Le Grand Carnot.

 

Le 4 août 1889, la République honorait ses précurseurs. Entraient au Panthéon les dépouilles de La Tour d'Auvergne, Marceau, Baudin et celle de Lazare Carnot. Avec lui, entrait dans le Temple des gloires nationales l'<organisateur de la victoire> sous la Révolution qui laissa une œuvre scientifique mondialement connue.

Dernièrement vous avez pu lire sur Thau-Infos.fr que la voie qui relie le quai Léopold Suquet (délimitant le canal Royal) n'est ni une des plus importantes, ni une des plus actives de notre ville. Par sa situation et son tracé, elle est toutefois un témoignage de l'histoire de Sète. Elle a été baptisée du nom d'un grand républicain et d'un grand Français. Personnage emblématique de la Révolution dont les cendres reposent à présent au Panthéon, le Grand Carnot, comme on l'appelle aussi, n'avait rien de commun avec Sète, hormis la passion de la République.

Qui était Lazare Carnot ?

Lazare Carnot naquit en 1753 à Nolay, entre Bourgogne et Franche-Comté, dans le département de la Côte d'Or. Il fait partie de la fratrie des 7 enfants de Claude Carnot (avocat et notaire) et Marguerite Pothier. En bon rejeton de la bourgeoisie, il fréquente le collège d'abord à Autun chez les jésuites, puis dans un établissement parisien. Avait-il de l'ambition ? Il prépare l'examen d'entrée à l'école royale du génie de Mézières où il est brillamment reçu en 1771. Le corps du génie admettait les roturiers comme officiers. Est-ce là qu'il cultiva un don pour les mathématiques ? En tout cas, il fut visité par le démon de l'écriture. A 30 ans, en 1783, il écrit un très sérieux éloge de Vauban couronné par l'Académie de Dijon.

Capitaine en garnison à Arras, il entre à la société des Rosati et taquine les muses. Il y croise un certain Maximilien Robespierre. Auteur de chansons, de pièces légères, il n'en poursuit pas moins des travaux scientifiques : son Essai sur les machines en général qui énonce la loi de la conservation du travail, est de 1783. Mais, plus tard, en hommage au poète persan Saadi, il prénommera un de ses fils Saady.

 

Tête bien faite néanmoins, en accord avec les aspirations du Tiers Etat, il met son talent au service de la Révolution. En 1791, il est député du Pas de Calais à l'Assemblée législative, puis, en 1792, à la Convention où il rejoint l'extrême gauche, la Montagne. Ardent républicain, il vote la mort de Louis XVI en 1793. Il devient membre du comité militaire, puis, en août 1793, membre du Comité de Salut Public où il est délégué aux armées. Lazare Carnot fut celui qui organisa les 750 000 hommes de la République et jeta 5 armées vers les frontières menacées et 4 autres à l'intérieur (Vendée).

Pour encadrer la masse des conscrits nouvellement levée, on pratiqua "l'amalgame", encadrant un bataillon d'anciens soldats de deux bataillons de volontaires. Carnot préconisait l'offensive et, loin des bureaux parisiens, paya lui-même d'exemple. A Wattignies, près de Maubeuge, au dernier assaut contre le village, comme d'ailleurs le général en chef Jourdan, Carnot chargea fusil en main à la tête des colonnes françaises. Son activité, son action d'ensemble lui valurent le surnom d'organisateur de la victoire.

 

Il n'a peut-être pas tenté de modérer l'action des "colonnes infernales" en Vendée. Mais néanmoins, opposé à Robespierre et Saint Just, il poursuivra sa carrière après la chute de l' <Incorruptible>é, le 9 thermidor. En 1795, s'installe le Directoire. Carnot est un des cinq directeurs qui détiennent le pouvoir exécutif. Son action sera moins décisive, mais il restera un ferme républicain.

Hervé Le Blanche