Valentine Schlegel, créatrice sétoise.

A plus de 95 ans, la plasticienne née à Sète en 1925 connaît un moment de reconnaissance exceptionnel. L'engouement pour son œuvre de céramiste a gagné le monde des architectes, designers collectionneurs. "Ses cheminées de plâtre font un tabac sur Instagram" (1). Et si, celle qui n'a jamais cherché la notoriété, était fidèle, au delà de l'enseignement officiel, à ses origines sétoises ?

Elle s'est initiée à l'artisanat dès sont enfance. Son grand-père est ébéniste, son père dirige un atelier de restauration de mobilier. Cette initiation aux arts de la main sera complétée par la connaissance des techniques du feu acquise à la Fédération des éclaireuses (scoutisme féminin) où elle adhère à 12 ans en 1937. Puisque l'inspiration artistique est là, il faut lui donner une consécration académique : en 1942, elle entre à l'Ecole des Beaux Arts de Montpellier où elle étudie le dessin et la peinture.

Et puis, éprise de liberté, en 1945 elle gagne Paris. Jusqu'en 1951, elle partage un atelier rue Vavin avec Frédérique Bourguet, une amie des Beaux Arts de Montpellier. Et là, est-ce la formation "sétoise" qui reprend le dessus ? Elle se lance dans la céramique et la sculpture. Avec son amie, elle produira des "pièces inspirées des céramiques antiques méditerranéennes" (2). Et grâce à cet "artisanat d'ouvrier", elle ne cessera de produire, entre 1945 et 1980, des objets du quotidien et des sculptures aux formes féminines ou bulbeuses.

 Celle qui "se laissa porter au gré des vents, des opportunités de la vie" n'était pas enfermée dans sa tour d'ivoire. Avec ses sœurs, Andrée l'aînée et Suzanne la cadette, elle était devenue l'amie d'Agnès Varda sous l'occupation. Elle partagera ensuite sa vie et elles resteront proches. Et en 1954, elle est directrice artistique de "La Pointe courte", le film Nouvelle Vague d'Agnès Varda. Il faut dire qu'elle avait acquis une solide expérience artistique en participant, dès 1947, au Festival d'Avignon dans le sillage de sa sœur Andrée, épouse de Jean Vilar. D'abord accessoiriste, elle "assiste le peintre et décorateur Léon Gischia pour la création des costumes" (3).

Elle sera régisseuse, costumière, souffleuse et deviendra, en 1951, "responsable de la régie générale du Festival". Et, apparemment fidèle à sa vocation, "elle fabrique aussi des santons représentant des personnages des pièces de théâtre qu'elle offre aux comédiens". Toujours la terre et toujours le feu. Ainsi, de 1954 aux années 60, elle travaille la céramique pour de grands vases, montés selon différentes techniques. Ils seront exposés dans des galeries parisiennes.

 

Mais cela n'explique qu'en partie son succès actuel. Elle a fait plus, poussant plus loin sa démarche.

 

  • 1) Le Monde magazine 11-19/11/2020, texte Sabine Maida
  • 2) article Internet
  • 3) - id. -