Vendredi 16 mai 2025, la salle polyvalente de Montbazin a accueilli un moment fort de l’année scolaire et citoyenne : la restitution du projet 3018, un projet d’éducation artistique et culturelle (CGEAC) lancé en mars avec les élèves de l’école élémentaire. Cette initiative a mobilisé enfants, enseignants, animateurs, artistes, retraités et associations autour d’un objectif commun : comprendre, ressentir et agir contre le harcèlement.
À l’origine, 3018 est le numéro national d’urgence dédié aux jeunes victimes de harcèlement et de violences numériques. À Montbazin, il est devenu le symbole d’une aventure collective, où les arts ont servi de leviers pour ouvrir le dialogue et faire émerger des prises de conscience. La restitution finale a donné lieu à un spectacle sensible et pluriel, mêlant théâtre, rap, dessin, témoignages et photographie.
Un projet porté par la communauté éducative et culturelle
Dès l’ouverture, Laurence Artéro Morel, première adjointe au maire, a rappelé l’importance de ce projet : « Ce soir, c’est la restitution du projet 3018. Ce n’est pas simplement un spectacle d’école, c’est le fruit de plusieurs mois d’ateliers, de créations, de réflexions et de partages autour d’un thème grave, celui du harcèlement. » Suivi par Catherine Chanuel, responsable du service d’éducation artistique et culturelle de Sète Agglopôle Méditerranée, qui a souligné la portée de cette démarche : « Ce projet est un exemple de ce que peut être l’éducation artistique et culturelle : un levier d’émancipation, d’échange, d’apprentissage de la différence. Ce soir, nous avons vu des enfants, des adultes, des séniors réunis par la culture autour d’un sujet difficile, mais essentiel. »
Né d’une collaboration étroite entre les équipes pédagogiques, le service ALPLSH de Montbazin, l’association Les Zarzélés, la municipalité et plusieurs partenaires culturels, le projet a proposé une série d’ateliers artistiques : dessin, écriture, mise en scène, création sonore et musicale, dans une approche intergénérationnelle et inclusive.
Un spectacle riche et poignant
Les enfants ont interprété plusieurs scénettes originales, notamment « Le Poids des mots », où un élève reçoit chaque insulte comme un sac qu’il doit physiquement porter. Les enfants ont présenté plusieurs scénettes marquantes, comme « Le Poids des mots », où chaque insulte prononcée devenait un fardeau physique, ou une scénette sur l’empathie et le rôle crucial des témoins. Accompagnés par le groupe de rappeurs Bois Vert, les élèves ont également présenté plusieurs raps engagés.
Des séniors de l’association Montcœurbazin ont enrichi la représentation avec leurs souvenirs d’enfance (notamment Christiane), ou en participant directement comme Jean-Pierre, qui a chanté « Mots d’enfants », rappelant que le harcèlement n’est pas une réalité nouvelle, mais une souffrance partagée à travers les générations.
Une exposition et un podcast pour prolonger la réflexion
Le spectacle ne se limitait pas à la scène : à l’entrée de la salle polyvalente, les spectateurs pouvaient découvrir une exposition photographique retraçant les ateliers, avec notamment une mise en scène originale intitulée Pelote de laine, imaginée par Priscillia Palmas, intervenante artistique et bénévole des Zarzélés. « À travers le fil de laine, les enfants visualisent l’impact des mots, des gestes, du silence aussi. C’est un moyen concret de parler de l’effet du harcèlement, de la responsabilité des témoins, et du rôle que chacun peut jouer pour le faire cesser », explique-t-elle. Des rappeurs du groupe Bois Vert, basés à Montpellier, ont également accompagné les élèves dans la création de textes et de chansons. « On a trouvé une belle énergie dans les classes. Les enfants avaient beaucoup à dire, et le rap leur a donné une forme d'expression directe et percutante », témoigne Clément, un des deux rappeurs du groupe.
De plus, un podcast Emission 3018, réalisé avec Radio Campus Montpellier, a été diffusé sur leur site. Il contient notamment des interviews de retraités de l’association Montcœurbazin, qui ont partagé leurs souvenirs et leurs expériences autour de la notion de harcèlement. « Ce n’est pas un phénomène nouveau. Nos anciens ont aussi connu ces situations, même si les mots étaient différents. Ces échanges entre générations ont permis de comprendre que les souffrances d’hier et d’aujourd’hui se ressemblent souvent », ajoute Priscillia.
Une émotion partagée, un modèle pour le territoire
Le projet 3018 à Montbazin montre combien l’art, la parole et le collectif peuvent devenir des outils puissants de sensibilisation. En donnant une voix aux plus jeunes, en favorisant le dialogue entre générations, et en mêlant disciplines artistiques et pédagogie, il aura marqué durablement la vie du village et semé les graines d’une vigilance partagée contre toutes les formes de harcèlement.
Juliette Amey