L'intelligence artificielle (IA) est un sujet qui fascine autant qu'il inquiète, et c'est dans ce cadre que le Salon des Hespérides, un groupe de réflexion citoyenne de Balaruc-les-Bains, a tenu sa première rencontre le 11 mars 2025, pour aborder ce phénomène technologique en pleine expansion.
Synthèse du Salon des Hespérides :
L'intelligence artificielle (IA), comme son nom l'indique, cherche à imiter l’intelligence humaine en créant des algorithmes capables d'analyser, d’apprendre et de prendre des décisions dans un environnement informatique dynamique. Concrètement, elle permet à des machines comme les ordinateurs de s'adapter aux situations et de faire des prédictions basées sur des données précédemment acquises. En d’autres termes, l’IA a pour but de faire « penser » des machines, et d’agir de façon autonome, un peu comme le ferait un humain.
Cet échange est survenu à la suite d’un intérêt porté à l’émergence des nouvelles technologies, telles que les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) et les NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et Sciences Cognitives) et de leur convergence croissante. Cette interconnexion entre l'infiniment petit, la création du vivant, les machines intelligentes et l’étude du cerveau humain mène à des concepts comme le transhumanisme et le posthumanisme, remettant en question nos conceptions philosophiques de l’avenir de l’humanité. Pierre cite plusieurs ouvrages sur ce sujet, tels que La mort de la mort (2011) et La guerre des intelligences (2018) de Laurent Alexandre, ainsi que La révolution transhumaniste (2015) de Luc Ferry. D’autres participants, eux, se concentrent davantage sur les utilisations concrètes de l'IA (rédaction de comptes rendus de réunions).
Les premières recherches sur l’imitation de l'intelligence humaine sont nées en 1943 aux États-Unis mais ce n’est qu’en 1953 que le terme « Intelligence Artificielle » est introduit par le chercheur John McCarthy (1927-2011). Depuis, un nombre d’événements marquants ont jalonné l’évolution de l’IA, comme la victoire de l’ordinateur DeepBlue sur le champion mondial d’échecs Garry Kasparov en 1997. Plus récemment, des avancées comme « l'Intelligence générative », capable de créer du texte, des images ou des vidéos en réponse à des requêtes, ont marqué un tournant important dans l’évolution de ces technologies. « Si l’on compare les caractéristiques de l'intelligence humaine à celles de l’IA, on constate que celle-ci est dépourvue de capacité d’intuition, qu’elle n’est apte à aucune forme de sociabilité, qu’elle peut évidemment utiliser le langage qu’on lui a appris, mais - et résonne avec une logique parfaite. Cependant, l’IA n’a pas conscience et ses productions sont très prévisibles selon les valeurs du moment »(Synthèse Salon des Hespérides).
Les Progrès et Applications de l'IA
Les récentes avancées de l'IA ont permis des progrès dans des domaines aussi variés que la médecine, l'éducation, et la productivité. Selon les discussions du Salon des Hespérides, des applications comme Chat GPT, des modèles d'IA permettant de comprendre, interpréter et générer du langage humain, ont révolutionné la manière dont les machines interagissent avec nous. Ces technologies permettent des applications comme la synthèse automatique de documents complexes ou la génération de dialogues contextuellement pertinents.
Dans le domaine de la médecine, l’IA est en passe de redéfinir les pratiques médicales. L'ouvrage 2041, Odyssée de la médecine de Jean-Emmanuel Bibault prévoit même qu’elle pourrait un jour surpasser les capacités humaines dans la lutte contre les maladies. L’IA permet, par exemple, d’assister l’humain dans de nombreuses missions, de libérer des agents en contact avec du public de tâches laborieuses et de fluidifier leurs relations avec ce public. Elle peut être un moyen d’améliorer des infrastructures, de simuler des interventions complexes pour optimiser la performance d’équipes de professionnels.
Les Risques et Dangers de l'IA
Mais cette technologie soulève aussi des interrogations et des inquiétudes légitimes. Selon certains participants du Salon des Hespérides, l'IA pourrait devenir la cinquième "blessure narcissique" de l’Humanité, comparable aux bouleversements qu'ont provoqués les découvertes comme la rotondité de la Terre, la théorie de l’évolution de Darwin ou la psychanalyse. Les risques sont multiples : sociaux, sociétaux, environnementaux, et géopolitiques.
- Risques sociaux et sociétaux : L'IA pose la question de la perte d’intimité et de la commercialisation des données personnelles. Les inquiétudes portent aussi sur la dépendance des humains à cette technologie, qui pourrait diminuer leur capacité à réfléchir par eux-mêmes. Une homogénéisation des cultures et une standardisation de la pensée pourraient aussi se produire (culture de mort).
- Risques environnementaux : La consommation énergétique des data centers qui alimentent l’IA est un autre point d’alerte.
- Risques géopolitiques : Enfin, la course aux technologies d’IA pourrait exacerber les inégalités entre nations, notamment avec l’émergence de "techno-féodaux" qui prennent le pouvoir au détriment des États.
De plus, certaines professions intellectuelles, telles que les scénaristes, les avocats, ou les enseignants, commencent à se transformer sous l'influence de l'IA, alimentant un débat croissant sur l’avenir du travail humain dans un monde de plus en plus automatisé.
La question de la régulation de l’IA devient donc cruciale. Comment réguler un domaine aussi vaste et complexe ? Les politiques publiques peinent à répondre à cette question, notamment face à la liberté de création et d’expression qui régit souvent le domaine technologique. Il existe aussi une inquiétude croissante sur la capacité à instaurer une véritable autorégulation dans un secteur dominé par des intérêts économiques mondiaux.
L'Éducation à la rescousse !
Finalement, l’un des grands défis soulevés lors du Salon des Hespérides est celui de l'éducation. Les participants s’accordent sur le fait que l’éducation doit jouer un rôle clé dans la préparation des générations futures à l’IA. Mais, comme l’ont souligné certains, il reste beaucoup à faire pour redéfinir un système éducatif capable de faire face aux défis de demain.
(Illustration Pixabay)