Sète
Jeudi 10 février, rencontre à la librairie L'Echappée Belle à 18h30 avec Aurelie Jourde autour de son roman « les Jaloux saboteurs » chez Most editions .4
Ensuite s'est tenue la réunion du GIR (Groupe d’intervention Rapide) pour rappeler les modalités de l’action non violente de blocage...
L'influence de Sète se faisait sentir, surtout au XIXè siècle, sur les petits ports de l'étang (en fait, la lagune) de Thau : Bouzigues, Mèze, Marseillan. Pour amener du vin à Sète, ou en exporter (ainsi que des alcools) par le canal du Midi vers Toulouse, des types spécifiques de bateaux furent utilisés. Ils remplirent leur office jusqu'à ce que, dans le cas de Marseillan, les camions citernes les supplantent.
Dans l'ouvrage Le Transport du vin sur le canal du Midi (éd. Causse, 1999, collection La Journée vinicole) sont distingués trois types de bateaux de transport. Etait utilisée même la "barque de mer", petite tartane à quille horizontale de 15 mètres de long pour 5 de large, tirée par une voilure latine classique. Pour naviguer sur l'étang et en partie sur le canal du Midi, on utilisait la "barque de patron" ou "barque de canal". Cette embarcation à fond plat, aux flancs presque rectilignes et aux extrémités très pleines, pouvait emporter 120 tonnes de fret.
Longue de 28 mètres pour 5,3 de largeur, elle supportait 1,60 m d'enfoncement. Le mât central était aisément abattable. Il portait une voilure latine en navigation sur les étangs, mais une voile carrée en guise d'auxiliaire pour le trajet sur le canal. Entièrement pontée, la barque de canal emportait en cale et en pontée des demi-muids de vin (soit 800kg) ou des cargaisons de blé, d'huile, de sel. Par ailleurs, une barque n'était ni "de mer", ni "de canal", c'était la "barque sétoise". Plus allongée que la barque de mer, la proue pourvue de guibre (soutènement en bois du beaupré), d'un gréement latin, elle transportait des demi-muids de vin depuis les petits ports de l'étang de Thau vers Sète.
A l'ouest du bassin de Thau, le port de Marseillan, nous rappelle-t-on, était actif dès le Moyen-Age. Il profita de la proximité de l'embouchure du canal du Midi dès 1689 quand fut mis en eau le tronçon Trèbes-Les Onglous, ce qui ouvrit la voie vers Toulouse. Et dès le XVIIIè furent établis des liens avec Sète où l'on allait livrer des variétés locales de vin, appréciées parfois par des négociants parisiens.
Mais c'est à la fin du XIXè siècle que le trafic sur l'étang connut son apogée. Les 3 barques de canal de l'armateur Germain Cousin assuraient la liaison avec Toulouse. Une dizaine de barques assurent le trafic avec Sète en 1894. Elles abordent au lieu dit "Tabarka", en face des chais des établissements Bulher qui font commerce de vin en gros. Or, malgré les travaux de dragage, l'envasement envahissait le port. Et le trafic se poursuivit à la baisse. Cependant, en 1920-21, 14 bateaux "d'assez fort tonnage" (?) assuraient le trafic vers Sète des vins et alcools. Les embarcations étaient celles de 3 armateurs : Emmanuel Henri (4 bateaux), Alexis Miramond (4 barques dont laMarseillaise, le Saint Pierre), Louis Boudou (6 barques dont le Saint Etienne, le Brûle l'Air, Les trois frères).
En 1960, le trafic touchait à sa fin : un seul bateau alimentait les établissements Noilly-Prat et Baïsse. Les camions l'avaient emporté. La route avait vaincu la voie d'eau.
Hervé Le Blanche
EXPOSITION ANDRÉE VILAR AU RESERVOIR A SETE
Andrée Vilar (épouse de Jean Vilar)
Andrée Vilar (1916-2009) Femme poète, illustratrice, peintre, dessinatrice, Andrée Vilar (1916- 2009) laisse une œuvre méconnue, importante et diverse dont plus d’une cinquantaine de pièces seront présentées au Réservoir à Sète. Un voyage à travers le temps pour faire la lumière sur une artiste discrète et passionnée.
Cette (re)découverte est le fruit d’un travail d’inventaire familial (réalisé en majeure partie par sa petite fille Clémence et son fils Christophe). Et met en évidence une oeuvre foisonnante de gravures, pastels, encres, dessins et tapisseries...
Autant de supports présents tout au long de son évolution artistique. Depuis ses débuts jusqu’à ses ultimes travaux, c’est le spectacle d’une production où se mêlent la douceur et la puissance des formes, l’intime et le mythe.
