EDITO

ÉDITO DU 12 SEPTEMBRE

De cette dramatique catastrophe aux images horribles, de ces décès et blessures à ces traumatismes à vie pour les rescapés, c’est un pays entier qui vit ses douleurs. Et il en faudra des années pour reconstruire, pansées les plaies, prononcer le simple mot revivre leur semble à ce jour impossible. Et tandis que des voix s’élèvent aux sons des critiques et discordances, la classe politique démontre, une fois encore, son incapacité à se réunir autour d’une même cause, oubliant les querelles de clochers et appartenances à telle ou telle sensibilité. Il est l’heure de se réunir et de conjuguer le verbe « ÊTRE SOLIDAIRE » à tous les temps, et en extrême urgence.

Les seuls moments d’apaisements que nous espérions vivre, auraient pu se trouver dans le sport. Mais là encore, les polémiques s’installent, gonflent comme des ballons de baudruche, jusqu’à en éclater de sottises. Le racisme et l’homophobie y ont trouvé une place de choix, parfois, non, trop souvent. Accompagnés par le sexisme, intolérable de nos jours.

Ce grand homme que fut Léonard de Vinci ( Architecte, Artiste, Ingénieur, Peintre, Philosophe, Scientifique, Sculpteur (1452 - 1519) ne déclarait-il pas : 

« La sottise est le bouclier de la honte ». 

De ces organismes sociaux criant au secours et laissant des nécessiteux sur le bord de la route, à quémander un quignon de pain, par manque de moyens financiers, à ce milliardaire critiqué pour avoir fait un don, la décence et la solidarité, peu à peu s’échappent de certaines consciences. N’est-il pas venu le temps de réagir en masse pour tenter de retrouver une certaine forme de dignité humaine ??? 

Philippe Raybaud.

Victor Hugo, reviens !

A la suite des émeutes de juin 1848 qui ensanglantèrent les débuts de la Seconde République, les théâtres parisiens furent fermés. Cette clôture qui semblait devoir se prolonger indéfiniment, était une calamité de plus ajoutée aux autres calamités publiques. La ruine des théâtres était imminente. Victor Hugo proposa d'allouer une aide financière spéciale pour les sauver:

"Ce que je veux, ce n’est pas du bruit, comme vous dites, c’est du pain ! du pain pour les artistes, du pain pour les ouvriers, du pain pour les vingt mille familles que les théâtres alimentent ! Ce que je veux, c’est le commerce, c’est l’industrie, c’est le travail, vivifiés par ces ruisseaux de sève qui jaillissent des théâtres de Paris ! C’est la paix publique, c’est la sérénité publique, c’est la splendeur de la ville de Paris, c’est l’éclat des lettres et des arts, c’est la venue des étrangers, c’est la circulation de l’argent, c’est tout ce que répandent d’activité, de joie, de santé, de richesse, de civilisation, de prospérité, les théâtres de Paris ouverts. Ce que je ne veux pas, c’est le deuil, c’est la détresse, c’est l’agitation, c’est l’idée de révolution et d’épouvanté que contiennent ces mots lugubres :

Les théâtres de Paris sont fermés ! Je l’ai dit à une autre époque et dans une occasion pareille, et permettez-moi de le redire : Les théâtres fermés, c’est le drapeau noir déployé.

Eh bien, je voudrais que vous, vous les représentants de Paris, vous vinssiez dire à cette portion de la majorité qui vous inquiète :

Osez déployer ce drapeau noir ! osez abandonner les théâtres ! Mais, sachez-le bien, qui laisse fermer les théâtres fait fermer les boutiques ! Sachez-le bien, qui laisse fermer les théâtres de Paris, fait une chose que nos plus redoutables années n’ont pas faite ; que l’invasion n’a pas faite, que 93 n’a pas faite ! Qui ferme les théâtres de Paris éteint le feu qui éclaire, pour ne plus laisser resplendir que le feu qui incendie ! Osez prendre cette responsabilité !

Messieurs, cette question des théâtres est maintenant un côté, un côté bien douloureux, de la grande question des détresses publiques. Ce que nous invoquons ici, c’est encore le principe de l’assistance. Il y a là, autour de nous, je vous le répète, vingt mille familles qui nous demandent de ne pas leur ôter leur pain ! Le plus déplorable témoignage de la dureté des temps que nous traversons, c’est que les théâtres, qui n’avaient jamais fait partie que de notre gloire, font aujourd hui partie de notre misère.

Je vous en conjure, réfléchissez-y. Ne désertez pas ce grand intérêt."

