Le prévôt d'Augier fut chargé par le connétable de Montmorency de concrétiser les projets d'Henri IV "au cap de Cette"

Pierre d'Augier de Bagnols, noble de robe et officier de justice, est celui qui fut chargé par le connétable de Montmorency de concrétiser les projets d'Henri IV "au cap de Cette". Il se dévoua à sa mission dont l'échec ne peut lui être imputé. En hommage à son action, aujourd'hui, une rue de Sète porte son nom. Elle relie en droite ligne le jardin de la Pierrerie au lieu-dit "Jardin des fleurs".

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Pierre d'Augier avait la haute direction des travaux ordonnés par le roi. Il avait sous ses ordres 2 officiers. L'un, Claude Jonet, puis Marc Martin, veillait à l'emploi des fonds pour la construction du port. L'autre, successivement Simon d'Alméras (1598), Marc de Martin (1599) et César Jonet (1600-1603) était chargé du contrôle général. Il avait l'obligation de résider à Cette. Au dessus d'eux se trouvait un surveillant des travaux ou "subrestan".

 

C'est l'ingénieur Jean Donnat Pitou, associé au sieur Emmanuel Desturbe, qui assurait la partie technique. C'est lui qui avait fait la meilleure offre pour la réalisation des travaux. Une sorte d'état-major veillait donc au travail des "trassaïres" (carriers), chargeurs et déchargeurs et des charretiers qui amenaient les blocs de pierre à pied d’œuvre. Pierre d'Augier, en quelque sorte le maître d’œuvre, consacra à ces travaux tout son temps, ses soins et son argent. Il négligea la charge de prévôt général du Languedoc, au point de cesser ses chevauchées à travers la province destinées à poursuivre "malfaiteurs et indésirables". Il s'en expliquera devant les états du Languedoc réunis à Pézenas. Et il allait même engager dans l'entreprise sa fortune personnelle.

 

En effet, à la suite du refus des états du Languedoc de participer au financement du projet royal en 1596, les fonds étaient fournis par une fraction de l'impôt sur le sel et par un impôt de 2 % sur les marchandises empruntant les graus de Frontignan et Maguelone. Et l'affaire va son train. En 1601, Pierre d'Augier assure que le port "est en bon état". Mais il fallut à nouveau solliciter les états du Languedoc : la fraction de l'impôt sur le sel avait été incorporée à la gabelle et l'impôt de 2 % était réduit de moitié. Le duc de Vantadour, représentant le connétable et gouverneur du Languedoc Montmorency, plaide par deux fois devant les états à Pézenas fin 1602. En vain. L'assemblée ne soutient pas le projet du roi et c'est à ce dernier de financer les travaux. Les fonds manquant, Pierre d'Augier emprunte sur son nom propre, engageant sa fortune personnelle en garantie de l'emprunt. Selon Degage (Histoire de Sète, Privat, 1987), la conduite des travaux ne peut que s'en ressentir : en 1603, une vingtaine d'ouvriers travaille à l'avancement du chantier des môles pendant 7 mois. Malgré certains progrès, d'Augier finit par se lasser et demande le remboursement des sommes avancées.

 

On peut méditer sur la nature du pouvoir royal à la fin du XVIè siècle, son degré d'autorité, ses faiblesses et le dévouement qu'il pouvait inspirer à certaines élites. Le cas du prévôt d'Augier était-il exceptionnel ?

 

Hervé Le Blanche