EDITO

ÉDITO DU 12 SEPTEMBRE

De cette dramatique catastrophe aux images horribles, de ces décès et blessures à ces traumatismes à vie pour les rescapés, c’est un pays entier qui vit ses douleurs. Et il en faudra des années pour reconstruire, pansées les plaies, prononcer le simple mot revivre leur semble à ce jour impossible. Et tandis que des voix s’élèvent aux sons des critiques et discordances, la classe politique démontre, une fois encore, son incapacité à se réunir autour d’une même cause, oubliant les querelles de clochers et appartenances à telle ou telle sensibilité. Il est l’heure de se réunir et de conjuguer le verbe « ÊTRE SOLIDAIRE » à tous les temps, et en extrême urgence.

Les seuls moments d’apaisements que nous espérions vivre, auraient pu se trouver dans le sport. Mais là encore, les polémiques s’installent, gonflent comme des ballons de baudruche, jusqu’à en éclater de sottises. Le racisme et l’homophobie y ont trouvé une place de choix, parfois, non, trop souvent. Accompagnés par le sexisme, intolérable de nos jours.

Ce grand homme que fut Léonard de Vinci ( Architecte, Artiste, Ingénieur, Peintre, Philosophe, Scientifique, Sculpteur (1452 - 1519) ne déclarait-il pas : 

« La sottise est le bouclier de la honte ». 

De ces organismes sociaux criant au secours et laissant des nécessiteux sur le bord de la route, à quémander un quignon de pain, par manque de moyens financiers, à ce milliardaire critiqué pour avoir fait un don, la décence et la solidarité, peu à peu s’échappent de certaines consciences. N’est-il pas venu le temps de réagir en masse pour tenter de retrouver une certaine forme de dignité humaine ??? 

Philippe Raybaud.

Victor Hugo, reviens !

A la suite des émeutes de juin 1848 qui ensanglantèrent les débuts de la Seconde République, les théâtres parisiens furent fermés. Cette clôture qui semblait devoir se prolonger indéfiniment, était une calamité de plus ajoutée aux autres calamités publiques. La ruine des théâtres était imminente. Victor Hugo proposa d'allouer une aide financière spéciale pour les sauver:

"Ce que je veux, ce n’est pas du bruit, comme vous dites, c’est du pain ! du pain pour les artistes, du pain pour les ouvriers, du pain pour les vingt mille familles que les théâtres alimentent ! Ce que je veux, c’est le commerce, c’est l’industrie, c’est le travail, vivifiés par ces ruisseaux de sève qui jaillissent des théâtres de Paris ! C’est la paix publique, c’est la sérénité publique, c’est la splendeur de la ville de Paris, c’est l’éclat des lettres et des arts, c’est la venue des étrangers, c’est la circulation de l’argent, c’est tout ce que répandent d’activité, de joie, de santé, de richesse, de civilisation, de prospérité, les théâtres de Paris ouverts. Ce que je ne veux pas, c’est le deuil, c’est la détresse, c’est l’agitation, c’est l’idée de révolution et d’épouvanté que contiennent ces mots lugubres :

Les théâtres de Paris sont fermés ! Je l’ai dit à une autre époque et dans une occasion pareille, et permettez-moi de le redire : Les théâtres fermés, c’est le drapeau noir déployé.

Eh bien, je voudrais que vous, vous les représentants de Paris, vous vinssiez dire à cette portion de la majorité qui vous inquiète :

Osez déployer ce drapeau noir ! osez abandonner les théâtres ! Mais, sachez-le bien, qui laisse fermer les théâtres fait fermer les boutiques ! Sachez-le bien, qui laisse fermer les théâtres de Paris, fait une chose que nos plus redoutables années n’ont pas faite ; que l’invasion n’a pas faite, que 93 n’a pas faite ! Qui ferme les théâtres de Paris éteint le feu qui éclaire, pour ne plus laisser resplendir que le feu qui incendie ! Osez prendre cette responsabilité !

Messieurs, cette question des théâtres est maintenant un côté, un côté bien douloureux, de la grande question des détresses publiques. Ce que nous invoquons ici, c’est encore le principe de l’assistance. Il y a là, autour de nous, je vous le répète, vingt mille familles qui nous demandent de ne pas leur ôter leur pain ! Le plus déplorable témoignage de la dureté des temps que nous traversons, c’est que les théâtres, qui n’avaient jamais fait partie que de notre gloire, font aujourd hui partie de notre misère.

