Henri LOISON Président du Comité des Usagers du Bassin de Thau du Cycle de l’Eau communique au sujet du risque d'inversac

Henri LOISON
Président du Comité des Usagers du Bassin de Thau du Cycle de l’Eau communique au sujet du risque d'inversac :

 

LA SECHERESSE ACTUELLE FAVORISE-T-ELLE LE PHENOMENE D'INVERSAC?

"Le dernier phénomène d'inversac aura duré 15 mois, s'achevant en mars 2022, retour sur notre déclaration de 2020.
 

L’inversac est-il un phénomène naturel? (déclaration 2020)

Chacun a pu prendre connaissance des derniers évènements concernant un phénomène appelé inversac, se traduisant par une montée des eaux de l’étang de Thau dans la source d’eau douce « La Vise » et provoquant des arrivées d’eau chez des particuliers de la Commune de Balaruc-Les Bains.

Ce phénomène est-il simplement naturel où d’autres causes en sont elles l’origine?

On trouve des traces dans des ouvrages d’histoire naturelle de la source de l’Inversac qui a, de tout temps, était observée, aux XVIIIème et XIXème siècles par des scientifiques, le phénomène étant étonnant (« mésaventure des sources » de G. Bèze).

Plus récemment, dans son rapport public d’août 2010, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a étudié plus précisément le phénomène et ses causes.

Rappelons l’interruption de l’exploitation de la source CAUVY située sur la Commune de Balaruc-Les-Bains, par arrêté préfectoral du 08 septembre 2016."

"La source alimentait le Syndicat d’Adduction d’Eau Potable de Frontignan ( Communes de Frontignan, Balaruc-Les-Bains, Balaruc-Le-Vieux).

Deux raisons à cette interruption: la plus importante étant l’insuffisance de protection de la ressource au regard de l’urbanisation dans le périmètre de protection rapproché de la source (décisions prises malheureusement par les municipalités se succédant, la source est sur le territoire de Balaruc-Les-Bains); la seconde étant la mise en évidence de l’impact de l’exploitation de Cauvy dans la survenance des phénomènes d’inversac à la source sous-marine de la Vise.

Première ressource en eau anéantie en raison d’une action humaine et d’un phénomène naturel.

A ce stade, sachons que quatre sources étaient répertoriées, Vise et Issanka alimentées par Aumelas, Cauvy et Ambressac alimentées par La Gardiole.

Il reste donc La Vise et Issanka….

Quel avenir pour la ressource sur le Bassin de Thau?

Si le phénomène se reproduit régulièrement, sa durée est de plusieurs semaines voire mois, qu’adviendra-t-il de la source de la Vise qui assure l‘équilibre de l‘étang malgré un faible débit moins de 1m3 seconde (entre 300 et 500 litres/seconde).

Lors de nos réunions, nous insistons sur l’importance de la ressource, le Syndicat d’Adduction d’Eau Potable de Frontignan et la Commune de Sète achètent en grande quantité l’eau potable au  Syndicat d’Adduction d’Eau Potable du Bas Languedoc (EAU BAS LANGUEDOC) mais la ressource n’est pas inépuisable. (certainement 100% d'achat d'eau en 2023).

Les données du rapport du BRGM permettent de bien cerner le phénomène de l’inversac.

En situation normale, l’eau de l’étang de Thau s’élève et entraîne une montée équivalente de la nappe de La Vise.

La situation est anormale quand la montée de l’eau de l’étang de Thau est régulière mais que le niveau de la nappe de La Vise s’élève brutalement.

Ainsi, une montée des eaux de l’étang de Thau de 20 ou 30 cm peut entraîner une montée de la nappe de plus de 1m, 1,50m et au-delà.

Un niveau bas de la nappe de la Vise semble favoriser le phénomène.

L’eau de l’étang de Thau s’introduit dans l’eau de la Vise et les effets sont immédiats: modification de la qualité et de la température des eaux, rappelons que la source de la Vise est en relation hydraulique avec le système thermal de Balaruc-les-Bains.

Une inconnue demeure: à la lecture du rapport du BRGM, on peut douter de l’impact de la baisse de la pluviométrie; en effet, en 2010, le phénomène s’est produit alors que la nappe était plus haute qu’au cours des basses eaux d’une année normale.
D’ailleurs, cette remarque est présente dans le document « mésaventure des sources » de G. Bèze.

D’autres raisons sont à rechercher: bouleversement climatique, montée régulière des mers et océans, actions humaines et pompages inconsidérés comme par exemple dans les années 60 par les mines de bauxite de Villeveyrac qui risquent de rendre plus fréquent le phénomène, besoins en eau de plus en plus importants au moment où la ressource se raréfie.

D’où la nécessité d’une maîtrise de l’eau potable par un service public national  du captage à la distribution, en créant de nouvelles agences de l’eau en partenariat avec les collectivités territoriales.

Ce dernier épisode d’inversac prouve encore une fois la fragilité de notre environnement, de notre économie locale et permet d’affirmer que l’eau, bien universel, n’est pas une marchandise."

Henri LOISON
Président du Comité des Usagers du Bassin de Thau du Cycle de l’Eau