L'été compliqué de Joëlle Guibal.
Les établissements Guibal (Bruno et Joëlle) élèvent des coquillages dans l'étang de Thau. Ils sont – annonce leur carte – producteurs, pêcheurs, épurateurs. La chaleur et la sécheresse des mois d'été ont été source d'inquiétudes, ont provoqué des pertes réelles, mais la production a permis d'assurer le plus gros des ventes. Le travail que nécessite ce type d'activité n'a pas été inutile.
Avec la chaleur excessive de la canicule, l'été fut difficile. Mais, selon Joëlle Guibal, "on revient de loin". Il y a eu suffisamment de vent pour oxygéner l'étang et cela a permis d'éviter la terrible "malaïgue" et la fermeture de l'étang. Les ventes ont pu se poursuivre, malgré les pertes, particulièrement sur les moules à la fin du mois d'août. Ce n'est guère réjouissant, mais pas catastrophique. Le genre d'aléa que l'on peut supporter.
La presse nationale s'était faite l'écho d'une surmortalité du naissain. Joëlle Guibal relativise. Selon elle, entrent en jeu la qualité du naissain, l'exposition et l'emplacement, les courants. Apparemment, pas de destruction systématique, malgré l'élévation anormale de la température de l'eau. Par contre, la production d'huître s'est faite "au ralenti, au jour le jour". Car il faut tenir le coquillage en bassin, "au frais, à la bonne température". Un dispositif analogue à une climatisation le permet, "mais on ne peut pas laisser les coquillages en bassin". Par cet été caniculaire, c'est la conservation qui a été difficile.
On peut se procurer la marchandise directement à l'exploitation, sur le site du Mourre Blanc à Mèze. Touristes et gens du cru viennent s'y approvisionner. On peut même déguster sur place. Et Joëlle tient aussi un stand, le samedi matin, sur le marché d'une petite agglomération des hauts cantons, Hérépian. Celle-ci se situe à la croisée de la route Bédarieux-Saint Pons et celle venant du sud, de Faugères. Cette voie se prolonge le long de la vallée de la rivière Mare, en particulier vers Villemagne-L'Argentière. Les années précédentes, Mme Guibal y tenait son stand tout l'été.
Cela n'a pas été possible cette année, la mobilisation familiale n'ayant pu être complète. Ainsi, à Hérépian, c'est au voisinage d'un marchand de melons et pastèques, de marchandes de fromages (de chèvre et de Lacaune) que Joëlle Guibal a proposé les fruits de l'étang. Bien que l'amplitude horaire des ventes ait été réduite, l'apport du marché s'est révélé décisif. Au prix d'une attention soutenue. Il faut conserver les fruits de la mer au frais dans le camion, les sortir au fur et à mesure. Mais la clientèle était au rendez-vous. Les fidèles gourmets des hauts cantons ont permis qu'au total, la saison soit satisfaisante, malgré les pertes et l'absence à Villemagne.
L'emplacement sur la place de la mairie, sous les platanes, est bon. L'activité demande beaucoup de travail, mais apparemment chez les Guibal, on n'est pas avare d'huile de coude. Et les fruits du travail et de l'étang sont appréciés, aussi bien sur la côte que dans les hauts cantons.
Hervé Le Blanche