Exposition Superbemarché : l'histoire fascinante des papiers d'agrumes au MIAM, 11 avril au 8 mars 2026

Le 9 avril 2025, le MIAM (Musée International des Arts Modestes) à Sète a inauguré une exposition singulière et intrigante intitulée Superbemarché, Papier d'agrumes & co. L’exposition, qui se tiendra du 11 avril 2025 au 8 mars 2026, explore l’histoire et l’univers des papiers d’agrumes, des objets modestes mais fascinants qui ont traversé le temps et l’espace.

Au début du vernissage, Françoise Adamsbaum, directrice du MIAM et co-commissaire de l'exposition, a souligné l'importance de ce projet en plein soutien aux centres d’art et travailleurs culturels, dans un contexte de réduction des financements publics et a réaffirmé l’engagement du musée pour la culture et la création.

L’exposition Superbemarché, Papiers d'agrumes & co. prend son origine dans les collections du MIAM, avec des milliers de papiers d’agrumes conservés dans ses réserves. Ces papiers, qui ont servi pendant plus d’un siècle à emballer les oranges lors de leur transport, sont devenus au fil du temps des objets précieux, souvent collectés par de nombreux artistes et étudiés pour leur design et leur histoire.

Le duo de designers toulousains ROVO (Gaëlle Sandré et Sébastien Dégeilh, lauréats d’une bourse de recherche attribuée par le MIAM et La Fenêtre ont consacré un an à étudier les papiers d’agrumes, à rencontrer des acteurs de la filière (importateurs, primeurs, grossistes, mais aussi des agronomes et économistes qui travaillent sur la filière orange) et à s'interroger sur leur histoire et leur iconographie. "Notre approche ça a été de se questionner sur ces papiers d’agrumes : qu’est-ce qui fait notre appétence pour eux ? C’est quoi ces images ? D’où viennent-elles ? Et interroger aussi notre consommation des agrumes", développent-ils.

L’histoire du papier d’agrumes : entre fonction et esthétique

Les papiers d’agrumes sont apparus à la fin du 19e siècle, principalement pour des raisons sanitaires : ils permettaient de protéger les oranges pendant leur transport, en évitant qu’une orange pourrie ne contamine toute la caisse. Mais très rapidement, ces papiers ont pris une autre dimension, devenant des objets décoratifs, marqués par des logos, des images colorées et des motifs exubérants, qui reflétaient la puissance commerciale de l’orange et de son commerce mondial. "Avec cette industrialisation vient l’idée de marque. Chaque marque va produire une imagerie différente. Par exemple, en Méditerranée, ce sont l'Espagne et l'Italie (plus gros producteurs d'Europe) qui rivalisent dans l'esthétique de ces papiers", indiquent les designers graphiques et co-commissaires de l'exposition Rovo. 

Une déambulation visuelle au cœur de la mythologie de l’orange

L’exposition est divisée en deux parties. Au rez-de-chaussée, le visiteur est plongé dans une réflexion sur l'origine biologique et mythologie de l’orange. Symbole de fertilité, de perfection et de séduction, l’orange traverse l’histoire et les cultures. L’exposition propose une exploration visuelle, à travers une vingtaine de panneaux thématiques, qui retrace l’origine biologique et mythologique du fruit, sa mise en culture, son commerce, son transport et sa consommation. Chaque papier d’agrumes raconte une histoire, et les visiteurs découvrent à quel point ces objets modestes, souvent considérés comme de simples emballages, portent en eux des récits fascinants.

L’exposition montre comment ces papiers ont évolué au fil des années : des images de fruits idéalisées à des motifs de plus en plus sophistiqués, créés par des entreprises pour se distinguer dans un marché mondial en expansion. Les visiteurs peuvent voir des papiers d’agrumes issus de collections privées, comme celle de Pascal Casson (deux tiers de l'exposition), un collectionneur passionné qui a documenté et inventorié ces objets.

L’industrie de l’orange : entre commerce et art

Une autre salle de l’exposition met en lumière l’industrie des agrumes, notamment l’industrialisation de leur culture et de leur exportation. Des films documentaires sur l’Algérie, la Sicile et l’Espagne illustrent comment ces pays ont développé une agriculture à grande échelle, symbolisée par les papiers d’agrumes. Ces objets sont également des témoins de la mondialisation du commerce, avec des étiquettes, des logos et des images qui s’adaptent aux marchés.

Le papier d’agrumes, tout comme la cagette qui les accompagne, devient ainsi un objet transitoire, à la fois utilitaire et porteur de messages commerciaux. Les œuvres de collectionneurs comme Bernard Belluc, avec sa collection de cagettes, viennent enrichir cette réflexion.

L’un des moments forts de cette partie de l’exposition est la mise en lumière de l’évolution des techniques d’impression et de la façon dont ces images, à travers des matrices d’impression et des clichés, ont marqué l’histoire du design et de la publicité. "Le designer madrilène, El Vivero, a accepté de venir exposer dans les vitrines des clichés, des stéréotypes et des matrices d'impression (terme provenant de l’imprimerie). Au-dessus, vous pourrez observer toute une ligne de représentations de portraits de femmes qui parcourent le 20e siècle, où l’on voit l’évolution des techniques d’impression", soutiennent les designers toulousains.

Les papiers d’agrumes : un reflet de notre société de consommation

« À l’étage, c’est la deuxième partie de l’exposition. Dans le nom de l’exposition, c’est en quelque sorte le & compagnie », indtroduit Rovo.
En effet, l’exposition élargit la réflexion en interrogeant l’imagerie populaire qui entoure nos objets de consommation quotidiens et nos échanges commerciaux. Avec par exemple:

- La collection de sacs plastiques présentant des architectures réunie par l’architecte français Éric Monin.

- Des feuilles originales de papier essuie-tout collectionnées et revisitées par les artistes français Mazaccio & Drowilal.

- Des billets de banque rassemblés par les graphistes suisses Sebastian Cremers, Tania Prill et Alberto Vieceli.

- Une collection de calots publicitaires [objets souvent négligés] offerte au MIAM par le donateur Pierre Taugourdeau. 

L'artiste Bastien Aubry vient rajouter de la couleur avec ses céramiques innovantes, notamment des boîtes à pizza qui détournent des objets de consommation.

Superbemarché & compagnie est une exposition captivante qui nous invite à regarder de plus près les objets que nous côtoyons au quotidien. À travers l’histoire des papiers d’agrumes, l’exposition nous rappelle que même les objets les plus modestes ont une histoire riche et complexe. L’orange, de son image mythologique à son industrialisation moderne, devient un miroir de notre société de consommation, de notre rapport à l’art et à l’économie mondiale.

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