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K-LIVE 2025 : Nelio offre une fresque vibrante pour les 18 ans du festival

Pour ses 18 ans, le festival K-LIVE célèbre sa maturité artistique avec une nouvelle œuvre majeure intégrée au MaCO (Musée à Ciel Ouvert) de Sète. Cette année, c’est l’artiste Nelio qui signe une fresque monumentale sur la façade de la résidence Pasteur, 6 quai Louis Pasteur. Un travail puissant, sensible, et en parfaite résonance avec l’âme de la ville.

Artiste autodidacte, Nelio développe depuis plus de vingt ans une œuvre plurielle, entre peinture, sculpture, dessin et fresque murale. Deux approches marquent son travail : l'une, très structurée, emprunte au minimalisme abstrait, l'autre plus gestuelle, organique, proche de l’expressionnisme abstrait. « Depuis quelques années, ces deux styles commencent à se mêler. Parfois c’est du 90-10, parfois du 50-50, jusqu’à former une sorte de troisième voie », explique-t-il.

À Sète, cette hybridation prend tout son sens. « Je suis parti d’une structure géométrique, inspirée de l’architecture et de la ville en général, et j’y ai superposé des éléments plus organiques, plus évocateurs de paysages. » Car depuis quelques années, Nelio assume davantage une dimension figurative dans son abstraction : « À force de travailler dans cette direction, je me suis rendu compte que mes œuvres évoquaient des paysages. »

Un hommage sensible à Sète

La fresque de la résidence Pasteur s’inscrit dans cette logique. « Ce mur, on me l’a proposé. On était plusieurs artistes à soumettre des esquisses, puis un comité a choisi. J’ai accepté avec plaisir. J’ai voulu faire une œuvre pour les Sétois. Elle est visible depuis le train, l’autoroute, les toits... Je voulais qu’elle fonctionne à plusieurs niveaux : de loin, par la couleur et les volumes, et de près, avec une lecture plus complexe, presque paysagère. »

La couleur est d’ailleurs un élément central. « Parfois je me considère plus comme un coloriste. Ici, j’ai choisi des teintes pastel, pour que la fresque s’intègre au mieux à l’environnement, sans être trop agressive. Les couleurs évoquent à la fois la lumière du coucher de soleil, les bleus de la mer, et l’idée qu’il pourrait y avoir plusieurs saisons dans une même peinture. » La fresque évolue avec la lumière du jour : « Le matin elle est très intense, le soir plus douce. Elle change selon les heures, selon les saisons. »

Une création pensée pour le lieu

Peinte en deux semaines avec l’aide de deux assistants, Laïla et Paul, la fresque a été entièrement réalisée à l’acrylique, au rouleau, « avec une technique où les couleurs se mélangent naturellement d’une forme à l’autre. Il n’y a pas d’aplats purs, ce qui crée des effets de dégradé, une harmonie. »

Nelio ne laisse rien au hasard : « Quand on travaille à l’échafaudage, on a peu de recul. Donc tout se prépare en amont. Mais il faut aussi se laisser porter par le lieu. Le choix du style dépend du mur, du contexte, de la lumière, de l’angle de vue. »

Un lien naturel avec Sète

« J’ai adoré l’expérience du festival, il y a une vraie ambiance familiale. En trois semaines sur place, on prend ses habitudes, on rencontre les gens. C’est une ville vivante, conviviale, pleine d’ateliers, de galeries, de musique… On dirait un grand village où tout le monde se connaît. C’est ce côté joyeux que j’ai voulu exprimer dans la fresque. »

Nelio, installé en Ardèche, poursuit son chemin entre atelier et espace public. « L’atelier, c’est mon espace de recherche. J’y peins, je dessine, je fais des sculptures. Ce travail nourrit mes projets muraux. » De Rouen à Rabat, de Thonon-les-Bains à Sète, il adapte à chaque fois son langage visuel au contexte. « C’est toujours un équilibre entre mes recherches personnelles et le lieu. J’aime brouiller les pistes, jouer avec les perceptions. »

Avec cette fresque sétoise, Nelio offre un paysage mental, un voyage entre architecture et lumière, un regard abstrait et vibrant sur une ville qui vit au rythme de l’art.

Juliette Amey