Loupian, mercredi 2 juillet 2025. Le musée de la Villa Gallo-Romaine a fêté ses 25 ans d’existence lors d’une fin d’après-midi riche en émotions, en échanges et en regards croisés sur un quart de siècle de recherches, de conservation et de médiation autour d’un patrimoine exceptionnel.
De 16h à 19h, le site a accueilli élus, archéologues, techniciens, bénévoles et passionnés pour un moment de célébration et de transmission. Un programme concis mais dense, mêlant table ronde, projection d’archives et conférence, a retracé l’histoire du lieu tout en esquissant les perspectives d’avenir.
Une table ronde pour honorer les bâtisseurs du site
Ouverte par Loïc Linares, président de Sète Agglopôle Méditerranée, la table ronde a réuni celles et ceux qui ont, chacun à leur manière, contribué à faire vivre la Villa depuis sa redécouverte. Dans son intervention, Loïc Linares a salué l’engagement de figures locales comme Christian Turrel, élu depuis les années 1980, ou encore les archéologues, restaurateurs, conservateurs et responsables du musée. Il a également annoncé la création d’un groupe de travail afin de réfléchir à l’évolution de la muséographie et à l’avenir du site pour les cinq prochaines années.
Parmi les intervenants :
Christophe Pellecuer, archéologue de la DRAC, acteur historique des fouilles depuis 1983.
Raymond Rogliano, restaurateur des mosaïques, qui a supervisé un chantier d’ampleur pendant plus de dix ans.
Selim Benalioua, responsable du musée depuis son ouverture en 2000, garant de sa programmation et de son ancrage dans les enjeux culturels d’aujourd’hui.
Christian Turrel, artisan politique du projet depuis ses origines (maire de Loupian de 1995 à 2014).
Gilles Abbert (conservateur régional de l'archéologie adjoint (DRAC Occitanie Montpellier)), Nicolas Bru (conservateur du monument historique de Montpellier) et les membres de l’association Archéofactory, présents pour témoigner de la continuité du travail archéologique.
25 ans de culture, de médiation… et de passion
Au fil de ces 25 années, le musée gallo-romain est devenue bien plus qu’un site archéologique : un lieu culturel et éducatif de référence sur le territoire. À ses débuts, le musée proposait uniquement des visites guidées. Rapidement, une volonté de structurer une programmation s’est imposée. “On s’est dit : pourquoi ne pas organiser des conférences ?” raconte Selim Benalioua, “Au départ, c’était informel, des collègues archéologues qui venaient parler. Puis on a structuré les choses, en lien avec les équipes de la DRAC et d’Archéofactory.”
Résultat : plus de 150 conférenciers accueillis en 20 ans. Le cycle de conférences, devenu un rendez-vous incontournable, continue aujourd’hui avec une exigence scientifique forte et une volonté de rendre le savoir accessible.
Un pilier de l’éducation
Dès sa création, le musée a misé sur les publics scolaires. Entre 1999 et aujourd’hui, près de 45 000 élèves ont été accueillis au musée, avec un accompagnement pédagogique soigné, conçu en lien avec les enseignants. “On simplifie sans déformer, c’est tout l’enjeu de la médiation,” conclue t'il.
Ce travail se poursuit aujourd’hui grâce à une équipe éducative renforcée, avec des médiateurs professionnels récemment recrutés, qui interviennent notamment pendant les Journées Européennes du Patrimoine ou les Journées Nationales de l’Archéologie.
L’art contemporain s’invite à Loupian
Depuis 2017, et plus encore depuis la création de l’Agglomération, la Villa s’ouvre également à l’art contemporain. Grâce à un partenariat avec l’espace d’art Contemporain pour Chez l’Habitant O25rjj, piloté par Pascal Ciapp, de jeunes artistes prometteurs viennent exposer dans un cadre unique, entre mosaïques antiques et modernité. Le musée dispose désormais de moyens pour rémunérer équitablement les artistes et programmer des expositions exigeantes.
Une mémoire en images
À 17h, une projection de photographies d’archives a permis au public de revisiter les grandes étapes de cette aventure : les fouilles initiales, la restauration des mosaïques, les premières études scientifiques, la construction du bâtiment-musée à la fin des années 1990… Une immersion visuelle émouvante dans le temps long de la recherche et de la valorisation du patrimoine.
La fin d’après-midi s’est conclue par une conférence éclairante de Christophe Pellecuer sur les villas romaines en tant que patrimoine européen.
Un anniversaire placé sous le signe de la transmission, de l'engagement collectif et de la projection vers l’avenir.
Le musée de Loupian, porté par une équipe passionnée, conserve plus que jamais sa vocation : faire dialoguer les vestiges du passé avec les questions du présent, au service d’un territoire et de son histoire.
Juliette Amey