 Extrait de : "Actes et Paroles - I " de Victor Hugo (Œuvre du domaine public mise en ligne par Atramenta)

ÉDITO DU 4 SEPTEMBRE.

De ces milliers d’enfants sans hébergement aux différentes polémiques vestimentaires, de ces changements de programmes à ces écoles détruites, la rentrée scolaire s’annonce parfois mouvementée.

De ces gamins vivant à nos portes, assoiffés, affamés, à ces « footeux » que certains clubs s’arrachent à grands coups de millions, une fois de plus, l’humain se laisse déborder, voire aveugler par une sorte de manipulation mentale dangereuse.

De cette menace de reprise du virus ravageur, à ce désert médical en hausse, l’inquiétude se fait ressentir çà et là, preuve que la recherche à encore beaucoup à trouver.

De ces dromadaires et leur propriétaire arpentant le littoral en ramassant les déchets à ces actes d’incivilités de gens peu scrupuleux dont beaucoup de fumeurs, l’espoir de voir des plages propres renaîtrait-il ?

De ces températures de nouveau en hausses, à ces nuages de sable annoncés sur l’hexagone, de ces touristes quittant leurs villégiatures, à ces retraités profitant des paresses de l’été, le quotidien reprend ses droits et la vie suit son cours.

Dans notre cité, les activités culturelles des associations reprennent tandis que les travaux, sur la place désormais célèbre, avanceraient à grands pas, à moins que…

Philippe Raybaud.

Arrêtons de pleurnicher

La pandémie risque de faire de nouveaux et terribles ravages dans les semaines à venir. La situation exceptionnelle et gravissime dans laquelle nous entrons doit nous amener néanmoins à faire preuve d'humilité. Nous connaissons encore très mal ce virus en mutation rapide. Personne ne peut dire qu'il a toutes les compétences et toutes les données en main pour affirmer que les décideurs font des mauvais choix pour combattre le virus ou du moins le contenir. Ceux qui ont à gérer cette crise font ce qu'ils peuvent. Qui peut affirmer sérieusement qu'il ferait mieux à leur place?

De la pénurie de masques au démarrage poussif de la vaccination, j'ai souvent déploré les ratés de la gestion de la pandémie. Je me suis étonné de certaines décisions qui pouvaient paraître illogiques, arbitraires ou improvisées. J'ai mis en cause la lourdeur et le manque de réactivité de l'administration. Mais aujourd'hui, je me refuse à relayer les injures, les procès d'intention et les divagations complotistes qui circulent dans les réseaux sociaux.

Je condamne les irresponsables qui organisent des fêtes illégales. Je trouve inadmissible que des sectes organisent au nom de Dieu des cérémonies religieuses sans aucune précaution sanitaire. Enfin si je peux comprendre la détresse des restaurateurs et la nécessité de les aider, je ne peux pas cautionner ceux d'entre eux qui ouvrent des salles au risque de créer de nouveaux foyers de contamination. Pour l'heure, la désobéissance civile, les polémiques et les manifestations, pour un oui ou pour un non, ne servent qu'à compliquer ou à aggraver les choses.

J'ai toujours été du côté de ceux qui défendent la justice sociale, la liberté, le droit de marcher à contre courant plutôt qu'à contrecœur. Je fais parti de ces français rebelles par atavisme. Mais aujourd'hui on parle de vie et de mort. Il nous faut respecter les consignes. Il nous faut rester solidaires et disciplinés en attendant l'arrivée des armes pour nous battre : vaccins et traitement pour lesquels nos dirigeants doivent tout mettre en œuvre pour en accélérer la livraison.

Pensons à ceux qui ont connu les tranchées de 14-18 ou les camps de concentration de 39-45. Pensons à ces 4 milliards d'humains qui sont sous le seuil de pauvreté ou sous le joug de la dictature.

Ne pas partir au bout du monde pour quelques jours de vacances est encore supportable. Ne pas sortir après 18h permet de retrouver du temps pour ses enfants, pour lire ou se divertir en regardant la télé. Ne pas aller dans les grands centres d'achat permet de consommer un peu moins, ce n'est pas si mauvais pour la planète …et plutôt bon pour notre portefeuille.

Le bilan de la crise devra être fait, mais à la fin de la pandémie quand nous aurons enfin retrouvé une vie normale.

Des pendules devront être remises à l'heure. Des leçons des erreurs accumulées depuis des décennies devront bien évidemment être tirées. De nouvelles politiques devront être mises en œuvre.

