A l'heure actuelle, les systèmes de géolocalisation traditionnels, plus communément appelés “GPS” ne permettent pas de traverser les murs. L'entreprise deeptech montpelliéraine Wheere, fondée en 2020 par Pierre-Arnaud Coquelin et Antoine Carrabin, a développé une nouvelle technologie : la géolocalisation indoor.
"Nous avons inventé la seule technologie au monde qui permet de localiser derrière un mur". Pierre-Arnaud Coquelin est le fondateur de la deeptech Wheere, 1ère entreprise mondiale à avoir développé un système de géolocalisation indoor capable de traverser les murs.
Le système GPS traditionnel (comme Waze), largement utilisé à l'extérieur, ne peut traverser ni les murs ni le béton, limitant ainsi son efficacité dans de nombreux environnements fermés. La start-up deeptech montpelliéraine Wheere, fondée en 2020, s’est donnée pour mission de transformer la géolocalisation traditionnelle en inventant une solution capable de fonctionner "derrière les murs". Et c'est avec cette ambition que cette dernière a conçu la première technologie indoor mondiale capable de géolocaliser avec une précision d’un mètre, même à travers 50 mètres de béton un objet ou un humain.
Qu'est-ce que la géolocalisation indoor ?
Cette prouesse technique repose sur un système constitué de quatre antennes disposées autour d’un site d'un kilomètre environ (comme une centrale nucléaire), qui émettent des ondes basses fréquences. Ces ondes sont captées par des trackers électroniques, capables de calculer la position exacte en trois dimensions.
Chez Wheere, il existe deux types de traceurs :
- Un de la taille d'un gros téléphone, destine aux humains, avec une précision de dix points par seconde. Son autonomie est d'une journée.
- Un plus petit destiné aux objets avec une autonomie de cinq ans. "On le scotche à une plateforme mobile. Il va sortir un point par heure".
Des applications variées : sécurité, industrie et au-delà
Les cas d’usage de la technologie de Wheere sont multiples. Le secteur de la sécurité, par exemple, bénéficie grandement de cette précision pour le suivi de forces d’intervention (pompiers, GIGN, armée...) lors d’opérations en milieu urbain ou dans des bâtiments complexes. " Par exemple, pour éteindre un feu dans un bâtiment en ville, les pompiers s’équipent de ces traceurs avant de pénétrer dans le bâtiment. Cela permet à la fois de les retrouver en cas d’incident et de savoir ce qu’il s’est passé", développe le chef d'entreprise. En parallèle, l’industrie utilise aussi ces solutions pour traquer des objets et des travailleurs isolés dans des environnements industriels dangereux, comme les usines ou les plateformes pétrolières.
Les perspectives de croissance pour Wheere sont vastes, incluant également des projets pour la Smart-city. La technologie peut y être utilisée pour localiser des objets perdus comme des vélos. "Les usages de la géolocalisation indoor sont quasi infinis. Dès qu'une entreprise travaille à grande échelle, elle a un besoin de traçabilité."
GPS 2.0
"Nous voulons devenir le premier opérateur de géolocalisation indoor, sans avoir besoin d’installer des antennes," ajoute Pierre-Arnaud Coquelin. L’innovation de Wheere ne se limite pas à la géolocalisation indoor. L’entreprise aspire à créer le "GPS 2.0", un système global qui allie technologies terrestres et spatiales. D’ici 2030, Wheere prévoit le lancement d’une constellation de 300 satellites capables d’émettre des ondes basse fréquence pour localiser en intérieur et en extérieur, éliminant ainsi le besoin d’installations au sol. Le premier satellite de Wheere devrait décoller en mars 2026.
En parallèle, nous allons développer un ASIC, une puce en silicium de la taille d’une carte SIM, avec pour objectif de la vendre à des fournisseurs comme Apple, afin qu’elle soit présente dans toutes les voitures et tous les téléphones. Le projet devrait prendre environ deux ans et demi.
Malgré sa jeunesse, Wheere a déjà franchi des étapes importantes, attirant des investisseurs et des partenaires. Après avoir levé 11 millions d'euros en 2023, l'entreprise prévoit une nouvelle levée de fonds de 40 millions d’euros d’ici l’été 2025. "Nous avons pour objectif de devenir une licorne dans les prochaines années avec le GPS 2.0," conclut-il.
Juliette Amey
(Illustration ©Wheere)