand'rue par des rues illuminées à grand renfort de feux de Bengale. Henri Gaffino était bien un prêtre séculier.

 

Hervé le Blanche

10 vidéos sur les joutes

Le musée Paul-Valéry  a proposé une série de 10 vidéos très instructives sur les joutes en 2021 : sur https://www.youtube.com/c/Mus%C3%A9ePaulVal%C3%A9ryS%C3%A8te34/

Les Joutes sétoises 01 - La création des joutes à Sète
Réalisation : Maïthé Vallès-Bled
Post production : Agence Réflexion[s] https://www.agence-reflexions.fr
Copyright : Musée Paul Valéry – Sète https://www.museepaulvalery-sete.fr

 

 

Les Joutes sétoises 02 - Historique de la Saint-Louis
Réalisation : Maïthé Vallès-Bled Post production : Agence Réflexion[s] https://www.agence-reflexions.fr Copyright : Musée Paul Valéry – Sète https://www.museepaulvalery-sete.fr

Sette, juillet 1791 : un nouvel ordre s'instaure.

Sette, juillet 1791 : un nouvel ordre s'instaure.

 

Après l'écroulement de l'Ancien Régime politique et social, l'Assemblée constituante s'est efforcée de bâtir un nouvel ordre plus juste, plus démocratique. Comme le montre le registre des délibérations municipales de cette époque, bien des aspects de la vie du pays, du point de vue économique et social, furent réorganisés, y compris le secteur de la pêche.

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L'Assemblée constituante n'avait pas attendu la promulgation de la Constitution (3 septembre 1791) pour agir, même dans des secteurs essentiels à la vie du pays. C'est ainsi que dès février 1790, la France fut organisée en départements, districts, cantons. Comme dans ces circonscriptions il n'y avait pas de représentant du pouvoir central, c'est par le consul du district de Montpellier et par son procureur syndic (secrétaire général) Cambacérès que Sette prenait connaissance des lois et décrets nouveaux. Le 12 juillet 1791, la municipalité de Sette reçoit un paquet du district de Montpellier dont il sera fait l'inventaire quatre jours plus tard : ce sont les copies de vingt quatre lois et décrets pris par la Constituante en vue de réorganiser la société. Sont évoqués les baux des messageries, l'organisation des Ponts et Chaussées.

Après la Constitution civile du clergé, on se soucie de "la conservation des évêques". Dans l'ordre économique, on décrète la libre circulation du numéraire dans tout le royaume. Ainsi s'unifiait le grand marché intérieur de la France. Après la fuite du roi, on en appelle à la vigilance. On organise même le statut "des caporaux et tambours des régiments suisses" !

 Le domaine maritime n'est pas oublié. L'Assemblée constituante ordonne d'appliquer à Sette les règlements du port de Marseille. Règlements basés sur l'article 4 des ordonnances de décembre 1778 et les lois du 12 décembre 1790 et 6 janvier/15 avril 1791. Ce corpus réglementaire aménageait la prudhommie de Marseille où les prudhommes (hommes sages et avisés) étaient élus. Ainsi, déclare la municipalité de Sette, doit-on procéder dans une circonscription regroupant la ville-port, Frontignan, Mèze, Bouzigues, mais aussi Mauguio, Marsillargues, Vauvert, Aigues-Mortes.

Sont concernés les pêcheurs en mer (y compris les Catalans résidents) et en étang, propriétaires de leur barque pouvant embarquer au moins trois hommes. Alors, la communauté des pêcheurs est convoquée à l'église des Pénitents. Le maire expose à l'assemblée le but de la réunion. Et l'on passe à l'élection du prudhomme major et de quatre prudhommes. Après deux tours de scrutin, Gourmandin et Augustin Pontic sont en lice pour le poste de prudhomme major. Pontic l'emportera par 45 voix contre 43 à Gourmandin. Celui-ci sera élu second prudhomme. Puis, Louis Richard est élu troisième prudhomme et Etienne Molinié sera le quatrième.

 

Ainsi s'éclaire un point de l'histoire de Sète : la première élection des prudhommes. Et on peut évoquer, après 1789, une reconstruction démocratique de ce qui est encore le royaume de France.