Je vous en conjure, réfléchissez-y. Ne désertez pas ce grand intérêt."

 Extrait de : "Actes et Paroles - I " de Victor Hugo (Œuvre du domaine public mise en ligne par Atramenta)

ÉDITO DU 4 SEPTEMBRE.

De ces milliers d’enfants sans hébergement aux différentes polémiques vestimentaires, de ces changements de programmes à ces écoles détruites, la rentrée scolaire s’annonce parfois mouvementée.

De ces gamins vivant à nos portes, assoiffés, affamés, à ces « footeux » que certains clubs s’arrachent à grands coups de millions, une fois de plus, l’humain se laisse déborder, voire aveugler par une sorte de manipulation mentale dangereuse.

De cette menace de reprise du virus ravageur, à ce désert médical en hausse, l’inquiétude se fait ressentir çà et là, preuve que la recherche à encore beaucoup à trouver.

De ces dromadaires et leur propriétaire arpentant le littoral en ramassant les déchets à ces actes d’incivilités de gens peu scrupuleux dont beaucoup de fumeurs, l’espoir de voir des plages propres renaîtrait-il ?

De ces températures de nouveau en hausses, à ces nuages de sable annoncés sur l’hexagone, de ces touristes quittant leurs villégiatures, à ces retraités profitant des paresses de l’été, le quotidien reprend ses droits et la vie suit son cours.

Dans notre cité, les activités culturelles des associations reprennent tandis que les travaux, sur la place désormais célèbre, avanceraient à grands pas, à moins que…

Philippe Raybaud.

Arrêtons de pleurnicher

La pandémie risque de faire de nouveaux et terribles ravages dans les semaines à venir. La situation exceptionnelle et gravissime dans laquelle nous entrons doit nous amener néanmoins à faire preuve d'humilité. Nous connaissons encore très mal ce virus en mutation rapide. Personne ne peut dire qu'il a toutes les compétences et toutes les données en main pour affirmer que les décideurs font des mauvais choix pour combattre le virus ou du moins le contenir. Ceux qui ont à gérer cette crise font ce qu'ils peuvent. Qui peut affirmer sérieusement qu'il ferait mieux à leur place?

De la pénurie de masques au démarrage poussif de la vaccination, j'ai souvent déploré les ratés de la gestion de la pandémie. Je me suis étonné de certaines décisions qui pouvaient paraître illogiques, arbitraires ou improvisées. J'ai mis en cause la lourdeur et le manque de réactivité de l'administration. Mais aujourd'hui, je me refuse à relayer les injures, les procès d'intention et les divagations complotistes qui circulent dans les réseaux sociaux.

Je condamne les irresponsables qui organisent des fêtes illégales. Je trouve inadmissible que des sectes organisent au nom de Dieu des cérémonies religieuses sans aucune précaution sanitaire. Enfin si je peux comprendre la détresse des restaurateurs et la nécessité de les aider, je ne peux pas cautionner ceux d'entre eux qui ouvrent des salles au risque de créer de nouveaux foyers de contamination. Pour l'heure, la désobéissance civile, les polémiques et les manifestations, pour un oui ou pour un non, ne servent qu'à compliquer ou à aggraver les choses.

J'ai toujours été du côté de ceux qui défendent la justice sociale, la liberté, le droit de marcher à contre courant plutôt qu'à contrecœur. Je fais parti de ces français rebelles par atavisme. Mais aujourd'hui on parle de vie et de mort. Il nous faut respecter les consignes. Il nous faut rester solidaires et disciplinés en attendant l'arrivée des armes pour nous battre : vaccins et traitement pour lesquels nos dirigeants doivent tout mettre en œuvre pour en accélérer la livraison.

Pensons à ceux qui ont connu les tranchées de 14-18 ou les camps de concentration de 39-45. Pensons à ces 4 milliards d'humains qui sont sous le seuil de pauvreté ou sous le joug de la dictature.

Ne pas partir au bout du monde pour quelques jours de vacances est encore supportable. Ne pas sortir après 18h permet de retrouver du temps pour ses enfants, pour lire ou se divertir en regardant la télé. Ne pas aller dans les grands centres d'achat permet de consommer un peu moins, ce n'est pas si mauvais pour la planète …et plutôt bon pour notre portefeuille.

Le bilan de la crise devra être fait, mais à la fin de la pandémie quand nous aurons enfin retrouvé une vie normale.

