Manitas de Plata : Ce Sétois aux " doigts de fée ". Il aurait 102 ans

 

Manitas de Plata : Ce Sétois aux " doigts de fée ".

 Manitas de Plata (littéralement « petites mains d'argent », correspondant à l'expression en français « doigts de fée »), de son vrai nom Ricardo Baliardo, né le 7 août 1921 à Sète dans une caravane et mort le 5 novembre 2014 à Montpellier)


 
Manitas de Plata dont la traduction littérale est " petites mains d'argent " où " doigt de fée " selon une expression française, est né à Sète, dans une caravane, en août 1921. Il fait partie de ces guitaristes d'exception dont le peuple gitan a le secret. Manitas ne sait pas lire la musique, son jeu est instinctif.
 
Les gitans le surnomment " blond " ( prononcez beulon ), car il a les cheveux virant au roux et les yeux bleus, le monde entier ainsi que les siens, le reconnaissent sous le nom de Manitas de Plata ( de son vrai nom,  Ricardo Baliardo ".)
 
Il est issu d'une famille de Gitans d'origine espagnole. Au cours du pèlerinage des Sainte-Marie de la Mer, en 1955, le photographe Lucien Clergue le remarque, et en 1959 le disque " Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer " est publié. Mais le nom des musiciens n'est pas mentionné et c'est grâce à l'intervention de Jean Cocteau que les droits d'auteurs du disque sont reconnus.
 
À cette époque, Jean Cocteau déclare : " Le disque ne ressemble pas à ces conserves de beauté qu'on nous livre dans la cellophane. Il est direct et pur comme le style flamenco et voilà de la beauté prise au piège. On me parle d'une chicane au sujet du droit. Cela m'étonne. Aucune danse flamenco ne se ressemble, malgré un rythme ancestral. Ce disque est admirable et bien à vous et à vos camarades. »
 
Lucien Clergue expose ses photos à New York, et le producteur Alan Silver ayant remarqué une photo sur laquelle figure Manitas se renseigne, désireux de produire un disque. Il a en effet entendu un enregistrement effectué par Manitas, et veut faire découvrir à l'Amérique ce génie de la guitare. Lucien Clergue sert d'intermédiaire et un enregistrement a lieu en Arles, dans une chapelle médiévale désaffectée, nous sommes en 1963. Le succès est tel que Manitas se produit sur la scène du Carnegie Hall à New York.
 
À l'horizon 1967, Manitas parcourt le monde entier avec sa famille qui ne le quitte pas. Sa carrière se résume a plus de 93 millions de disques vendus pour 83 disques.
 
Lors d'une soirée hommage à son frère récemment disparu, et pour fêter ses 88 ans, Manitas se produit aux Arènes de Palavas les Flots. Il connaît la scène de l'Olympia de Paris en 2012, il est alors âgé de 91 ans.
 
La Grande Motte le reconnait " Citoyen d'Honneur " et c'est dans cette vile que Manitas se sédentarise. Victime d'un malaise cardiaque en 2013, il est hospitalisé à Montpellier. C'est à cette période que Manitas en appelle à la solidarité, car il est ruiné et malade.
 
L'association " La Roue Tourne" venant en aide aux artistes malades, accidentés de la vie et déchus le prend sous son aile. Très fatigué et âgé, il apparaît pourtant, sur un fauteuil roulant, au pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer, le 24 mai 2014. C'est là sa dernière apparition publique, Manitas de Plata, tire sa révérence, au cœur de la nuit du 5 au 6 novembre de la même année. Lors de ses obsèques, la communauté gitane et le monde entier lui rendent hommage.
 
De son vivant, le monde s'accorde à dire qu'il est le digne successeur de Django Reinhardt et indissociable du flamenco qu'il a popularisé, à travers le monde, tout au long de sa vie.
 
Manitas aurait eu 102 ans cette année.
 

 

 Philippe Raybaud