Histoire de Sète

La République nous appelle ! A Sète...

La République nous appelle !

PAR HERVE LE BLANCHE

De 1852 à 1870, une majorité de Sétois resta irréconciliable par rapport au Second Empire. L'évolution du régime sur le plan politique et sur le plan social ne rapprocha pas les Sétois de l'Empire. Grèves, manifestations d'opposition politique se succèdent, jusqu'à la proclamation de la République, à Sète.

Foule, Manifestation, Drapeau, Homme

Au milieu du XIXè siècle, l'agglomération sétoise est un organisme vivant. Sociétés artistiques, musicales (Harmonie et Orphéon), Alcazar et théâtres animent la vie de la cité. En dehors des cérémonies officielles célébrant les victoires impériales, huit grandes fêtes annuelles marquent le calendrier, profanes ou religieuses. Du "Grand 19" (septembre) de Notre Dame de la Salette au lundi des tonneliers et le dimanche de la Saint Louis (fin août), entre autres réjouissances. Avec cela , joutes et bains de mer participent de la "civilisation sétoise".

Et si le sort de la classe ouvrière reste dur, les "sociétés de secours mutuel fleurissent sous le Second Empire" (J.J. Vidal, Histoire de Sète, Privat 1988). Elles doivent rester "apolitiques", sinon elles sont dissoutes. En fait, elles ne doivent ni appeler à la grève, ni la soutenir. Pour le pouvoir, elles doivent rester caritatives. On remarque la Société de bienfaisance dirigée par 4 religieuses de Saint Vincent de Paul, la Société des charpentiers (de marine), celles des vignerons, des marins, des calfats. En 1864, prend corps la Société Sainte Eugénie, à l'initiative du conseil municipal, bénéficiant d'une subvention gouvernementale. Ce fait caractérise bien le visage social du régime, marqué par le loi du 25 mai 1864 qui fait que la grève n'est plus un délit.

Parallèlement, l'Empire entame son évolution libérale.

Sète, ville ouvrière avec 5 600 "prolétaires et domestiques" pour une population active de 8 500 personnes, va-t-elle se laisser séduire par les grâces impériales ? Selon certains (F. Caron, La France des patriotes, Histoire de France, Fayard, T3), Napoléon III, en visionnaire, aurait posé les bases de la démocratie politique et sociale. A Sète, en 1866, sa politique extérieure "inquiète toute l'opinion". La police note que la Saint Napoléon est mal fêtée. Dès 1868, tout un bouillonnement démocratique inspire manifestations et violences pouvant aller jusqu'à l'émeute. Les grèves dures se multiplient même chez les tonneliers. Ceux-ci sont importants en nombre.

Ouvriers libres travaillant chez eux à façon ou ouvriers des grands ateliers, ils sont plus d'un millier. Le transport des vins et alcools se fait à futaille perdue et tout mouvement social prend de l'importance. Aux élections de 1869, contre le candidat officiel (Coste-Fleuret) se présente une étoile montante du parti républicain (et par ailleurs philosophe spiritualiste) Jules Simon. Il triomphe sur la scène du théâtre de Sète, plein à craquer. Il ne remporte pas la circonscription, mais réunit 4 033 voix à Sète pour 881 à Coste-Fleuret !

Et lorsque, voulant couronner l'édifice libéral, Napoléon III demande d'approuver par référendum ses réformes, Sète répond : non. Les Sétois avaient refusé la réconciliation avec l'Empire.

Hommage à André Aversa au chantier naval

En ce jour de la Saint-Joseph, le patron des charpentiers, le chantier naval de la Plagette est baptisé en hommage à André Aversa et sa famille, liés historiquement à ce lieu. Depuis 2020, le chantier et la zone qui court jusqu’à la station de biologie marine ont été intégrés dans le domaine public et sont donc gérés par la Ville. « La transmission de notre histoire, de notre patrimoine maritime est une nécessité pour nous. Nous voulons que ce chantier naval bénéficie à l’ensemble des associations qui peuvent en avoir besoin ou qui œuvrent dans l’optique de cette transmission », précise François Commeinhes, maire de Sète.

Romain Ferrara, adjoint en charge notamment du patrimoine nautique, détaille : « nous avons engagé des travaux de rénovation de ce lieu historique avec un premier investissement de 120 000 euros dans la rénovation des bers. Nous faisons réaliser actuellement un audit du hangar et des locaux annexes ». A terme, ces travaux bénéficieront aux associations telles que : les Voiles latines, les Gréements languedociens, Escale à Sète, la Coordination des Joutes ou encore la Rame traditionnelle.