Hervé Le Blanche

Photo : HLB

Sette, début 1795 : résistance passive ?

 

  La chute de Robespierre, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), ouvrit une période de réaction. Pour les vainqueurs de l'Incorruptible, la Révolution était achevée et il convenait de "réagir" après la dictature montagnarde. A Sette, des épisodes où apparaissent des notables peuvent laisser penser que la Commune n'adhérait pas au nouveau cours des choses.

 

En France, après thermidor, le système terroriste fut abandonné : l'action du Comité de Salut Public fut limitée. Le Tribunal révolutionnaire cessa de fonctionner et l'accusateur Fouquier Tinville fut guillotiné. Le Club des Jacobins fut fermé sans que, note Jean Tulard (Histoire générale de la France, T4 Les Révolutions, Fayard), cela provoque des réactions populaires. Les anciens membres les plus avancés du Comité de Salut Public, Barère, Billaud-Varenne, Collot d'Herbois, sont inquiétés, de même que Vadier très actif au Comité de Sûreté générale. En février 1795 est rétablie la liberté des cultes.

La religion catholique prit un nouvel essor qui ne contribuait pas à l'affermissement du régime républicain. Mais étaient tournées les pages de la déesse Raison et de l'Etre suprême. Modérés politiques, nouveaux riches, "muscadins" et autres "incroyables" de la jeunesse dorée menaient la chasse aux Jacobins. A Sette, le Club des Jacobins local cessa de se réunir après le 4 mars 1795. Les républicains les plus avancés, Saint Ferréol, Bouillon, Arlès, Rodier, sont arrêtés. On s'invectivera entre Jacobins et modérés qualifiés de "cheveux à peigne".

 

Et l'offensive anti-jacobine prit un tour plus institutionnel. Fin novembre 1794 (23 frimaire an III), une délibération municipale nous apprend qu'une "Commission de l'épurement" œuvre au niveau du district. Et cette commission nomme une nouvelle municipalité. Tout le corps de ville est renouvelé. Maire et officiers municipaux "décorés de l'écharpe" apparaissent au balcon de la maison commune au son de la trompette du précon public. Mais, alors que l'opération de substitution paraît réussie, un incident va tout remettre en cause. Louis Bousquet, notaire, le maire désigné présent à la séance du Conseil général de la commune dix jours plus tard, refuse de prêter le serment d'usage et refuse la place de maire. On le presse d'accepter. Il est "vivement sollicité". Il persiste dans son refus qu'il explique par de "puissants motifs" qu'il n'évoque pas et quitte la séance. Le Conseil délibère et décide de la faire rappeler par trois officiers municipaux. Or, Goudard père, Julien Dussol et Péridier reviendront bredouilles. Le citoyen Bousquet n'est pas à son domicile. Bousquet n'a pas été le seul notable à refuser une place sous le régime thermidorien. Ainsi, Julien Dussol refusa, lui aussi pour de "puissants motifs", de siéger comme officier municipal.

 

On peut penser à des refus de se mettre en avant dans une période troublée. On peut aussi penser que, face à la réaction anti-jacobine, nombre de personnalités s'abstenaient de collaborer avec le nouveau régime et pratiquaient une forme de résistance passive.

Hervé Le Blanche

IllustrationLa France, Révolution Française

Le XV° Samedi de l’Histoire de Sète qui se déroulera le samedi 7 mai

Le XV° Samedi de l’Histoire de Sète qui se déroulera le samedi 7 mai à 14 h 30, à la nouvelle salle Brassens, 134 quai des Moulins. 
 
Peut être une image de 2 personnes
 
 
 
 
 Au programme 
• LE BAHUT DES VEDETTES PAR JEAN-PIERRE DIISERNIA
• LE PORT DE SÈTE ET LE PÉTROLE PAR GUSTAVE BRUGIDOU
• LE RALLYE LONDRES-LANGUEDOC SÈTE PAR MICHEL SÉGURA
• L’ACCIDENT DU GUNNY PAR MARIE-ANGE MARTIRE
• LE CODE NOIR PAR EDGAR BOCAGE