L'infortune de Sette alors qu'à la fin du XVIIIè siècle, la ville-port était devenue le port d'exportation de vins et eaux de vie de tout le Languedoc

L'infortune de Sette.

Barils, Tonneaux De Vin, Vieille, Ancien

A la fin du XVIIIè siècle, la ville-port était devenue le port d'exportation de vins et eaux de vie de tout le Languedoc. Cependant, Sette devait faire face à une forte concurrence et les structures commerciales profitant des situations requises, Béziers, Pézenas, Lunel, ne permirent pas un important développement de la ville.

Le port du golfe du Lion exportait, nous dit A. Degage (Histoire de Sète), vers le littoral atlantique de la France, le pourtour méditerranéen, Le Havre, Dunkerque, la Hollande, l'Allemagne du nord, la Russie et même l'Amérique. Une part est envoyée à Bordeaux, donnant aux Graves "le corps et la force" qui lui manquent. Selon le même auteur, Sète, en 1774, exporte 9 fois moins de vin que Bordeaux, malgré les 147 177 hectolitres commercialisés. Le subdélégué Jean Mathieu Grangent écrivait en 1786 "… ajouter à cet avantage celui de la position des Bordelois vis à vis des consommateurs du Nord qui font diminuer à peuprès de moitié les frais de transport par mer et l'avantage d'une plus grande promptitude dans ledit transport à raison d'une proximité qui évite de plus grands coulages et déchets et les périls auxquels expose une plus longue navigation". Elevés avec plus de soins, les vins de Bordeaux et même de Marseille sont jugés bons en Europe ou en Amérique alors qu'ils ne sont pas supérieurs aux vins languedociens. Mais, les vins qu'on ne peut exporter alimentent une activité florissante à Sette : celle des alcools et eaux de vie. Le jus de la vigne est distillé : 4 à 4,5 litres de "vin brûlé" fournissent 1 litre "d'esprit".

Le distillat permet la production d'eaux médicinales et de senteurs dont une "eau de Cette" obtenue par macération de fenouillette et de genièvre. Mais les eaux de vie du Languedoc ne font pas qu'alimenter les apothicaires et droguistes. Leur goût et leur titre, écrit JM Grangent, "les rendent sans rivales sur les marchés étrangers". Les Anglais qui s'approvisionnaient à Barcelone "n'en viennent plus guère chercher aujourd'hui qu'à Sette". Mais le commerce d'eau de vie qui double celui du vin subit aussi la concurrence de Bordeaux qui exporte le "coignac". Pour JM Grangent, il faut mieux sélectionner les vins blancs et les distiller deux fois. Mais l'abondance (relative) et la qualité des produits ne font pas de Sette une grande place commerciale. A. Degage souligne que Sète ne possède ni Chambre de commerce, ni marché officiel des vins où se fixent les prix. Les centres commerciaux, les donneurs d'ordres dirait-on aujourd'hui, étaient à Montpellier, Pézenas, Béziers (principal centre de distillation). A Sète, ouvrent des succursales où des négociants agissent le plus souvent en tant que commissionnaires. En 1782, les négociants de Stte revendiquent l'établissement d'un marché hebdomadaire des vins afin de rapprocher vendeurs et acheteurs pour une bonne exécution des contrats.

A Pézenas, on jette feu et flammes et toutes les autorités de la province (Chambre de commerce de Montpellier, états, Intendant, inspecteur des vins et eaux de vie) s'opposent au projet. Et Sète ne devint pas le grand port de la Méditerranée occidentale.

Hervé Le Blanche