La vision d'Henri IV pour la la côte méditerranéenne .

Le Coucher Du Soleil, Plage, Horizon 

 

En 1596, Henri IV peut s'appuyer sur un consensus dans le royaume. Tout en faisant face à la menace extérieure, il s'efforce de donner corps à un vaste projet civil"au cap de Cette". S'appuyant sur Henri 1er de Montmorency, "roi sans couronne du Languedoc", il tenta de réaliser une vision de l'avenir de la côte méditerranéenne entre Agde et Frontignan.

 

Nous sommes bien renseignés sur les intentions royales en 1596 grâce aux documents fournis par Emile Bonnet dans l'opus faisant écho à une conférence prononcée à la Société Archéologique de Montpellier, en 1928. Emile Bonnet (1863-1948) est né à Sète où une rue porte son nom, au quartier Haut. En effet, outre une carrière de juriste à Montpellier, il contribua à la connaissance de l'histoire de Sète en publiant, en 1890, Origine et transformations du nom de la ville de Sète et, en 1894 Recherches historiques sur l'île de Cette avant l'ouverture du canal des Deux Mers, étude la plus complète et la plus sérieuse sur Sète au Moyen-Age. Donc un historien rigoureux et une œuvre de bibliophile, numismate, archéologue. Pour étayer sa conférence sur "Le Premier port de Cette", il cite l'arrêt du Conseil d’État du 23 juillet 1596, obtenu des Archives nationales et publié pour la première fois (1928), ainsi que des lettres patentes mettant en forme l'arrêt du consul. D'incontestables documents illustrent la tentative d'Henri IV et l'action de Montmorency qui ajouta à ses titres celui de "comte de Sette". Il choisit, pour exécuter le projet, Pierre d'Augier, viguier et gouverneur de Bagnols, prévôt du Languedoc.

 

Celui-ci fut fait "gouverneur et capitaine des ville, château, port et anse de Sette". Il semble que le "château" visant à sécuriser le site fut rapidement construit. Au point le plus élevé du territoire fut élevé un fortin, construction circulaire défendue par 4 bastions. Il fut baptisé "Montmorencette", du nom du gouverneur, avec une désinence qui rappelait sa situation géographique. Ainsi serait protégé le port pour lequel le roi voyait grand. Il permettrait de faire la police des mers face à d'éventuels pirates et abriterait les grands navires "contraincts d'aller à Marseille ou Gennes, ce qui prive le Languedoc du commerce qui y serait commode et facille avec toutes nations et qui apporterait augmentation aux droits du Roy et richesse à la province". Et cette prospérité à venir permettrait d'établir, au cap de Cette, un centre de population. Il a plu au roi d'ordonner la construction "d'ung port de mer joignant la montagne de Sette au droyt d'Agde et pareillement une ville sur ladite montagne pour estre peuplée et habitée…" Cependant, remarque Emile Bonnet, "la réalisation de l'entreprise royale devait entraîner de grosses dépenses et il importait de trouver les fonds nécessaires pour y faire face".

 

Comme le projet intéressait au plus haut degré la prospérité de la province,on s'adressa aux Etats du Languedoc. En novembre 1596, le duc de Ventadour présente sa demande de subvention aux Etats réunis à Béziers. Ceux-ci seront-ils sensibles à l'évocation de la vision royale.

HERVE LE BLANCHE