Des « Sétois » au Moyen-Âge.

Après l’effacement de l’empire romain d’Occident (Vè siècle après J.-C.), les documents manquent pour affirmer, dans l’ « Île », la présence d’habitants. Ce n’est qu’au IXè siècle, sous les successeurs de Charlemagne que l’obscurité se dissipe quelque peu. Et l’emplacement de ces anciens témoignages est toujours présent dans notre ville.

L’empire romain écroulé, ce qui deviendra le Languedoc eut une histoire tourmentée : il connut la domination wisigothique de 460 aux environs de 720, un intermède arabe, les raids du roi des Francs Charles Martel qui fut surnommé ainsi – le marteau – après ses interventions dans le Midi : prise de Narbonne en 738, pillage d’Agde et de Béziers, destruction de Maguelone… Que fut le devenir des gens de « Sète » durant ces siècles tragiques et obscurs ?

Les environs du mont Saint Clair sont-ils sortis de l’Histoire et sont-ils restés inhabités ou n’ont-ils connu qu’une population saisonnière ? Ont-ils servi de refuge ?

Après tout, perdu entre le ciel et les eaux, d’accès difficile, le mont aurait pu s’y prêter. Sous réserve de nouvelles trouvailles archéologiques, nous ignorons tout de la vie de « Sète » jusqu’au IXème siècle. Les auteurs de L’Histoire de Sète semblent penser qu’une certaine population s’est maintenue, vivant des ressources du milieu. Quoi qu’il en soit, ensuite, les textes carolingiens attestent d’une présence humaine au voisinage du mont Saint Clair.

En ces temps reculés, Sète était un domaine de l’abbaye de Saint Sauveur d’Aniane qui avait aussi des possessions près de Mauguio. D’après le diplôme délivré par le fils de Charlemagne en 837, on se livrait à différentes sortes de pêche, on exploitait les bois et cultivait des terres, au sein de quelques domaines ruraux au pied du mont Saint Clair, là où les alluvions ont formé une plaine qui deviendra celle des Métairies. Pas de grands domaines, ni encore de village. Tout au plus se préoccupe-t-on, sans doute, de fournir un lieu de culte. Mais ce qui a été, peut-être, la plus ancienne église de Sète a été consacrée au XIIè siècle (1146).

Elle était dédiée à saint Dié, martyr en Cappadoce et vénéré spécialement le 12 juillet à un moment où Saint Clair était inconnu. D’après certaines traditions, la pierre de l’autel contenant les reliques du saint aurait fait un voyage mouvementé, en particulier sur l’étang de Thau. Cette église était implantée près d’une source, à l’entrée du chemin dit de la croix de Marcenac qui monte vers Saint Clair en croisant le chemin de l’Anglore et rejoint le chemin de la Craque. Aujourd’hui, une croix marque toujours cet emplacement près du croisement avec le boulevard Camille Blanc. Cette croix date de 1783 quand la vieille église Saint Dié était devenue l’église Saint Joseph et que le cimetière fut déplacé au Barrou.

Cette croix était voisine de la métairie Grenier ; croix Grenier, elle prit le nom de Marcenac, un propriétaire voisin. Dans notre pays d’ancienne Histoire, la croix de Marcenac, près d’un boulevard à l’intense circulation automobile, témoigne d’une implantation médiévale.

 

Hervé Le Blanche