C'est aussi à ce moment que nous devrons renvoyer l'ascenseur aux jeunes qui sont restés solidaires de leurs aînés ainsi qu'aux soignants et obscurs soldats du quotidien, ceux qui nous auront permis de survivre pendant cette période exceptionnelle.

En attendant, cessons de pleurnicher. Soyons responsables.

Jacques Carles



EDITO DU 28 AOÛT 2023

 

De cette prévision de ne plus enlever de points sur les permis de conduire pour les excès de vitesse inférieurs à 5 km/heure, à ce projet de permis dont l’âge de passage pourrait être abaissé à 17 ans, les travaux des parlementaires s’attacheraient-ils à des sujets primordiaux ? 

De ces perspectives climatiques catastrophiques à ces températures très élevées en montagne et qui provoquent éboulements et fonte de glaciers, la nature peaufine ses appels au secours.  

De ces pensions de retraites devant être révisées à la hausse, à ces médicaments dont les remboursements devraient diminuer, devrions-nous nous réjouir ou nous inquiéter ?  

De ces JO provoquant déjà de nombreuses polémiques dans certains milieux, dont celui des étudiants, à ces hommes politiques les yeux fixés vers 2027, l’avenir nous tend les bras. Mais de quoi sera-t-il fait ? 

Dans notre cité, les sommets de la bêtises ont été atteints par quelques individus alcoolisés et traitant de tous les noms un père de famille tenant la main de son fils autiste. Heureusement que des personnes présentent aient réconforté ce Papa dévasté par tant d’incompréhension.

Par contre, la canicule nous abandonne et nous allons enfin mieux respirer.

Philippe Raybaud.

Le petit bout de la lorgnette

Un politique doit aujourd’hui paraître proche des gens et les caresser dans le sens du poil. Il doit attirer l’attention, être désirable, savoir faire de l’œil. Bref, il doit savoir draguer l’électeur. Construire un programme pour convaincre est devenu secondaire, communiquer pour séduire est plus important.

Les candidats s’entourent donc de publicistes, de sondeurs d’opinions, d’experts en marketing et plus récemment de scénaristes, de producteurs de cinéma et autres conteurs de fiction. Un clip  de campagne électorale ressemble à un clip pour la prochaine saison d’une série télévisée. Et maintenant que le roi des fake news est devenu le président du pays le plus puissant du monde, tout parait possible à qui sait manipuler l’opinion.

 En France, le dimanche 26 mai était jour d’élection. Ce lendemain de la clôture du festival de Cannes, avec 34 listes en compétition, la réalité dépassait le cinéma.

Malgré cette biodiversité politique qui ne doit rien au dérèglement climatique, malgré une offre pléthorique de candidatures, malgré un scrutin à la proportionnelle et malgré le clairon des medias sur une participation présentée comme exceptionnelle, la réalité est bel et bien que plus des trois quarts des français ne seront pas représentés au parlement européen. Sur les 51 millions de français en âge de voter, quelque 29 millions ne se sont pas exprimés : soit ils ne se sont pas inscrits sur les listes électorales, soit ils se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul. Sur les 22 millions qui se sont exprimés, 10 millions ont voté pour des listes qui n’auront aucun député, faute d’atteindre la barre des 5% des inscrits. Au total, 39 millions des français en âge de voter (76%) sont exclus de la représentation populaire.

Si on arrête d’analyser ce scrutin par le petit bout de la lorgnette, c’est donc sur cette désaffection qu’il faut s’interroger, bien plus que sur l’analyse des votes pour les candidats s’accrochant aux mamelles de Lepen ou à celles de Macron.

Le désintérêt des français pour les élections traduit donc une méfiance accrue des citoyens à l’égard des élus et du système actuel de la représentation populaire. Dans une enquête réalisée par le Cevipof, plus de la moitié des personnes interrogées déclarent ne faire confiance ni à la droite, ni à la gauche. Plus de 80% pensent que les responsables politiques ne se soucient guère des citoyens et, à leurs yeux, même les banques ont une meilleure cote que les partis politiques. Cette distance prise par les électeurs avec les élections ouvre la voie à une classe politique sans morale où de plus en plus d’ambitieux, d’opportunistes, de démagogues et de cyniques cherchent à faire carrière. Ne pas voter c’est finalement laisser le pouvoir aux aventuriers  et prendre beaucoup de risque pour la démocratie. 

