Aspirant Herber : la mort à Pékin.

Aspirant Herber : la mort à Pékin.

Pékin, Fleuve, Village, Palais D'Eté

De juin à août 1900, le siège du quartier des légations occidentales à Pékin est un épisode marquant de la révolte des Boxers prélude, malgré son échec, à d’immenses bouleversements dans la Chine d’avant 1914. L’aspirant Herber, comme les Français de Pékin, étaient les acteurs d’un des grands drames de l’Histoire.

Dans la capitale chinoise, après les massacres du mois de mai, les Européens se sont réfugiés dans les légations, vastes enclos ceints de murailles abritant hôtels, magasins, banques. 900 Européens et 3 000 chrétiens chinois sont défendus par 405 fusiliers alliés et 89 volontaires civils. À la légation de France, 45 marins sous le commandement du lieutenant de vaisseau d’Arcy et de l’aspirant Herber soutiennent le siège. Herber est un chef courageux, débrouillard qui mène à bien les brefs combats qui se succèdent : raid en ville pour sauver des chrétiens menacés, assaut des barricades des rues voisines, défense du mur d’enceinte. Le 27 juin 1900, la barricade de la rue de la douane, au sud de la représentation, doit être évacuée. Les Français refluent, menacés d’être enveloppés.

Herber monte sur le toit d’un pavillon pour diriger la manœuvre. Il est frappé d’une balle dans la tête. Quatre coolies et un prêtre l’enterrent provisoirement. Il n’entendra pas les canons des Japonais qui, après 55 jours de siège, délivrent les résidences. Ses funérailles officielles en Chine auront lieu le 22 juin 1902 en présence de sa famille, de M. Pichon ministre de France et de M. Rimbaud-Baille président de la Société de défense des intérêts de Cette.

Plus tard, il sera transféré à Sète, au cimetière marin, en présence de la famille, des camarades de promotion, d’amiraux et du représentant de l’Union coloniale française. On exalta son sacrifice. C’était alors « l’âge des empires ». La violence des Boxers était mise sur le compte de la nature particulière des « fils du ciel ». N’étaient-ils pas travaillés par une secte, « Le poing de la Concorde et de la Justice », qui, dans les transes et les cris, les persuadait de chasser les « diables d’Occident » et qu’ils étaient invulnérables ?

Arriération, superstition, bien sûr. Les étrangers, coupables de vie scandaleuse, étaient responsables des sécheresses, inondations, mortalités de l’année 1898. Télégraphe, chemin de fer, mines troublaient dragons et esprits. Mais le choc du monde moderne était difficile à supporter pour des Chinois subissant la domination des puissances. Les évêques en Chine avaient rang de hauts fonctionnaires et n’étaient pas justiciables des lois du pays. Les convertis étaient rétribués en riz. Les Européens et les Japonais abusaient de la Chine. Après les violences des Boxers, une expédition internationale rétablit l’ordre et imposa, par le Protocole de 1901, une indemnité de 450 millions de dollars (2 fois le revenu annuel de l’Etat chinois). La France en eut 16%, soit 256 millions de francs-or.

Alors, certes, l’aspirant Herber fait partie de l’histoire de Sète. Mais l’Histoire, c’est souvent « l’or et le sang », particulièrement Outre-mer.