"Oui au volontariat, non à la contrainte déguisée" : face au Plan Bayrou, les médecins se mobilisent
Alors que le gouvernement dévoile son Plan de solidarité pour les zones sous-dotées, l’association Médecins pour Demain tire la sonnette d’alarme. En réaction aux récentes déclarations du Premier ministre François Bayrou, les professionnels de santé appellent à la mobilisation nationale, ce mardi 29 avril, dans toute la France, notamment à Montpellier sur le parvis de la faculté de médecine à 14h.
Depuis plusieurs années, la France fait face à une aggravation des déserts médicaux, ces territoires où l'accès à un médecin généraliste ou spécialiste devient de plus en plus difficile. En réponse, la proposition de loi Garot avait envisagé une régulation contraignante de l’installation des médecins, mesure largement critiquée par la profession. Le Premier ministre a récemment écarté cette piste, au profit d’un plan basé sur le "volontariat encadré", rebaptisé Plan Bayrou.
Des mesures "injustes et contre-productives"
Si l’association Médecins pour Demain salue le rejet de la coercition directe à l’installation, elle dénonce avec vigueur l’instauration d’un « plan de solidarité obligatoire », qui imposerait aux médecins libéraux de quitter leur cabinet deux jours par mois pour aller pratiquer dans des zones en tension.
Pour l’organisation, cette mesure revient à déstabiliser l’équilibre des soins :
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Les médecins devront délaisser leur patientèle habituelle, au risque de casser la continuité des soins.
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Les semaines de travail dépassent déjà 55 heures en moyenne ; ces nouvelles obligations risquent de pousser à l’épuisement, dans une profession déjà marquée par un taux de burn-out estimé à 50 %.
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Un tiers des médecins a aujourd’hui plus de 60 ans. Leur imposer des gardes supplémentaires, sans repos compensateur, va à l’encontre des normes de sécurité appliquées dans d’autres secteurs.
"Ne sacrifions pas la médecine libérale"
Médecins pour Demain rappelle que la solution passe par des incitations, et non par la contrainte. L’association milite pour des mesures concrètes et positives :
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Exonérations fiscales sur les consultations réalisées en zone sous-dotée
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Valorisation du volontariat, avec accès facilité au secteur 2
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Maintien des possibilités de remplacement dans le cabinet principal
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Mise à disposition de moyens humains et logistiques pour assurer les consultations dans de bonnes conditions
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Et surtout : respect du temps de travail et du repos pour garantir la qualité des soins et la sécurité des patients.
L'association souligne également que toutes les spécialités sont concernées, pas seulement la médecine générale.
Un appel à la grève, pour défendre une médecine accessible et respectée
Médecins pour Demain appelle à la grève aux côtés des internes, pour dénoncer l’empilement des contraintes et la perte d’attractivité de la médecine libérale. Les jeunes praticiens, déjà confrontés à une charge administrative lourde et des revenus modestes, risquent de renoncer à s’installer, aggravant encore la désertification médicale."Ne les décourageons pas, ne les faisons pas fuir", alerte le collectif. "Nous refusons que l’on sacrifie la médecine libérale au nom de fausses solutions."
Alors que le gouvernement se félicite d’avoir évité la coercition, les médecins voient poindre une forme de pression déguisée, qui menace à la fois leur liberté d’exercice et l’accès équitable aux soins.
(Communiqué de presse Médecins Pour Demain)