Activités protestantes du passé de Sète.

 Culte, Protestant, Foi, Dsrp, Église

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Ville du royaume du Roi Très Chrétien, Sète était une terre catholique. Mais les besoins en main d’œuvre et en capitaux de cette "colonie pour le commerce" attirèrent les tenants de la Religion Prétendue Réformée qui y jouèrent un rôle important au moins jusqu'au milieu du XIXè siècle. La communauté s'organise à la fin du XVIII è siècle, traverse la tourmente révolutionnaire et poursuit des activités spirituelles et séculières.

 

Selon le pasteur Corbière dans son opuscule de 1866 relatif à l'Histoire des Réformés à Sète, c'est en 1770 qu'apparaît la première désignation d'une église réformée dans les "Procès Verbaux" des synodes provinciaux. Il est indiqué, au 1er mai de cette année, au colloque de Montpellier, que M. André Bastide était pasteur des églises de Montpellier, Cette et Mauguio. Puis, M. Bétrine desservira exclusivement l'église de Sète. Plus tard, M. Justin s'occupera des églises de Sète, Valmagne et Pignan, assisté de M. Maraval, puis de M. Daniel Encontre à qui "les bons témoignages ont été universellement rendus tant à son talent qu'à son application et à ses mœurs".

Lui succédera M. Julien, puis M. Jacques Vincent. Arguant du délabrement de sa santé, celui-ci demande son congé en 1793. On ne peut que s'étonner, avec le pasteur Corbière, de l'activité de la communauté en pleine tourmente révolutionnaire. Il est vrai, concède le pasteur, que "les vagues de l'agitation politique et sociale durent, pendant quelques temps, couvrir de leur écume et de leur fracas le roc paisible et inébranlable de l'église de Dieu". Dans la région, le culte s'interrompit jusqu'à la fin des années 1790. En 1802, sous le Consulat, le dernier nom de pasteur cité pour Sète est celui de Gachon fils .

 

A cette date, les protestants sont 400 à Sète pour environ 9 000 habitants. Mais ce que ne disent pas les documents cultuels, c'est que nombre de Réformés jouent un rôle important dans la vie économique et sociale de la ville-port. Attirés par les facilités d'installation et les perspectives économiques, arrivent, dès le milieu du XVIIIè siècle, ceux que l'Histoire de Sète (éd. Privat 1986) appelle les "Nordiques". Qu'ils soient luthériens ou calvinistes, profiteront du climat de tolérance à Sète le suisse Jean Kunckler (francisé Councler en 1846), des Danois, des Hollandais (Winthuysen, Verschwer), le suédois Ferber et des Allemands (Flickwier, Hinsch, Kühnholtz, Pihl). Ils font souche à Sète, s'allient aux notables (Grangent, Mercier). Ces marchands très entreprenants confirment les théories webériennes : ils travaillent pour leur salut et à s'enrichir. Ils adhèrent à la loge maçonnique "Les Amis Fidèles des Treize Etats Unis". Sont-ils séduits par les idéaux révolutionnaires ou par un vaste marché potentiel pour les vins ?

 

Le commerce avec l'Amérique du Nord ne prendra pas son essor. Mais ce groupe, présent à la mairie, dans les affaires, chez les notables, traversera la Révolution sans dommages. Ratyé, Flickwier seront maires. Et leurs descendants s'illustreront encore au milieu du XIXè siècle.

Hervé Le Blanche