Samedi 26 avril, face au monument des martyrs de la Résistance et de la déportation, la ville de Sète s’est rassemblée pour commémorer le 80e anniversaire des héros et victimes de la déportation. Une cérémonie poignante en émotions et en devoir de mémoire.
Un hommage solennel au pied du feu sacré
Sur la promenade Maréchal Leclerc, devant le monument du Maquis Jean-Pierre, c’est sous un ciel paisible que s’est ouverte à 18h la cérémonie du souvenir, en mémoire des victimes sétoises de la déportation, mortes dans les camps nazis. Un moment fort, orchestré avec gravité et humanité par Catherine Tarbouriech, fille de déporté et présidente de l’association des déportés.
Entourée de représentants officiels, de familles, de citoyens, d’élus et de membres du conseil municipal des jeunes, elle a tenu à remercier toutes les personnes présentes, rappelant combien cette mémoire, 80 ans plus tard, est plus essentielle que jamais.
Des mots pour ne pas oublier
Dans un discours d'ouverture fort et engagé, Catherine Tarbouriech a rappelé la brutalité du système concentrationnaire nazi, mais aussi la résistance clandestine qui s’y organisait. Elle a surtout lancé un cri d’alerte : « En 2025, aux portes de l’Europe, l’indescriptible est revenu. » Par cette phrase, elle a fait le lien entre les atrocités passées et les drames actuels, soulignant l’urgence de rester vigilants et unis face à toutes les formes de barbarie.
Elle a également évoqué les sacrifices des résistants d’hier, jeunes pour la plupart, qui ont tout donné pour la liberté. « Protégeons notre jeunesse », a-t-elle conclu avec force.
Le message national et les voix de la jeunesse
La parole a ensuite été transmise à Loriane Tarbouriech, petite nièce de déporté, qui a lu le message national des déportés, perpétuant ainsi l’héritage familial et mémoriel. Puis, le chant des Partisans a retenti sans ses paroles.
Dans un autre temps fort de la cérémonie, Catherine Tarbouriech a lu le serment de Buchenwald, texte fondateur prononcé le 19 avril 1945 par les rescapés du camp, dans un élan d’unité internationale contre le fascisme. Un texte puissant, grave, qui a rappelé que la lutte pour la justice n’est pas terminée.
Des poèmes, comme autant de cris du cœur
Trois jeunes élus du conseil municipal des jeunes ont aussi pris la parole à tour de rôle, rendant hommage par la poésie à celles et ceux qui ont souffert et résisté.
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Eloïse Marcel a lu un poème de Lili Haden, internée à Ravensbrück.
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Rayhan Aatar-Ara-Osanz a enchaîné avec un texte de Roger Monty, résistant mort au camp de Struthof.
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Florentin Cornut a, quant à lui, clôturé la cérémonie poétique avec un extrait bouleversant de Charlotte Delbo, déportée à Auschwitz, intitulé "Pour ceux qui en sont revenus".
Le souffle de ces lectures, empreint de gravité et de respect, a donné une voix contemporaine aux souffrances du passé.
Des mots politiques empreints de mémoire
Le maire de Sète, représenté par Mme Blandine Authié, a pris la parole pour souligner l’importance de cette date :
« 1945 – 2025, 80 ans de la libération des camps, ces antichambres de l’enfer sur terre… ». Dans un discours fort, elle a rappelé les chiffres glaçants : près de 90 000 personnes déportées depuis la France au titre de la répression, et plus de 75 000 Juifs, dont 11 000 enfants, envoyés vers la mort.
Son intervention a été une mise en garde contre les dérives idéologiques, la banalisation de la haine et les répliques actuelles du passé. Elle a conclu avec les mots de Bertolt Brecht : « Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà tout perdu. »
Puis Catherine et Loriane Tarbouriech ont cité des noms de résistants sétois morts pour la France dans les camps de la mort.
La cérémonie s’est conclue par un dépôt de gerbes au pied du feu sacré, symbole de mémoire vivante, puis par une vibrante interprétation de la Marseillaise, chantée avec ferveur.
Un devoir de mémoire renouvelé
Les familles de déportés et résistants de la DIRPP de Sète ont tenu à remercier les autorités présentes – région, département, mairie, anciens combattants, civils et militaires – ainsi que le conseil municipal des jeunes et les porte-drapeaux. Tous, par leur présence, ont participé à faire vivre cette mémoire collective, indispensable dans un monde où les dérives idéologiques refont surface.
Car comme le rappelle le serment de Buchenwald : « L’écrasement définitif du nazisme est notre tâche. Notre idéal est la construction d’un monde nouveau, dans la paix et la liberté. »