Des pendules devront être remises à l'heure. Des leçons des erreurs accumulées depuis des décennies devront bien évidemment être tirées. De nouvelles politiques devront être mises en œuvre.

C'est aussi à ce moment que nous devrons renvoyer l'ascenseur aux jeunes qui sont restés solidaires de leurs aînés ainsi qu'aux soignants et obscurs soldats du quotidien, ceux qui nous auront permis de survivre pendant cette période exceptionnelle.

En attendant, cessons de pleurnicher. Soyons responsables.

Jacques Carles



EDITO DU 28 AOÛT 2023

 

De cette prévision de ne plus enlever de points sur les permis de conduire pour les excès de vitesse inférieurs à 5 km/heure, à ce projet de permis dont l’âge de passage pourrait être abaissé à 17 ans, les travaux des parlementaires s’attacheraient-ils à des sujets primordiaux ? 

De ces perspectives climatiques catastrophiques à ces températures très élevées en montagne et qui provoquent éboulements et fonte de glaciers, la nature peaufine ses appels au secours.  

De ces pensions de retraites devant être révisées à la hausse, à ces médicaments dont les remboursements devraient diminuer, devrions-nous nous réjouir ou nous inquiéter ?  

De ces JO provoquant déjà de nombreuses polémiques dans certains milieux, dont celui des étudiants, à ces hommes politiques les yeux fixés vers 2027, l’avenir nous tend les bras. Mais de quoi sera-t-il fait ? 

Dans notre cité, les sommets de la bêtises ont été atteints par quelques individus alcoolisés et traitant de tous les noms un père de famille tenant la main de son fils autiste. Heureusement que des personnes présentent aient réconforté ce Papa dévasté par tant d’incompréhension.

Par contre, la canicule nous abandonne et nous allons enfin mieux respirer.

Philippe Raybaud.

Le petit bout de la lorgnette

Un politique doit aujourd’hui paraître proche des gens et les caresser dans le sens du poil. Il doit attirer l’attention, être désirable, savoir faire de l’œil. Bref, il doit savoir draguer l’électeur. Construire un programme pour convaincre est devenu secondaire, communiquer pour séduire est plus important.

Les candidats s’entourent donc de publicistes, de sondeurs d’opinions, d’experts en marketing et plus récemment de scénaristes, de producteurs de cinéma et autres conteurs de fiction. Un clip  de campagne électorale ressemble à un clip pour la prochaine saison d’une série télévisée. Et maintenant que le roi des fake news est devenu le président du pays le plus puissant du monde, tout parait possible à qui sait manipuler l’opinion.

 En France, le dimanche 26 mai était jour d’élection. Ce lendemain de la clôture du festival de Cannes, avec 34 listes en compétition, la réalité dépassait le cinéma.

Malgré cette biodiversité politique qui ne doit rien au dérèglement climatique, malgré une offre pléthorique de candidatures, malgré un scrutin à la proportionnelle et malgré le clairon des medias sur une participation présentée comme exceptionnelle, la réalité est bel et bien que plus des trois quarts des français ne seront pas représentés au parlement européen. Sur les 51 millions de français en âge de voter, quelque 29 millions ne se sont pas exprimés : soit ils ne se sont pas inscrits sur les listes électorales, soit ils se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul. Sur les 22 millions qui se sont exprimés, 10 millions ont voté pour des listes qui n’auront aucun député, faute d’atteindre la barre des 5% des inscrits. Au total, 39 millions des français en âge de voter (76%) sont exclus de la représentation populaire.

Si on arrête d’analyser ce scrutin par le petit bout de la lorgnette, c’est donc sur cette désaffection qu’il faut s’interroger, bien plus que sur l’analyse des votes pour les candidats s’accrochant aux mamelles de Lepen ou à celles de Macron.

Le désintérêt des français pour les élections traduit donc une méfiance accrue des citoyens à l’égard des élus et du système actuel de la représentation populaire. Dans une enquête réalisée par le Cevipof, plus de la moitié des personnes interrogées déclarent ne faire confiance ni à la droite, ni à la gauche. Plus de 80% pensent que les responsables politiques ne se soucient guère des citoyens et, à leurs yeux, même les banques ont une meilleure cote que les partis politiques. Cette distance prise par les électeurs avec les élections ouvre la voie à une classe politique sans morale où de plus en plus d’ambitieux, d’opportunistes, de démagogues et de cyniques cherchent à faire carrière. Ne pas voter c’est finalement laisser le pouvoir aux aventuriers  et prendre beaucoup de risque pour la démocratie. 