Cette situation est le reflet d’une société en souffrance.  Ceux qui se refuse à voter sont  souvent ceux qui peinent à s’intégrer à la société : les habitants isolés, ceux des grands ensembles de banlieues, les personnes fragiles au plan social, économique ou culturel. Moins on est intégré à la société plus on  aura tendance à s’abstenir ou à ne pas s’inscrire sur les listes électorale. Les hors jeu de la société s’intéressent peu à la politique et quand ils le font, ils sont souvent tentés par les votes extrêmes, le rejet du « système » et la haine des « élites ». A l’inverse, 80% des enseignants, des professions libérales et plus généralement des diplômés de l’enseignement supérieur déclarent s’intéresser à la politique.

« Que faire ? » face à une telle fracture s’interrogeait déjà Lénine en 1902 dans un opuscule qui allait générer le bolchevisme. Il répondit avec une révolution qui conduisit au malheur du peuple. Si la solution n’est pas dans le chaos, elle n’est pas non plus dans une vision qui consiste à administrer l’État comme on gère une société du CAC 40.

Investir dans les machines ou dans le béton, quitte à s’endetter, paye politiquement car le retour peut être rapide : création d’emplois visibles, rentrées de taxes et moindre pression fiscale. Cela peut même être utile pour changer le modèle productif et préserver l’environnement. A long terme cependant, il est beaucoup plus payant d’investir sur les hommes, en particulier sur l’éducation. C’est ce qu’ont fait les pays qui sont en train de devenir les maîtres du monde et de reléguer l’Europe au second plan.

En Corée, chez les trentenaires, la part des diplômés de l’enseignement supérieur atteint déjà 70%. A Singapour, ville-état largement en tête du classement PISA qui mesure le niveau scolaire jeunes, le PIB par habitant est devenu le plus élevé du monde. En Chine, où l’enseignement supérieur était autrefois réservé à une infime minorité, quelque 8 millions de diplômés sortent  à présent chaque année des universités , dix fois plus qu’il y a vingt ans et deux fois plus qu’aux États-Unis. L’Inde qui devancera à son tour les USA au milieu du siècle, forme chaque année, plus d’ingénieurs de haut niveau que tous les pays européens réunis.

L’éducation, la santé, la qualité de vie et tous les thèmes vraiment importants pour notre futur étaient presque absents des élections européennes. La patrie des Lumières devrait pourtant se souvenir qu’investir dans les hommes c’est non seulement préparer l’avenir mais aussi promouvoir plus d’équité sans laquelle, la liberté et la fraternité républicaines n’ont guère de sens.

Rhadamante


 

Rhadamante

 

 

 

L'EDITO DU 21 AOÛT

De cette parolière et interprète qui anone ses onomatopées, critiquant, au passage, un texte bien construit, mais trop coloré, suivant ses propres convictions politiques, à cette même auteure soupçonnée de percevoir des «  aides à la création », la raison semble se perdre.

De cette avancée scientifique, qui pourrait permettre à l’homme de recevoir un rein de porc , à ces recherches sans cesse approfondies, l’espoir ne cesse de grandir au sein du corps médical.

De ces tests de préparation des «  JO 2024 » annulés pour causes de présence de bactéries dans le fleuve qui traverse la capitale, à ces analyses contradictoires et éventuellement effectuées trop rapidement, les questions se posent : « La Seine sera-t-elle suffisamment propre au moment de ces olympiades » ? « Les nageurs seront-ils atteints d’affections cutanées, cela vaut-il une médaille » ?

De cet autochtone Sétois, se croyant tout autorisé, désireux d’assister aux joutes de la Saint-Louis à la meilleure place et se permettant une tentative d’exclusion de touristes bien calmes, à ce même individu hurlant que ces visiteurs n’ont rien à faire dans les tribunes, le rêve d’une villégiature sympathique semble se dissiper. Mais qu’en penseront les commerçants qui vivent du tourisme durant ces saisons estivales ?

Finalement, nous marchons sur la tête, la tendance se confirme chaque jour. Pour l’heure, protégeons-nous de cette canicule qui provoque de par le monde des catastrophes irréversibles, avant que la planète, en un sursaut de bienveillance, nous accorde une dernière chance : celle d’entendre enfin ses appels au secours.

Philippe Raybaud.

La Cocotte-Minute siffle

Après les ratés pour les masques et ceux pour les tests de dépistage, la mise en place chaotique de la vaccination désespère nos concitoyens. La France se ridiculise par ailleurs aux yeux du monde. La presse étrangère a même trouvé un nouveau nom pour notre pays : l'Absurdistan.

De fait, l'année 2021 commence mal. Les atermoiements du pouvoir vont se traduire par davantage de décès liés à la pandémies. Les dépôts de bilan et les suicides vont se multiplier. Davantage de chômeurs viendront remplacer les gueules cassées des guerres d'autrefois.