Un hommage à un homme aux doigts d’Or

André Aversa, né à Sète en 1928, a consacré sa vie à la construction navale. Descendant d’une grande famille sétoise, André Aversa était un charpentier aux mains d’or devenu modéliste de génie, l’un des derniers charpentiers de marine sétois.

André Aversa était à chacune de nos entrevues vif et passionné, toujours de bons conseils quand il s’agissait de sauvegarder notre patrimoine maritime, que cela soit pour l’organisation d’Escale à Sète ou pour la pérennité du chantier naval de la Plagette, où il souhaitait qu’une plaque en bois soit installée à l’entrée de celui-ci en hommage au travail de ses ancêtres. Les mots « Ancien chantier naval créé en 1902 par Luigi Aversa » portent également la mémoire d’André avec cette plaque installée ce 19 mars 2024.

Il y a quelques années, il avait écrit un livre dont le titre pourrait être son épitaphe : « André Aversa charpentier de marine. Un métier, un art, une vie ».

François Commeinhes, maire de Sète

 

La plaque réalisée par la menuiserie municipale :

L’ornement qui dénomme ce chantier naval a été entièrement réalisé par l’équipe de la menuiserie municipale de Sète : la sculpture du bois, la peinture, les lettrages. Cette magnifique pancarte de 0,7m de haut sur 2.25m de large sera installée sur un support avec des pattes d’accrochage. Le bois est du nord rouge, un bois très résineux, la résine protégeant contre les intempéries. Pour la petite histoire, c’est avec le même bois que la menuiserie fabrique les pavois des joutes.

Le parcours d’André Aversa

C’est au lendemain de la guerre qu’il rejoint le chantier familial à la Plagette, sur les bords de cet étang de Thau qu’il aimait tant en découvrant la vie sur le chantier dès ses 9 ans. A 13 ans, il construit seul son premier canot de 3,4 mètres avec un arrière à tableau. Après quatre décennies à dessiner et construire des centaines de nacelles, catalanes, bateaux-bœufs, chalutiers et pilotines, il prend sa retraite pour se consacrer à la création de maquettes.

Unique en France, sa collection a été classée en 2010 à l’inventaire des monuments historiques. Déroulant l’histoire de la construction navale à Sète, André Aversa fit don de ses maquettes à la Ville qui les expose dans la salle principale du Musée de la Mer. Collection enrichie par l’acquisition par la Ville de Sète de la maquette de la goélette « L’América ».

 

Le chantier naval :

Le chantier naval de la Plagette date de 1930, après être passé par le Souras et près de la gare. Le hangar de 18m², construit par André Aversa lui-même, a le charme de l’authentique. C’est un des plus vieux chantiers navals de Sète d’où est sorti notamment le Gyss, le second bateau de Georges Brassens, un bateau en bois de 6,5 mètres construit par André Aversa en 1955. Le chantier préparait des bateaux de pêche, des petits bateaux, des barques, des sapinous … André Aversa était reconnu comme un excellent charpentier de marine : il avait un style reconnaissable dans ses réalisations, disent les connaisseurs.

Quelques dates

  • 1909 : Luigi Aversa lance le bateau le Saint-Pierre, pour M Liguori
  • 1924 : Luigi Aversa décide de construire le premier bateau-bœuf du port (sans avoir de commande)
  • 1932 : sortie du dernier bateau-bœuf le Saint-Christophe pour M Palanque
  • 1943 : construction du Calamar, premier chalutier conçu dès l’origine pour le moteur, avec un arrière à cul-de-poule.
  • 1945 : lancement du Joseph-François, chalutier à moteur de 16,5 mètres déstiné à Joseph Nocca.
  • 1958 : lancement du navire océanographique le Néreis
  • 1962 : lancement du navire océanographique l’Alcyope

1880-1914, Sète ville active ?

Hervé Le Blanche

Voici la présentation des Halles de Sète , un lieu central de la ville animé toute l'année.

Voici la présentation des Halles de Sète , un lieu central de  la ville  animé toute l'année.

Sète avant 1914 : les limites de l'expansion.

Sète avant 1914 : les limites de l'expansion.

Alors que Paris célébrait les réalisations du nouveau siècle lors de l'exposition universelle de 1900, Sète restait à l'écart de l'aventure des temps nouveaux. Commandées par des intérêts lointains, ses activités industrielles restèrent de taille modeste (la chimie) ou échouèrent (la sidérurgie). Et l'activité de la ville-port restera stagnante.

