À l’aube de l’histoire de Sète.

L’histoire des hommes est en partie conditionnée par les inconvénients et les avantages du milieu où ils vivent, du site de leur habitat. La combinaison des facteurs naturels (relief, eaux, sols, climat) détermine l’originalité de tous les groupements humains. À Sète, le site ne semblait pas favorable à l’établissement d’une population importante, bien que ses avantages n’en fassent pas un pôle répulsif.

Le Coucher Du Soleil, Plage, Ciel

Le mont Saint Clair, entouré par les eaux de la mer et de l’étang de Thau, relié à la côte par des bandes de sable, ne paraît pas être un endroit propre à accueillir des populations en quête de ressources naturelles ou des produits de « l’industrie » des hommes. Côté mer, la côte est inhospitalière, les flots dangereux par vent de sud-est. Côté étang, des marais ont longtemps entretenu fièvres et épidémies. Isolée, l’île de Sète n’est pas au débouché d’un fleuve (comme Agde pour l’Hérault) et ne sera pas vivifiée par une grande voie commerciale

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. Mais le mont Saint Clair est boisé, précédé au nord par une plaine fertile (où s’établiront les Métairies) et le bassin de Thau offre ses ressources en sel, poissons, coquillages. À l’échelle de la Préhistoire, entre 50 000 et 2 000 ans avant notre ère, c’est relativement tardivement (entre 1365 et 1045 avant J. C.) que des hommes vinrent habiter près de la pointe du Barrou. Entre cet endroit et la Pointe Longue, à moins 2 mètres du niveau actuel sur une légère éminence du fond, au lieu dit La Fangade a été retrouvé, immergé, un habitat de l’âge du bronze.

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Cet habitat est semblable aux sites lagunaires en bordure de l’étang de l’Or. Il était formé de cabanes ancrées dans le sol par des pieux de chêne vert de 20 ans d’âge. Ces cabanes étaient reliées entre elles par des branchages et du feuillage. De nombreuses céramiques ont aussi été découvertes. Elles sont composées d’argiles soigneusement épurées, souvent lustrées. Elles constituent nombre d’ustensiles utilitaires, coupes ou assiettes coniques à décoration de guirlandes ou de cannelures, urnes biconiques à bord évasé, bols.

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Il a été retrouvé également des fusaïoles (petits contrepoids pour les fuseaux) de terre cuite, ainsi que 2 épingles en bronze dont une à tête enroulée. Outre les produits de l’étang, les hommes de la fin de l’âge du bronze consommaient ceux de leur chasse (cerfs, sangliers) et de l’élevage (bœuf, mouton, chèvre, porc). Des outils de broyage des grains (meules, galets polis) attestent la pratique de l’agriculture. Au IIème millénaire avant J. C., les premiers riverains de l’étang de Thau semblaient connaître une certaine prospérité. Ils étaient influencés par les grands foyers de civilisation d’Europe centrale, des stations lacustres suisses et nord-alpines, et aussi l’Italie.

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Les sites de La Fangade et du Barrou ne livrent plus de témoignages d’habitat jusqu’à l’époque romaine (Ier siècle avant J. C.). Des fragments d’amphores étrusques ou de Marseille témoignent du commerce maritime méditerranéen dont les grands centres étaient Marseille, Agde et Narbonne. Mais, avant la période romaine, Sète semble sortie de l’Histoire.

Hervé Le Blanche