En 2006, le pays de Pasteur était encore le premier du classement EHCI (*) qui évalue les performances des systèmes de santé européens. En 2018, avant la crise du Covid, la France ne figurait déjà plus dans les 10 premiers. En décembre 2020, Bloomberg classait la France au 34ème rang dans son évaluation de la gestion de la crise sanitaire par les différents pays.

Cette dérive mortifère n'est pas liée à la qualité de nos médecins. Celle-ci reste reconnue dans le monde entier : par exemple le patron de Moderna, le laboratoire américain à l'origine du premier vaccin anti-covid, est Français. Nos infirmières et l'ensemble des soignants ne sont pas davantage responsables, bien au contraire, leur dévouement empêche le système de s'effondrer.

La descente aux enfers de notre système de santé n'est qu'une illustration du problème plus global du déclin de la France. Le phénomène touche tous les secteurs, de l'industrie à l'agriculture en passant par le commerce et l'enseignement.

Le mal vient d'abord de notre bureaucratie et des redondances administratives. Ceux qui sont chargés de la mise en œuvre des politiques publiques sont beaucoup trop nombreux, à tous les échelons. La France ne sait plus faire de vaccin mais elle est imbattable pour produire des doublons dans nos 35357 communes, nos 1 001 communautés de communes, nos 223 communautés d'agglomération, nos 21 métropoles, nos 13 communautés urbaines, nos 18 régions, nos 101 départements et autant de préfectures.

Tout le monde s'occupe de tout mais plus personnes n'ose prendre ses responsabilités. La langue de bois a remplacé le français et le parapluie est devenu le principal outil de travail. Cette redondance administrative a aussi un coût : malgré sa moindre population, la France dépense 97 milliards d'euros par an de plus pour ses services publics que l'Allemagne.

Paradoxalement, nous manquons malgré tout de fonctionnaires sur le terrain : pas assez d'infirmières, d'aides soignantes, de policiers, de professeurs, de médiateurs culturels et sportifs pour encadrer la jeunesse, etc. Par contre, la décision symbolique de réduire le nombre de parlementaires a été reportée aux calendes grecques contrairement aux Italiens qui ont entériné par référendum la baisse de 30% du nombre de leurs députés et de leurs sénateurs.

Le mal français, source de gaspillage et de dysfonctionnement, c'est la suradministration au plus haut sommet de l'État. Plus grave encore, avec le développement du "pantouflage", l'énarchie et la haute fonction publique gangrènent à présent les grandes entreprises d'états et peu à peu celles du privé, entrainant, avec les mêmes pratiques bureaucratiques, la sclérose et la perte de compétitivité de l'économie toute entière.

Le Président de la République se trouve dans la même situation que Louis XVI avant la révolution française. La haute administration a remplacé le haut clergé. La classe politique, pléthorique et dotée de privilèges incompréhensibles, a remplacé la noblesse. Les caisses de l'État sont vides, l'endettement est abyssal, la fiscalité est écrasante, les inégalités et l'insécurité ne cessent de croître, la jeunesse se retrouve sans perspective d’avenir.

Le Président de la République va devoir endosser la responsabilité des erreurs accumulées depuis 50 ans par les dirigeants successifs. Il va devoir agir, vite et fort pour lutter efficacement contre la pandémie et au-delà redresser la France.

Un escalier se balaye en commençant par le haut. S'il ne veut pas être balayé lui même aux prochaines élections, il va lui falloir se hisser au niveau d'un Clémenceau ou d'un Churchill.

Les dirigeants sont élus pour diriger et pour agir, non pour avoir peur de leur ombre.


Jacques Carles



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(*) HCI : Euro Health Consumer Index

L'EDITO du 14 août.

De ces passeurs, pourvoyeurs de faux espoirs, fossoyeurs avides d’argent et sans aucun scrupule, à ces migrants assoiffés de liberté et presque toujours condamnés à vivre en fuite, le terme « HUMAIN » se meurt.

De cette terre qui hurle ses appels au secours à ces hommes sourd, de ces actes cruels à ces animaux abandonnés pour cause de départ en vacances, serions donc des vampires de la société.

Combien il est délicat, face à ces atrocités quotidiennes, face à ces monstruosités, d’écrire un édito optimiste et joyeux ?

Où que l’on tourne le regard, que l’on tende l’oreille et ouvre les yeux, rien ne peut nous encourager et nous porter à sourire !

Pourtant, de temps à autre, dans cette jungle, surgit un évènement positif, de ceux qui devraient maintenir l’espoir, la joie et le sourire.