Endroits Perdus, Lieux Abandonnés

Activité nouvelle, l'industrie chimique est en grande partie liée aux besoins de la viticulture. Pour lutter contre une des maladies de la vigne (l'oïdium), il faut pulvériser des produits soufrés. Et le port importe annuellement 15 à 30 000 tonnes de soufre d'abord de Sicile, puis de Louisiane (L. Dermigny, Esquisse de l'Histoire d'un port). Après la crise du phylloxéra, la reconstitution du vignoble fut soutenue par la production de raffineries à Frontignan, puis à Sète même (1890-1900). Simultanément (1872) sont fondées des usines d'engrais chimiques (superphosphates) à Balaruc par la Compagnie Saint-Gobain et la Compagnie bordelaise.

Et le port voit passer les phosphates d'Algérie et de Tunisie, le sulfate d'ammoniaque d'Angleterre et d'Allemagne, les nitrates du Chili en partie réexportés vers l'Afrique du nord, l'Espagne, l'Italie. Autre trafic prometteur, celui du pétrole, importé des Etats-Unis, puis de Russie. Il est raffiné d'abord à Balaruc (1884), puis à Frontignan par le Compagnie industrielle des pétroles (1904). L'importation de brut atteint 73 000 tonnes en 1913. Un bassin nouveau favorisera cette activité qui déclinera néanmoins après cette date (politique fiscale?).

Mais le développement des industries nouvelles à Sète restait limité. Si les usines chimiques de "La Bordelaise" et de Saint-Gobain ont pu grouper chacune 800 ouvriers, les autres réalisations de l'industrie chimique demeurent de taille modeste. Le professeur Louis Dermigny soulignait que les besoins en soufre variaient d'une année sur l'autre, que les pays importateurs s'équipaient à leur tour. Surtout, il mettait en avant le fait que l'économie sétoise est commandée à distance.

Pour lui, Sète n'est "qu'une pièce sur l'échiquier"… pour "des intérêts lointains qui songent uniquement à tirer parti de sa position"..."et peuvent le délaisser au moindre changement de conjoncture". L'échec de la sidérurgie à Balaruc illustre bien le propos. Après un premier échec de la Société des Hauts fourneaux de Balaruc, se déploie le grand projet Schneider. Pour pallier l'épuisement des mines voisines du Creusot, on veut faire venir par Sète des minerais d'Algérie, du charbon d'Angleterre et, en comblant une partie de l'étang des Eaux blanches, on installera usines et chantier naval. Le port se développerait et déjà certains voyaient une nouvelle ville s'installer grâce à la métallurgie.

Un haut fourneau fut inauguré en grande pompe par Mme Schneider elle-même en mai 1902...et s'éteignit en mars 1904. Une longue grève fut le prétexte à la fermeture, en fait liée à la stratégie tarifaire du Creusot. Sète n'a pas épousé son siècle.

HERVE LE BLANCHE

Sète 1900 : le port stagne.

Le principal commerce commerce de Sète (l'importation de vins) entraînait une intense activité de tonnellerie qui commençait à être menacée au début du XXè siècle. Et si le sel fit la fortune d'exploitants et spéculateurs, l'industrie chimique n'ouvrit pas de réelles perspectives d'avenir.

Conséquence de l'accroissement du commerce du vin, "pendant trois quarts de siècle, Sète a été le plus grand centre de tonnellerie du monde" (L. Dermigny Esquisse de l'histoire d'un port). On a compté jusqu'à 80 entreprises en 1877 (50 en 1902) dont les dirigeants prenaient des commandes considérables qu'ils sous-traitaient à des ateliers auxquels ils fournissaient la matière première. Les foudres et cuves étaient construits en chêne de Bourgogne et du Jura, les fûts ordinaires en bois étrangers. Par Trieste venaient les bois de l'empire Austro-Hongrois (Carinthie, Carniole-province autrichienne, Croatie). Puis, les ressources s'épuisant, on se tourna vers la Russie du sud, prospectée par Jean Chevallier. De la région de Kazan, du Caucase les bois gagnaient Sète soit par Saint-Petersbourg, soit par la Volga et Novorossiisk. Six grandes tonnelleries mécaniques fonctionnent à Sète et l'on fournit en barriques l'Espagne, la Grèce, la Turquie et, bien sûr, l'Algérie. Mais dès les années 1900, apparaissent les wagons réservoirs métalliques qui sont utilisés dans le domaine ferroviaire. Après 1930, ce sera le tour des bateaux citernes d'être construits, "la tonnellerie sétoise aura vécu".

