Les régates de la Belle Époque, à Sète

Voile, Vieux Gréement, Mer, Eau 

 

La société nautique de Sète, fondée en 1863, connut un regain d’activité fin XIXè siècle – début du XXè, un moment qualifié plus tard de « Belle Époque » quand la nostalgie du temps d’avant la Grande Guerre mythifia ces années. C’est alors que les fêtes de la société nautique mobilisaient les notables sétois et non sétois.

C’est pendant l’été 1885 qu’eurent lieu les réunions les plus brillantes. Le 7 juin de cette année-là, il y eut une grande fête de la société nautique. Le temps était splendide. Les navires, dans le port, arboraient le grand pavois. Le « tout – Sète » était au rendez-vous : les officiers de la garnison, les notabilités dont M. de Montmajour commissaire de l’Inscription maritime et président honoraire de la société, M. Ruy Gomez le consul d’Espagne, yachtman distingué. Arrivés par le train, le préfet et l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées gagnent le Paul Bousquet de l’école des mousses pour assister aux courses. De nombreux donateurs avaient doté de prix les compétitions : le président de la République, le Yacht Club de France, le conseil général, la chambre de commerce, les compagnies de navigation (Fraissinet, Cyprien Fabre, Hispano - Française), le cercle du Commerce et même la brasserie de l’Esplanade. Trois yachts marseillais s’étaient déplacés, dont le redoutable Alcyon appartenant à M. Rocca. C’est lui qui remportera le prix d’ensemble et, après 2 heures de course, triomphera des sétois Darling, à M. Koester et Magali à M. Jansen. Il fera l’admiration des connaisseurs.

Darling triomphera aux régates suivantes dans la troisième catégorie (entre 6 et 12 tonneaux) devançant Marguerite, à M. Francke, malgré quelques difficultés réduisant sa vitesse habituelle. Certains propriétaires barraient eux-mêmes leur embarcation. Les négociants comme MM Francke, Fiat, Senes se faisaient un temps hommes de mer, dirigeant eux-mêmes la manœuvre, remplaçant le skipper professionnel. C’était alors une nouveauté. Et certains, comme le rédacteur du très sérieux journal Le Temps, voyaient là une bonne école pour futurs officiers de torpilleurs. Quoi qu’il en soit, les fêtes nautiques se développaient. En 1900, les yachtmen s’affrontèrent 3 fois, le 15 août, le 28 août (à l’occasion de la Saint Louis), le 9 septembre. Le 15 août, à 8 h du matin, face à la brise d’ouest, la flottille s’élança pour doubler le cap d’Agde. Ce fut Marga, à M. L. Sabatier, qui l’emporta devant Catalan, à M. Decattler et Véga à M. Bonafos. Marga remporta les régates suivantes, tandis que s’illustrait Maroussia à M. Falgueirette, négociant propriétaire bien connu à Cette. Un petit yacht de moins de 3 tonneaux (6 m de long), Tourbillon (à la famille Herber) était en proie à la malchance : contraint à l’abandon en 1894, il casse son bout-dehors le 9 septembre 1900.

C’était au temps où la foule se massait sur le môle, la rampe des Arabes pour voir les yachts régater lors des fêtes de la Saint Louis et de la société nautique. Le goût de la mer semblait venir aux notables. Allait-il gagner toute la société française ?

Hervé Le Blanche