Présentée du 7 juin au 31 août 2025 au Crac Occitanie à Sète, l’exposition les inégalités constantes des jours de leonor* propose une nouvelle installation sculpturale de Leonor Antunes, artiste portugaise née en 1972 à Lisbonne. Déployée dans six salles, cette œuvre immersive invite à une déambulation sensible entre sculptures, éléments décoratifs, citations d’objets et figures féminines de l’histoire de l’art, du design et de l’architecture.
Conçue et produite initialement par le CAM – Centre d’Art Moderne de la Fondation Gulbenkian à Lisbonne, avec le commissariat de Rita Fabiana, l’exposition est ici présentée dans une version réadaptée, avec le soutien de la délégation en France de la Fondation Gulbenkian.
Le titre, emprunté à un dessin de l’artiste portugaise Ana Hatherly, est à la fois une référence biographique et un hommage : réalisé en 1972, l’année de naissance d’Antunes, ce dessin mêle texte et matière dans une écriture presque illisible mais profondément poétique. L’astérisque qui accompagne le titre en français souligne cette citation.
À travers près de quarante sculptures, Leonor Antunes poursuit son travail de mise en réseau de figures oubliées ou marginalisées de l’histoire de la modernité, notamment Sadie Speight, Marian Pepler, Franca Helg, Charlotte Perriand, Sophie Taeuber-Arp, ou encore Lina Bo Bardi. Leurs noms, leurs motifs ou leurs gestes apparaissent dans les titres, les formes ou les matériaux : cuir, osier, verre, laiton, linoléum ou encore liège.
Dans cette forêt d’objets suspendus ou ancrés au sol, les catégories se brouillent volontairement entre sculpture, design, architecture ou artisanat. L’approche de Leonor Antunes est critique, féministe, fluide : les matériaux dits "mineurs", souvent liés au domestique, trouvent ici une puissance nouvelle, centrale et structurante.
les inégalités constantes des jours de leonor* propose ainsi une expérience de l’espace sans hiérarchie ni itinéraire imposé. Le regard circule librement, les œuvres dialoguent entre elles dans un enchevêtrement de références et d’affinités. Une invitation à reconfigurer nos récits modernes, à travers la mémoire et les gestes des femmes qui les ont tissés dans l’ombre.
Juliette Amey