Cette 1913, station climatique et balnéaire.

Déjà, avant la Grande Guerre, Sète s'efforçait d'attirer les touristes. En témoigne l'effort de publicité réalisé avec l'impression à 10 000 exemplaires du livret-guide du syndicat d'initiative, distribué gratuitement avec l'évocation de la géographie et de l'histoire de Sète, l'opuscule met en valeur les atouts de Cette pour devenir station touristique.

 Les avantages évoqués sont en résonance avec les préoccupations de l'époque, quand la pratique des bains de mer était associée à des considérations thérapeutiques . Et, au début du livret-guide, un rapport explique le classement de "la ville de Cette en station climatique", mais reste vague, notant que "Cette possède depuis assez longtemps plusieurs sanatoria marins", que la ville accueille durant la saison d'été "30 000 âmes" et que rien ne s'oppose à "l'élection de la ville de Cette en station climatique". En se reportant à la fin du livret, où est abordée la "médication marine", on apprend qu'un des avantages de Sète est le climat méditerranéen et que "avec le plus de profit pour l'organisme, la radiation solaire exercera sa généreuse et bienfaisante action".opus

Il y est dit aussi que la "vigoureuse minéralisation" de l'eau de mer et sa température plutôt fraîche (+23° en moyenne!) y donnent un "coup de fouet aux organes engourdis". On peut varier les médications : bains salés chauds (comme on en propose au Café de la plage), "hydrothérapie salée". D'ailleurs, le simple séjour sur le bord de la mer "impressionne heureusement l'organisme". Certes, dans l'eau, "l'impression première est parfois pénible", mais ces "phénomènes angoissants de contact s'amendent"…

 

Pour évoquer les plages de Sète, avec un style quelque peu endimanché, on prend quelques libertés avec le réel. La plage de la Corniche est située "dans un site pittoresque, presque un chaos de roches volcaniques". Elle est sise à 2km de la ville, mais elle y est reliée par un tramway électrique (un toutes les 10 minutes). Selon le guide, elle a surtout un but médical : le sanatorium annexe de l'hôpital Saint Charles et le lazaret protestant y sont établis. Mais le site le plus touristique est la plage située à proximité de la ville, celle qu'on appelait "la plage de la ville" avant qu'elle ne cède la place au bassin Orsetti. On vante la finesse et le moelleux du sable, "peu de plages peuvent en offrir un pareil" et "l'on peut hardiment se baigner pieds nus".

Et pour pouvoir se baigner dans des eaux claires et cristallines, il y a les cabines du Café de la plage (200 cabines particulières) ou de "l'immense et confortable établissement du Kursaal" près duquel "un service de prévoyance et de surveillance est assuré sur toute la plage". Pour l'agrément des baigneurs, le nouveau Kursaal (le précédent avait brûlé en 1910) qui se dresse à 25m de la mer offre, de mai à octobre, tous les soirs des spectacles variés : opéra, comédie, vaudeville, etc.

 

De quoi distraire les touristes de cette époque qui appartenaient aux classes aisées, en quête de dépaysement et de distractions et n'oubliant pas les bienfaits thérapeutiques des bains de mer.

 

Hervé Le Blanche