Vers l’âge de vingt ans, elle réalise une série d’autoportraits très significatifs de son don pour le dessin et la gravure sur bois. Ses débuts à Paris se feront en duo avec sa soeur cadette, Valentine Schlegel, céramiste et sculptrice. Elle réalise les motifs décoratifs et les engobe tandis que Valentine est la potière de leur production commune. À trente ans, Andrée est mariée à un autre artiste sétois, Jean Vilar. Elle devient mère de trois enfants... Le temps libre qui lui reste est consacré à son travail de peintre. Les encres des années 1960 sont représentatives d’un imaginaire très influencé par ses racines méditerranéennes. On y voit les oiseaux marins, le vent, les nuages, des corps de femmes, le soleil, les barques, et très souvent la mer, la mer, toujours recommencée... Plus tard, la douceur de ses gouaches où les corps tout en courbes baignés dans une harmonie de tons si délicats, évoquent le silence de la contemplation.
On retrouve dans ses différentes productions, tous supports et techniques confondus, la même atmosphère que dans ses poèmes. La mémoire des lieux est omniprésente, le souvenir de sa ville natale bien sûr, Sète et sa lumière, son horizon, ce petit bout du monde où commençait le sien. En 1970, elle se consacre à une série de tapisseries principalement inspirée de thèmes mythologiques (Daphnée, Narcisse, Leda, Icare...). Et dès 1972, elle participe à l’exposition de groupe Contemporary Tapestries, au Forum Gallery de New York, aux côtés d’artistes tels que Picasso, Prassinos, Ubac, Daquin, Gleb, June Wayne...
Ses pastels des années 1980-1990 évoquent eux aussi la quête d’une sérénité toute méridionale. Quant à ses modèles choisis pour ses natures mortes, ils semblent « sagement réels ».
Andrée Vilar était dotée d’une connaissance poétique et littéraire profonde qu’elle aimait partager, et dont le premier bénéficiaire fut son homme de théâtre, Jean. Dans les mots des poètes elle trouvait ses images, qui à leur tour devinrent les mots de ses poèmes...
Tel était son monde idéal. Elle fréquenta de nombreux artistes tout au long de sa vie, issus comme elle des beaux-arts de Montpellier et des arts décoratifs de Paris, ou d’autres peintres sétois parmi lesquels Gabriel Couderc, François Desnoyer (parrain de son fils Stéphane), Maurice Sarthou, Camille Descossy, Jean-Raymond Bessil, Pierre Nocca... Au théâtre, elle fait la rencontre de Mario Prassinos, Léon Gischia (peintre et décorateur du TNP), Alexandre Calder, Edouard Pignon, Jacno...
En juillet-août 1793, la France révolutionnaire devait faire face à de nombreux périls. L'un d'eux était le manque de grains, pouvant engendrer disette et famine. "Sette" en était menacée, malgré les secours extérieurs et le rôle du port.
L'examen des délibérations municipales de l'été 1793 nuance fortement les affirmations de l'Histoire de Sète (Privat 1986), selon lesquelles Sète ne manqua jamais de grains pendant la Révolution. Le port permettait sans doute d'approvisionner un "vaste hinterland méridional allant du piémont pyrénéen à l'Auvergne et au Dauphiné" (p.151). L'incontestable sérieux de l'ouvrage ne permet pas de douter de cette affirmation. Mais les Sétois, eux, étaient apparemment très mal servis par ce flux commercial. Le 15 juillet 1793, les documents municipaux notent que "la municipalité a été souvent dans des transes affreuses"..."nous avons été sur le point, la semaine dernière, de manquer totalement de pain" et le 16 juillet, il est noté la difficulté d'approvisionnement en grains dont cette ville est sur le point de manquer. Le 26 juillet, "pas de bleds au marché de Béziers". De même le 5 août, constatent les boulangers qui se sont déplacés en personne.
Le 9 août, le scribe municipal consigne "le manque total de grains et farines". Pourtant, l'agglomération avait reçu de l'aide du département prise sur le fonds des "bleds nationaux". Mais la ville mettait ses espoirs dans le port qui commerçait avec Gênes. Certes, il fallait "payer les cargaisons des neutres" soit en vins, soit en numéraire. Cela rendait le blé fort cher, mais éloignait le spectre de la famine. Au début d'août 1793, on attendait l'arrivée de deux navires génois chargés de grains.
Or, ces vaisseaux étaient retenus à Marseille depuis plus de deux mois. Et les producteurs du département refusent de livrer leurs récoltes au demeurant fort réduites. L'année avait été mauvaise, la soudure difficile. Les Sétois en appellent au tribunal de commerce de Marseille. Cette instance rend son verdict : les cargaisons sont déclarées libres. Mais, arguent les Marseillais, elles risquent d'être saisies par les navires ennemis. Et puis, on manque aussi de blé à Marseille. La ville veut garder les grains et offre de payer leur valeur.
Bien embarrassés, les édiles sétois écrivirent au ministre de la guerre. On ne sait ce que celui-ci décida, mais, décidément, face aux difficultés concrètes, ils paraissaient bien irréels ces navires génois.
Hervé Le Blanche.