Sortilèges au 51 quai de Bosc.

 A cette adresse, à l'enseigne du "Vent se lève", se situe un vrai centre de production d'images (fixes ou animées), bien propre à émouvoir les sensibilités. Son animateur, M. Jean Milon, l'a ouvert en 2016 après un parcours original et il rayonne en France et à l'International. Et d'abord à Sète : il accueille, du 10 juillet au 29 août, l'exposition des photographies de Philippe Ormières, "Magies sétoises". Enchantement assuré.

ormieP1100847 (2)M. Jean Milon a été un adolescent que les formations académiques rebutaient. Il s'est formé autrement, guidé dans l'éveil par un maître, André Vik Mingus, écrivain-photographe. Par des lectures, le visionnage de photos, le décalque des grands tableaux classiques pour l'étude de la lumière, l'observation du réel (sans appareil photographique), il a entamé une démarche qui l'a conduit à devenir reporter-photographe pour l'agence "Viva, Compagnie des reporters".

Puis, au temps de la bande magnétique, il réalisa des vidéos, assura leur production.

Et puis ce fut l'enseignement comme maître de conférence à Lyon II.

Son maître avait des attaches en Languedoc-Roussillon et quand le fils de M. Milon vint à Sète se former aux matériaux composites, il le suivit d'autant qu'il y avait rencontré celle qui allait être sa femme.

Il y est devenu producteur de films, en particulier de documentaires pour des institutions, des entreprises ou la télévision. Parallèlement, il enseigne la formation à la photo, au cinéma, "du scénario au montage".

Et le 51 quai de Bosc est aussi une galerie qui accueille les œuvres de photographes, qu'ils illustrent l'art brut ou qu'ils soient de renommée internationale.

 

Et au cœur de l'été 2021, c'est un sétois de souche, Philippe Ormières qui montre des œuvres singulières, propres à charmer (au sens magique du terme) les âmes des visiteurs.

On ne peut qu'être étonné (subir un vrai ébranlement moral) face à l'audace de l'imagination de l'artiste. Une écumante tempête d'octobre ouvre l'exposition symbolisant avec les ganivelles en V (comme un sexe) la naissance du monde sétois. La réalité, saisie par des images de qualité, est distordue, reconstruite au sein d'un univers magique explicité par de courtes légendes, dans des "tableaux" de format carré au service de sa démarche. La scintillante grande vague, type Hokusaï, menace les visiteurs de la plage.

On a bien aimé "Le mal de mer" où une Méditerranée aux bleus profonds s'ordonne en un escalier gigantesque. La création d'un univers imaginaire est marquée avec hardiesse et intensité dans "les échelles de Dieu" où canaux, ponts et échelles dressent de menaçantes structures. Ce surréel, dépourvu de noirceur, est encore plus visible dans "La naissance de la Pointe courte" où des maisons courbes surgissent d'un profond canal. Au final, avec une touche de bonne humeur sétoise, une vaste tielle déploie ses ocres et ses bruns en un ensemble très esthétique.

 C'est le poulpe qui a dilaté la tielle. Il semble qu'il était mal cuit. Ce clin d’œil séto-sétois en point d'orgue de l'exposition permet, après l'émotion, le sourire.

Hervé Le Blanche...