Brouette, Barils, Vieille

Activité annexe : Sète approvisionne en bois de construction tout le Midi, le Centre et la vallée du Rhône. Les bois de Suède, Finlande, Russie sont parfois transformés sur place. Mais c'est une ressource naturelle locale qui contribue au rayonnement économique de Sète : le sel. On en produit depuis 1779 à Sète, puis après 1800-1830, au Bagnas (entre Sète et Agde), à Frontignan, à Mèze. Au milieu du XIXè siècle, la compagnie Rigal concentre l'exploitation, rachetant même le site traditionnel de Peccais près d'Aigues-Mortes. Et le sel blanc de la Méditerranée (préféré à celui de l'Atlantique) est exporté vers la Belgique, la Suisse, l'Allemagne, la Norvège, le Brésil (J. Sagnes, Histoire de Sète). Pour sa part, Louis Dermigny évoquait une activité surprenante : "le sel étendait ses débouchés auprès des morutiers de Saint-Malo, Saint-Servan ou Fécamp". Les morues salées des armements normands et bretons étaient revendues à Sète. "Et le retour des Terre-Neuvas donnait à la ville un aspect paimpolais". Séchées, les morues étaient exportées dans tout le Midi. Mais cette activité de séchage (située en particulier quai des Moulins) périclitera.

Elle faisait partie d'activités importantes mais, en quelque sorte, pré-industrielles. Sète aura moins de succès à développer la chimie et surtout la sidérurgie qui aurait pu être un fort levier de développement.

HERVE LE BLANCHE

LE VIEUX PONT DE BOIS DE SETE

Sète, port du vin dans le dernier quart du XIXè siècle

Sète, port du vin.

Dans le dernier quart du XIXè siècle, le dynamisme de l'agglomération sétoise ralentit. Certes, sa population a augmenté de 15 % entre 1876 et 1911, mais entre 1891 et 1896 la population a régressé. Car la ville-port a connu un évènement majeur dans les années 1880 : elle est devenue importatrice de vin.

Vin, Barils, Tonneaux De Vin, Vin Rouge

Les conséquences de la crise du phylloxéra ont fait de Sète le port du vin, évolution spectaculaire, mais débouchant sur d'importantes fragilités. Jean Sagnes (Histoire de Sète, Privat, 1987) souligne que "le phylloxéra détruit le vignoble et provoque la chute de production de vin français tandis que les besoins au niveau de la consommation demeurent". Sète ne peut plus exporter, mais a les moyens d'acheter du vin à l'étranger afin de le revendre sur le marché français. A partir de 1878, les "exportations se réduisent et les importations s'envolent". La baisse des exportations est due à des causes multiples.

La crise de production a renchéri le produit, de surcroît frappé de lourds droits de douane (plus de 100 % en Russie, 50 % en Allemagne). A l'étranger, on développe des vignobles, comme en Argentine. Et en Algérie, la production quadruple de 1878 à 1889. On acheta, pour alimenter le marché, des vins grecs, portugais, algériens et même, paraît-il, turcs (Bessière, BSH, 1991). Mais dans un premier temps, on eu recourt surtout à des vins espagnols.

Sète devint une des portes d'entrée des vins espagnols à destination de la région parisienne et du nord-est de la France. Ce trafic est facilité par le tarif consenti par la compagnie PLM : 28,50 F la tonne, contre 39,70 aux vins français. On fait valoir à Sète la concurrence de la ligne maritime Espagne-Gibraltar-Rouen (25 F la tonne). Mais le négoce sétois est impuissant face à l'adoption de tarifs douaniers protectionnistes réclamés par les députés des régions viticoles. Pourtant, en se tournant de plus en plus vers les vins d'Algérie, on peut tourner la loi protectionniste de 1895. Et les importations algériennes prennent un essor sans précédent quand, en 1899, est adopté un tarif douanier encore plus protectionniste.

De 65 000 hl de moyenne annuelle de 1873 à 1888, on passe à 649 000 hl de moyenne annuelle de 1899 à 1914. Et la compagnie du PLM accompagne le mouvement en accordant aux vins d'Algérie un tarif préférentiel. Les ventes de vin dans le nord-est de la France se stabilisent à un niveau élevé, conclut Jean Sagnes. Mais, souligne-t-il, c'est au détriment de la production languedocienne. Avant 1914, s'installe donc une situation qui durera jusqu'au début des années soixante : l'activité de Sète s'opposait à celle du Languedoc.

