Vins , alcools, sel et bois à Sète.

Vins , alcools, sel et bois à Sète.

C'est bien au cours d'un gros demi siècle que Sète prit son essor. Le trafic du port fut plus que multiplié par 10. Mais Sète ne devint pas un grand emporium rayonnant sur tout l'espace méditerranéen. Le vin et le sel seront à la base du trafic portuaire.

L'Histoire de Sète nous apprend que, de 1835 à 1855, le volume des transactions du port est passé de 47 485 à 85 000 tonnes quand importations et exportations s'équilibrent. Or, est-il noté, le tonnage transporté passe à 265 000 tonnes en 1865 et les exportations prennent encore le dessus, 52,4 % du total. Car, malgré quelques mécomptes, le vin vin languedocien se vend bien. Probablement sur le marché français grâce au chemin de fer, mais également vers les pays du Nord qui entretiennent des représentations consulaires (Suède, Hanse, Oldenbourg, Russie).

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Au retour, des pays riverains de la Baltique et mer du Nord fournissent des blés et du bois. Et le succès est tel que les distillateurs manquent de matières premières. Il faut avoir recours aux vins étrangers (Espagne, Etats italiens, Grèce). Parallèlement, on développe, dans quelques grands domaines, les cépages qui permettent d'imiter tous les vins et toutes les liqueurs, à l'exception des vins de Bordeaux. Mais eaux de vie et vins d'imitation reculeront sur les marchés d'Europe du Nord et d'Allemagne, concurrencés par les alcools locaux pour les uns, conséquence, pour les autres, de la prohibition des "vins en franchise".

Crises et fluctuations des marchés influent sur le devenir de la tonnellerie, baromètre de l'activité portuaire. Quand les ventes de vin sont fortes (y compris en Algérie après 1840), les tonneliers traitent de 15 à 20 millions de douelles. Sète importe de Bourgogne, de l'empire austro-hongrois (Carinthie) par Trieste et Fiume, de l'Italie par Gênes, de Russie par Odessa. Ce large approvisionnement de bois merrain permit de surmonter la crise de l'oïdium (1866) en rendant possible le recours aux vins étrangers. Au milieu du XIXè siècle, un millier de personnes travaillent dans la tonnellerie malgré le chômage qui sévit une partie de l'année.

Les tonneliers se font alors calfats dans les chantiers navals. Mais si le sel fait la prospérité de la Compagnie Rigal exportant vers les grands ports de pêche et les pays d'Europe du Nord, le trafic de Sète subira quelques mécomptes. Les lignes d'Amérique péricliteront. Les 4 relations mensuelles avec l'Algérie sont adjugées à Marseille. Sète ne deviendra pas le port d'exportation des charbons méridionaux (de Decazeville à La Grand Combe) et si l'Algérie peut fournir du minerai de fer (Bou Amara, Mokta El Hadil), Sète ne sera pas un grand centre d'industrie métallurgique et chimique. Même la tentative de la Compagnie des moulins à vapeur de Sète, visant à utiliser les blés locaux, grecs, russes pour alimenter une biscuiterie, échoue.

Manque d'hommes, manque de moyens, s'interroge L'Histoire de Sète ? On peut penser que Sète n'entrait pas dans les projets des grands hommes de l'époque qui n'ont pas appréhendé les atouts et aptitudes de celle qui restera le ville du vin et des bains de mer.

Hervé Le Blanche