Petite histoire de la pêche sétoise.

Par Hervé Le Blanche

France, Sète, Port, Chalutier

Au centre du golfe du Lion, Sète a une situation favorable du point de vue de la pêche. De l'exploitation en bord de plage au chalutage sur les fonds du plateau continental (la planasse), les pêcheurs sétois et étrangers (Italiens, Espagnols) se sont efforcés de tirer sur les ressources du milieu naturel. Après des tentatives remontant parfois au Moyen-Age, les techniques de pêches connaîtront une véritable révolution au milieu des années soixante.

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Dans la brochure éditée pour le tricentenaire,du port de Sète, étonnamment, le professeur F. Doumenge décrivait les techniques de pêche et les genres de vie sans rappeler les données naturelles. Sète est une exception en Méditerranée, mer biologiquement pauvre à grande profondeur, peu propice au développement important des espèces marines. Au fond du golfe du Lion, Sète est précédée d'un vaste plateau continental favorable à l'expansion de la vie marine par ses plus faibles profondeurs : à près de 80 km du rivage, on peut trouver des fonds à – 170 m (Jean René Giffard, op. Cit.). Mais dans les fonds plus proches, entre 30 et 70 m, "la Bongasse", des unités plus petites peuvent ramener raies, bogues, capelans, céphalopodes.

C'est cette zone qui a été la plus exploitée jusqu'aux années soixante, selon le professeur Doumenge, avec l'utilisation du filet dit "boulietch". Cette pêche pouvait se pratiquer toute l'année, mais son apport était très irrégulier. Quand le résultat était bon, on ramenait des poissons sédentaires (Saint Pierre, rascasse) ou migrateurs (sardines, bonites). Après des techniques dérivant de la "traîne" de plage, les Sétois s'adaptent à la pêche au "bœuf" avec un filet "ganguy". Deux ailes de filet, tirées chacune par une embarcation, guident le poisson vers une poche.

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Face aux abus, le chalutage se fit individuel au début du XXè siècle et s'imposa dans les années trente. Désormais, de nouveaux bateaux apparaissent, reproduisant l'ordonnance des petits bâtiments océaniques, concluait F. Doumenge. Pour l'exploitation des espèces migratrices (sardines, thons), le spécialiste de la vie maritime remontait au XVIIIè siècle, avec l'apport des Provençaux et des Italiens (Gênois et Napolitains) qui, une fois la campagne finie, regagnaient la péninsule.

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Et les Sétois s'adaptèrent : ils apparaissent dans les comptes en 1870 et, en 1874, supplantent les étrangers. On utilise alors le filet "flottant" : une bande de filet, flottant verticalement dans l'eau à une profondeur variant avec le plombage et les cordages, où le poisson vient s'emmailler. La largeur des mailles varie de 14 mm pour la sardine, 25 mm pour le maquereau (veyrardier), 270 mm pour le thon. On pêche par les nuits obscures. Mais, soulignait F. Doumenge, les résultats étaient très irréguliers. Alors, on utilisa la lumière pour attirer les bancs de sardines dans un secteur étroit. Le banc était alors exploité par le passage répété des bandes de filet à l'endroit favorable.

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Mais les abus étaient nombreux (matériel important pour un résultat aléatoire), les captures étaient globalement insuffisantes. Il fallait évoluer.