Cela ne favorisait pas le développement de la ville-port. Et puis, comme le soulignait le professeur Dermigny (Esquisse de l'histoire d'un port), le choix d'une quasi mono-activité n'était pas raisonnable. Mais Sète eut-elle vraiment le choix ?

Hervé Le Blanche

Aspirant Herber : la mort à Pékin.

Aspirant Herber : la mort à Pékin.

Pékin, Fleuve, Village, Palais D'Eté

De juin à août 1900, le siège du quartier des légations occidentales à Pékin est un épisode marquant de la révolte des Boxers prélude, malgré son échec, à d’immenses bouleversements dans la Chine d’avant 1914. L’aspirant Herber, comme les Français de Pékin, étaient les acteurs d’un des grands drames de l’Histoire.

Dans la capitale chinoise, après les massacres du mois de mai, les Européens se sont réfugiés dans les légations, vastes enclos ceints de murailles abritant hôtels, magasins, banques. 900 Européens et 3 000 chrétiens chinois sont défendus par 405 fusiliers alliés et 89 volontaires civils. À la légation de France, 45 marins sous le commandement du lieutenant de vaisseau d’Arcy et de l’aspirant Herber soutiennent le siège. Herber est un chef courageux, débrouillard qui mène à bien les brefs combats qui se succèdent : raid en ville pour sauver des chrétiens menacés, assaut des barricades des rues voisines, défense du mur d’enceinte. Le 27 juin 1900, la barricade de la rue de la douane, au sud de la représentation, doit être évacuée. Les Français refluent, menacés d’être enveloppés.

Herber monte sur le toit d’un pavillon pour diriger la manœuvre. Il est frappé d’une balle dans la tête. Quatre coolies et un prêtre l’enterrent provisoirement. Il n’entendra pas les canons des Japonais qui, après 55 jours de siège, délivrent les résidences. Ses funérailles officielles en Chine auront lieu le 22 juin 1902 en présence de sa famille, de M. Pichon ministre de France et de M. Rimbaud-Baille président de la Société de défense des intérêts de Cette.

Plus tard, il sera transféré à Sète, au cimetière marin, en présence de la famille, des camarades de promotion, d’amiraux et du représentant de l’Union coloniale française. On exalta son sacrifice. C’était alors « l’âge des empires ». La violence des Boxers était mise sur le compte de la nature particulière des « fils du ciel ». N’étaient-ils pas travaillés par une secte, « Le poing de la Concorde et de la Justice », qui, dans les transes et les cris, les persuadait de chasser les « diables d’Occident » et qu’ils étaient invulnérables ?

Arriération, superstition, bien sûr. Les étrangers, coupables de vie scandaleuse, étaient responsables des sécheresses, inondations, mortalités de l’année 1898. Télégraphe, chemin de fer, mines troublaient dragons et esprits. Mais le choc du monde moderne était difficile à supporter pour des Chinois subissant la domination des puissances. Les évêques en Chine avaient rang de hauts fonctionnaires et n’étaient pas justiciables des lois du pays. Les convertis étaient rétribués en riz. Les Européens et les Japonais abusaient de la Chine. Après les violences des Boxers, une expédition internationale rétablit l’ordre et imposa, par le Protocole de 1901, une indemnité de 450 millions de dollars (2 fois le revenu annuel de l’Etat chinois). La France en eut 16%, soit 256 millions de francs-or.

Alors, certes, l’aspirant Herber fait partie de l’histoire de Sète. Mais l’Histoire, c’est souvent « l’or et le sang », particulièrement Outre-mer.

Emile Doumet, le Sétois indépendant.