La nuit des étoiles, dans notre région, n’a pas offert le spectacle espéré, trop de nuages gris bouchaient la vue, à croire que même le ciel nous a trahis.

Enfin, la cité Sétoise va vivre au rythme des fêtes de la Saint-Louis, du  17 au 22 août, célébrant ainsi la 279ᵉ édition de cette fête patronale. Manifestation rendant hommage au patrimoine maritime, aux joutes et aux traditions qui font la richesse de l’île singulière et lui donnent un supplément d’âme. Du soleil dans les yeux des touristes et Sétois mélangés, tout pour oublier, durant quelques jours, les tracas quotidiens.

Philippe Raybaud

Homo Sapiens pas si sapiens que ça

Il est communément admis par la communauté scientifique que ce qui différencie la branche des primates de celle des hominidés, c’est-à-dire la nôtre, fut la capacité à extrapoler, à se projeter dans l’avenir et agir en conséquence. Au Néolithique, la première révolution fut la découverte de l’agriculture qui nous permis de mettre en réserve des quantité de nourriture pour pourvoir aux disettes hivernales ce qui nous permis de nous sédentariser et de cesser de suivre les troupeaux dans leurs migrations annuelles. Elle permit aussi la création de sites humains fixes, les premiers villages et plus tard les premières grandes communautés urbaines telle que Ur en Mésopotamie. A partir de là les choses allèrent très vite, du moins à l’échelle de notre évolution.

Aujourd’hui nous sommes au sommet de cette courbe exponentielle et les deux révolutions industrielles, celle du charbon et la vapeur courant XIX° et celle du pétrole début XX° ont multiplié par dix voire par cent notre capacité à produire des biens et par conséquent notre capacité à agir sur l’environnement.

Cependant, dans cette palpitante aventure humaine nous avons plus ou moins sciemment laissé de côté une résultante néfaste à la consommation d’énergie fossile : son impacte délétère sur la santé de notre planète. L’écologie était une science toute nouvelle, balbutiante il y a une centaine d’années elle est devenue par la force des choses incontournable aujourd’hui. D’autant plus incontournable que nous vivons à crédit avec notre chère planète bleue depuis plusieurs décennies et en 2019, dès le mois de juillet nous vivons sur les réserves de 2020.

N’est-ce pas paradoxal pour un genre humain qui se sait au sommet de la chaîne alimentaire, qui a au cours de sa courte histoire terrestre accomplit des choses plus que remarquables tant dans les Arts, la Philosophie, la technique et l’ingénierie, un processus de pensée et de création qui nous a même mené sur la lune, d’avoir tant négligé, pour ne pas dire ignoré, l’état de santé de notre chère Gaïa ! Comment notre espèce, si presciente et prévoyante, en apparence, a-t-elle pu laisser se dégrader, à la limite de l’irréversibilité, et encore nous sommes optimistes, un équilibre écologique et climatique garant de notre propre survie ?

Le profit effréné et incommensurable sans doute, les déplacements de plus en plus rapides, le transport des biens toujours plus important et les disparités géographiques et sociales qui en découlent, mais là n’est pas notre propos, ont fait que l’avidité humaine a pris le pas sur la sagesse humble et candide des premiers âges.

Car les signes sont là, indubitablement là, les étés de plus en plus torrides de ces dernières années, la canicule précoce de cette année, le recul de la banquise et la montée des eaux, la disparition de nombreuses espèces, des pics de pollutions jamais encore répertoriés dans les grandes métropoles, l’augmentation des maladies pulmonaires, le déboisement aveugle et absolument pas concerté de nos forêts primaires et j’en passe, tout concourt à une résolution plus que catastrophique.

Est-il encore temps de rattraper le coup, ou plutôt sommes-nous capables de faire les efforts adéquats pour endiguer ce processus ? Ici nous nous adressons aux sociétés dites occidentales en y incluant la Chine, qui ont atteint un niveau de confort suffisant pour s’accorder le temps nécessaire à une réelle concertation.

Qu’allons-nous laisser à nos enfants qui eux prennent de plein fouet cette déliquescence écologique et qui semblent sûrement plus concernés que nous ?

En définitive notre capacité à extrapoler comme nous le précisions pêche par sa précipitation et sa boulimie de richesse. Une fois le profit immiscé dans nos consciences, l’essentiel a été négligé et l’état des lieux est désastreux. Avant nos enfants comptaient sur nous pour leur avenir, maintenant les rôles sont inversés.

L’homo Sapiens n’est pas si sapiens que ça...