Cette situation est le reflet d’une société en souffrance.  Ceux qui se refuse à voter sont  souvent ceux qui peinent à s’intégrer à la société : les habitants isolés, ceux des grands ensembles de banlieues, les personnes fragiles au plan social, économique ou culturel. Moins on est intégré à la société plus on  aura tendance à s’abstenir ou à ne pas s’inscrire sur les listes électorale. Les hors jeu de la société s’intéressent peu à la politique et quand ils le font, ils sont souvent tentés par les votes extrêmes, le rejet du « système » et la haine des « élites ». A l’inverse, 80% des enseignants, des professions libérales et plus généralement des diplômés de l’enseignement supérieur déclarent s’intéresser à la politique.

« Que faire ? » face à une telle fracture s’interrogeait déjà Lénine en 1902 dans un opuscule qui allait générer le bolchevisme. Il répondit avec une révolution qui conduisit au malheur du peuple. Si la solution n’est pas dans le chaos, elle n’est pas non plus dans une vision qui consiste à administrer l’État comme on gère une société du CAC 40.

Investir dans les machines ou dans le béton, quitte à s’endetter, paye politiquement car le retour peut être rapide : création d’emplois visibles, rentrées de taxes et moindre pression fiscale. Cela peut même être utile pour changer le modèle productif et préserver l’environnement. A long terme cependant, il est beaucoup plus payant d’investir sur les hommes, en particulier sur l’éducation. C’est ce qu’ont fait les pays qui sont en train de devenir les maîtres du monde et de reléguer l’Europe au second plan.

En Corée, chez les trentenaires, la part des diplômés de l’enseignement supérieur atteint déjà 70%. A Singapour, ville-état largement en tête du classement PISA qui mesure le niveau scolaire jeunes, le PIB par habitant est devenu le plus élevé du monde. En Chine, où l’enseignement supérieur était autrefois réservé à une infime minorité, quelque 8 millions de diplômés sortent  à présent chaque année des universités , dix fois plus qu’il y a vingt ans et deux fois plus qu’aux États-Unis. L’Inde qui devancera à son tour les USA au milieu du siècle, forme chaque année, plus d’ingénieurs de haut niveau que tous les pays européens réunis.

L’éducation, la santé, la qualité de vie et tous les thèmes vraiment importants pour notre futur étaient presque absents des élections européennes. La patrie des Lumières devrait pourtant se souvenir qu’investir dans les hommes c’est non seulement préparer l’avenir mais aussi promouvoir plus d’équité sans laquelle, la liberté et la fraternité républicaines n’ont guère de sens.

Rhadamante


 

Rhadamante

 

 

 

L'EDITO DU 21 AOÛT

De cette parolière et interprète qui anone ses onomatopées, critiquant, au passage, un texte bien construit, mais trop coloré, suivant ses propres convictions politiques, à cette même auteure soupçonnée de percevoir des «  aides à la création », la raison semble se perdre.

De cette avancée scientifique, qui pourrait permettre à l’homme de recevoir un rein de porc , à ces recherches sans cesse approfondies, l’espoir ne cesse de grandir au sein du corps médical.

De ces tests de préparation des «  JO 2024 » annulés pour causes de présence de bactéries dans le fleuve qui traverse la capitale, à ces analyses contradictoires et éventuellement effectuées trop rapidement, les questions se posent : « La Seine sera-t-elle suffisamment propre au moment de ces olympiades » ? « Les nageurs seront-ils atteints d’affections cutanées, cela vaut-il une médaille » ?

De cet autochtone Sétois, se croyant tout autorisé, désireux d’assister aux joutes de la Saint-Louis à la meilleure place et se permettant une tentative d’exclusion de touristes bien calmes, à ce même individu hurlant que ces visiteurs n’ont rien à faire dans les tribunes, le rêve d’une villégiature sympathique semble se dissiper. Mais qu’en penseront les commerçants qui vivent du tourisme durant ces saisons estivales ?

Finalement, nous marchons sur la tête, la tendance se confirme chaque jour. Pour l’heure, protégeons-nous de cette canicule qui provoque de par le monde des catastrophes irréversibles, avant que la planète, en un sursaut de bienveillance, nous accorde une dernière chance : celle d’entendre enfin ses appels au secours.

Philippe Raybaud.