Hervé Le Blanche

"𝑳’𝑯𝑰𝑷𝑷𝑶𝑫𝑹𝑶𝑴𝑬 𝑹𝑨𝑽𝑨𝑮𝑬́ 𝑷𝑨𝑹 𝑳𝑬𝑺 𝑭𝑳𝑨𝑴𝑴𝑬𝑺" avec Faits Divers à Cette

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Septembre 1883

"Un immense incendie éclata le 15 septembre 1883, à cinq heures et demie du matin, dans l'hippodrome de l'avenue de la gare.
Avant qu'on ait eu seulement le temps d'accourir, les flammes enveloppaient tout l'édifice. En moins d'une demi-heure, tout était réduit en cendres.
On se perdait en conjectures sur les causes de cet incendie...
C'était même franchement incompréhensible. En effet, à cinq heures, les employés du chemin de fer qui se rendaient à la gare n'avaient rien remarqué d'anormal. À cinq heures et demie, tout avait brûlé.
Les premières personnes qui s’étaient approchées du foyer de l'incendie prétendirent qu'il s'en dégageait une forte odeur de pétrole. Ce qui laissait supposer que le feu était dû à la malveillance puisqu'il n'y avait pas de stockage de pétrole dans l'hippodrome................................"

FIGURES DE SETE : LE 1ER EPISODE AVEC LA VILLE DE SETE

Pour le premier épisode de la nouvelle web série hebdomadaire de la ville qui met en lumière les Sétoises et les Sétois qui rendent la ville si unique, rencontre avec Ginette Perez, vendeuse de tielles….
Des portraits à retrouver également chaque semaine sur la chaîne youtube de la ville de Sète : https://cutt.ly/GwCS1jKC

Noël Guignon, le républicain exemplaire.

Noël Guignon, le républicain exemplaire.

A Sète, le quai Noël Guignon participe de la perspective du canal, mais il est mal connu et le nom du personnage auquel il est dédié tombe peu à peu dans l’oubli. Et pourtant, celui qui fut le premier maire de Sète sous la République a tutoyé la grande Histoire et en a été un des acteurs.

Le quai Noël Guignon se situe de l’entrée de la rue Honoré Euzet au coude du canal marqué par une grosse maison bourgeoise à laquelle fait face un palmier. Au delà, c’est la darse où se reflètent la chambre de commerce et le Grand Hôtel. Si l’on tourne à droite, c’est le quai Rhin et Danube. Le personnage dont on a voulu perpétuer la mémoire n’avait rien d’un notable, même s’il a marqué une époque agitée, en France et à Sète. Il est un des sept enfants d’un menuisier habitant rue du Palais qui, venu de Rouen, avait épousé une « Cettoise » Françoise Cayrol.

Né en 1839, Noël Guignon fit son chemin dans la vie et devint maître tailleur de pierre. Dès sa jeunesse, c’est un républicain convaincu et il va se mettre au service des principes de la Grande Révolution. A 41 ans, il commence sa carrière politique en battant, pour le siège de conseiller d’arrondissement, un monsieur Domeyrou, docteur en médecine. En août 1870, il devient membre du conseil municipal. Or, en 1870, « l’année terrible », c’est la guerre avec la Prusse et les Etats allemands, la défaite, l’invasion. Le 3 septembre, la France apprend la capitulation de Sedan, la captivité de Napoléon III. La route de Paris est ouverte.

Le 4 septembre, à Paris, la foule envahit le Palais Bourbon où siège le pouvoir législatif. Face à l’émeute, les députés de Paris (républicains) vont à l’Hôtel de ville proclamer la République et se constituent en gouvernement provisoire. Le 5 septembre, à Sète, la foule chasse le conseil municipal, installe une commission municipale ; Noël Guignon est acclamé comme maire.

Un vent nouveau se lève sur la ville. Guignon lance un emprunt pour financer la Défense Nationale pour participer, avec des centaines de Sétois, à l’effort de guerre. Capitaine de la Garde Nationale, il rejoint une armée républicaine qui lutte contre les Prussiens : celle du Nord. Elle est battue et bat en retraite. Guignon rentre à Sète après l’armistice. Il devient membre de la nouvelle municipalité et redevient maire après les élections d’avril 1871. Et puis, un évènement va l’écarter du pouvoir.

En novembre 1872 lors du désarmement de la Garde civique, des citoyens crient « A bas Badinguet (surnom de Napoléon III) ! Vive la République ! » Une échauffourée s’en suit avec la troupe. Guignon s’interpose, proteste contre les arrestations arbitraires. Il est arrêté, révoqué, condamné à 3 ans de prison et 5 années de privation de droits civiques. La République faisait peur. Elle ne sera établie qu’en 1875 et consolidée dans les années 1880.

Noël Guignon peut le voir de son vivant. Il fut à nouveau conseiller municipal de 1878 à 1881, mais ne revint plus au premier plan. Il mourut en 1910 et, en 1912, la municipalité donna à un des quais de la ville le nom de celui qui avait su incarner un grand mouvement populaire.

HERVE LE BLANCHE