A contre-courant plutôt qu'à contrecœur

Lors de la première vague de la pandémie, chacun sentait bien que l'origine profonde de nos maux n'était pas ce minuscule virus de 10 nanomètres de diamètre mais bien plutôt l'inconscience écologique des hommes.

De nombreuses espèces vivantes disparaissent mais cette perte de biodiversité, paradoxalement, favorise le développement des microbes qui pullulent plus que jamais1.

Le saccage de la planète pour satisfaire notre appétit de consommation est alors apparu clairement comme suicidaire. Dans une économie mondialisée, nous avons aussi pris conscience des effets pervers de la recherche du gain à court terme.

Nous avons découvert notre dépendance vis à vis de l'étranger pour des biens indispensables à notre survie : masques, médicaments et nombre de produits de base. Nous avons enfin réalisé que ceux qui assuraient les services essentiels à la marche du pays étaient les plus mal payés.


L'unanimité s'est faite au plan national. Elus et dirigeants de tous bords ont assuré qu'ils allaient œuvre aux profondes réformes nécessaires et changer de cap. Les citoyens eux-mêmes semblaient prêts à modifier leurs comportements. Nous avons cru à la possibilité d'un "monde d'après", plus solidaire, plus responsable, plus désirable.

Hélas, au sortir de la deuxième vague, malgré plus de 50.000 décès, les signaux se multiplient qui annoncent le retour en force du "monde d'avant".

Les retraites, les 35 heures, l'ISF et les thèmes précédant la crise sanitaire redeviennent d'actualité. Pour 2021, le gouvernement table sur un déficit de 7% du PIB. Pour combler le trou, la créativité des technocrates est donc de nouveau sollicitée pour imaginer de nouvelles taxes, des impôts qui ne disent pas leurs noms. Dans le même temps l'Allemagne réduit ses dépenses et mise sur un retour à l'équilibre budgétaire dès 2022.

La « République des camarades » déjà dénoncée par Clémenceau, reste éternelle. Les anciens ministres de Hollande, ceux de Sarkozy et les opposants professionnels qui occupent la scène depuis des décennies reviennent sur les plateaux de télé.

Même le plastique et le jetable ont retrouvé une nouvelle jeunesse avec les masques, les blouses, les écrans de protection en plexiglas, etc. La loi du début de l'année interdisant les pailles et les couverts à usage unique semble bien loin.

Avec l'annonce du premier vaccin contre le Covid-19, les cours des bourses se sont envolés à Paris comme à New-York. Les groupes pharmaceutiques ont flambé en premier mais tous les autres ont suivi. Air-France KLM en hausse de 30% annonce ainsi le retour des affaires et des touristes du monde d'avant. A peine déconfinés, ils s'apprêtent à partir à l'autre bout de la planète, dans un hôtel cinq étoiles avec piscine, à quelques centaines de mètres d'un bidonville où 10 000 personnes manquent d'eau potable. D'autres plus modestes iront dans quelques mois s'entasser sur les plages de notre beau Languedoc. Ils contempleront les flots bleus d'une Méditerranée qui agonise sous les déchets mais trouve encore le moyen de servir de sépulture aux migrants venus d'Afrique.

En attendant ces vacances de rêve, l'économie est devenue la nouvelle urgence de ce mois de décembre. Le déconfinement s'accélère. Noël se prépare. Le foie gras et le champagne seront bientôt en rupture de stock. Le réveillon sans couvre-feu de la saint Sylvestre relancera la troisième vague. A temps pour permettre aux laboratoires pharmaceutiques de mieux écouler les millions de doses de vaccin et d'assurer le retour de leur investissement.

L’espoir que tout change s'éloigne.

Je fais malgré tout partie de cette poignée d'optimistes qui croit que l’humain redeviendra un jour la priorité de notre monde. En attendant, mieux vaut aller à contre-courant qu'à contrecœur.

Jacques Carles

1 J.Carles et Michel Granger. L'Apogée, l'Avenir en Perspective.

L’éducation est une priorité

La rentrée 2019 est une occasion de rappeler que l’éducation ne doit pas être une préoccupation secondaire.  Elle est une priorité susceptible d’apporter une solution aux principaux problèmes auxquels notre pays est confronté. Encore faut-il savoir de quelle éducation on parle.

