Aujourd’hui le caddie est devenu un véritable totem dans les sociétés occidentales. Notre niveau de satisfaction dépend généralement de son niveau de remplissage et nous lorgnons toujours avec envie sur les caddies plus remplis que le notre. J’achète donc je suis devient le credo des accros de la carte de paiement. Qui n’a jamais été pris d’une fièvre acheteuse ? Et qui n’a jamais regretté ses achats impulsifs ?
Le pouvoir de dire non ?
Pour tout ceux qui en ont assez de faire partie de cette société de surconsommation, un rendez-vous incontournable : la journée sans achats fétée chaque année fin novembre.
La journée sans achats, c’est 24 heures de réflexion sur l’impact social, économique et écologique de la consommation des pays riches sur l’ensemble de la planète. N’oublions pas que 20% de la population mondiale consomme 80% des ressources planétaires !
Lancé à l’initiative de la Media Fondation à Vancouver, cet événement est relayé dans de nombreux pays depuis plusieurs années. C’est une journée symbolique dont le mot d’ordre est de ne rien acheter et de réfléchir à ce que signifie réellement la société de consommation. L’un des seuls pouvoirs dont chacun d’entre nous dispose est celui de décider d’acheter ou de ne pas acheter. Nous pouvons librement décider où et à quel prix nous passerons à la caisse. De nos jours l’être humain est trop souvent réduit à une seule dimension : le consommateur. C’est la négation pure et simple de notre humanité. Mais quoi que pensent les multinationales, nous ne nous réduisons pas à un porte-monnaie. Nous avons aussi une dimension spirituelle, culturelle et philosophique qui font notre richesse. Nous avons effectivement des désirs mais ce n’est certainement pas une quelconque marque de chips, eau de toilette ou de chaussures de sport qui pourrait les combler.
Tous consomm'acteurs..
La journée sans achats est le meilleur moyen de s’interroger sur ses actes de consommation. Il est nécessaire de prendre de temps en temps du recul pour réfléchir aux valeurs que nous souhaitons défendre, comme le partage, le respect et la qualité. C’est aussi un instant privilégié pour nous interroger non seulement sur nos droits, mais surtout sur nos devoirs et nos responsabilités. Nous disposons d’un réel pouvoir économique qui peut se transformer en un pouvoir de pression. La décision d’achat ou de non-achat peut donc devenir un acte politique qui contribuerait à changer le système. Consommer autrement, c’est revendiquer sa volonté de voir évoluer les législations, c’est dire oui à une approche éthique de l’acte d’achat, aux alternatives économiques et à une autre gestion de son temps.
On nous pousse à croire que surconsommer est notre destinée d’acteur social ; notre raison d’être dans la société. D’ailleurs, ne voit-on pas que sont exclus tout ceux qui ne peuvent, comme nous, faire leur "shopping " hebdomadaire ! Notre vie ne dépend-elle que de la couleur de notre carte de crédit ? L’achat serait-il notre seul moyen d’exister ?
Au fait, pour fêter la journée sans achat, n'oubliez pas d'acheter une bonne bouteille... la veille !
Le choix dans la date ?
Il est parfois difficile de donner la bonne date d'une journée mondiale... la journée sans achats ne fait pas exception car elle est, selon Wikipedia, célébrée le dernier vendredi de novembre en Amérique du nord et le dernier samedi du mois en Europe... ce qui donne (pour 2022) le vendredi 25 et le samedi 26 novembre.
Autre clin d'oeil du calendrier, les plus observateurs auront remarqué qu'aux Etats-Unis, on fait coïncider la journée mondiale sans achats avec le black friday, mais il faut croire de ce coté là de l'atlantique, on n'est pas à un paradoxe près non plus...