En Irak, l’éducation était aussi la priorité de l’État islamique pour former des jeunes intégristes aptes à mourir pour Allah. Dans l’Allemagne nazie, Hitler accordait une attention toute particulière à l’éducation de la jeunesse pour lutter contre la « nocivité » des valeurs héritées des Lumières. Le sport et la morale germanique étaient ainsi bien plus importants que l’enseignement scientifique. L’État se devait par ailleurs de corriger les erreurs de nombreux parents incapables de comprendre la nécessité de préserver la « pureté du peuple ». Au Cambodge, dès leur arrivée au pouvoir, les khmers rouges ont mis en place un programme de « rééducation »…

En France, l’école laïque, gratuite et obligatoire, fondée sur l’idée d’égalité du service public, dans les années1880, a forgé notre identité républicaine. L’école de Jules Ferry constitue aujourd’hui encore le socle de notre système éducatif. Les défis auxquels nous sommes confrontés ne sont cependant plus les mêmes que sous la Troisième République.

A l’époque, la révolution industrielle modifiait en profondeur le travail manuel. Les machines démultipliaient la force musculaire, obligeant la société à s’adapter à ce nouveau contexte. Aujourd’hui, une autre révolution technologique est en cours. Elle sera d’une ampleur bien plus grande encore que la précédente. Les changements déjà visibles avec l’informatique, l’internet et les nouvelles formes de communication ne sont que les prémices des bouleversements à venir avec l’arrivée de l’intelligence artificielle. Contrairement aux clichés circulant sur la prise de pouvoir par les robots, l’intelligence artificielle restera un outil maitrisé par l’homme.

Cette fois c’est la capacité intellectuelle du cerveau humain qui sera démultipliée dans des proportions comparables à ce que la révolution industrielle a permis pour la puissance physique. L’impact de l’intelligence artificielle sur l’humanité sera considérable et dépassera sans doute ce que nous pouvons imaginer.

Le score de plus en plus médiocre des élèves français dans les enquêtes internationales montre que notre pays est mal préparé pour affronter le futur tsunami qui s’annonce. La baisse de la qualité de notre enseignement devient un frein à notre prospérité et condamne de plus en plus de citoyens à l’errance professionnelle. Autre signe inquiétant, l’illettrisme qui touche quelque 2,5 millions de français. Ces personnes ont bien été scolarisées mais elles n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, du savoir minimal pour être des citoyens à part entière, autonomes dans la vie courante.

La France dépense nettement moins pour ses élèves que les pays voisins mieux classés. C’est sans doute une des causes du décrochage mais ce n’est pas la seule. Donner davantage de moyens à l’école est une condition nécessaire mais pas suffisante. Dans un monde qui change, la comparaison avec les pratiques de pays performants en la matière montre que notre système éducatif doit impérativement évoluer pour prendre en compte les nouvelles donnes sociétales et technologiques.

Une vraie réforme de fond n’est cependant pas simple. Comment éviter l’instrumentalisation électoraliste du sujet ? Comment éviter les querelles idéologiques qui opposent le public au privé ? Comment éviter les réflexes corporatistes des enseignants et valoriser néanmoins leur savoir-faire ? Comment bâtir un projet national qui soit respectueux de l’autonomie des écoles pour prendre en compte les spécificités locales? Comment penser le système de demain en associant les citoyens, indépendamment des pouvoirs dominants en éducation ?

Comme toujours, le « pour quoi » est plus important encore que le « comment ». Définir avec précision les buts visés à long terme devrait être la première étape pour replacer l’éducation au coeur de notre modernité. Seule une politique éducative ambitieuse en ce sens, qui voit loin et large, avec des objectifs clairement affichés et expliqués, permettra de légitimer la nécessaire refondation de notre école pour préparer nos concitoyens au monde futur.

Rhadamante

Fanatisme : ce mois-ci l'éditorialiste d'Oc-infos cède la plume à Voltaire

En 1763, Voltaire publie son Traité sur l'intolérance. Ce texte vise la réhabilitation de Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour avoir assassiné son fils afin d'éviter que ce dernier ne se convertisse au catholicisme.

L'année suivante, en 1764, il définit le "Fanatisme" dans son Dictionnaire philosophique, dont nous extrayons ci-dessous l'essentiel.

"Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un enthousiaste ; celui qui soutient sa folie par le meurtre est un fanatique. […]"

"Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d'être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l'esprit l'exemple d'Aod, qui assassine le roi Eglon ; de Judith, qui coupe la tête d'Holopherne en couchant avec lui ; de Samuel, qui hache en morceaux le roi Agag. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l'Antiquité, sont abominables dans le temps présent ; ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne."


"Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage ; c'est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu'ils doivent entendre."

Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?


"Ce sont d'ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains.

Ils ressemblent à ce Vieux de la Montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait."

 Voltaire


"Fanatisme", Dictionnaire philosophique, 1764