Etienne Ratyé, 1774-1846 fut maire de Sète : le bourgeois gentilhomme

Etienne Ratyé, 1774-1846 fut maire de Sète : le bourgeois gentilhomme.

Une plaque apposée sur une maison du début de la promenade Marty nous rappelle qu’en 1823 Etienne Ratyé, maire de Sète, offrit à la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI, épouse du dauphin de France, le spectacle de joutes somptueuses, les plus belles peut-être que Sète connut. A la différence de Grangent (autoritaire maire sous le Ier Empire) ou de Doumet une génération plus tard, la personnalité de Ratyé est quelque peu obscurcie dans la mémoire sétoise. Pourtant, outre le fait d’avoir contribué à armer des navires corsaires, il joua un certain rôle dans la cité, au début du XIXè siècle.

Etienne Ratyé naquit à Sète en 1774 quand Louis XVI arriva au pouvoir. Son père, prénommé également Etienne, était un négociant aisé (il s’occupa même de commerce du tabac avec l’Amérique), de ces notables qui semblent incontournables dans leur cité quel que soit le régime politique. Etienne Ratyé père est deuxième consul de la ville, lieutenant du maire choisi par l’évêque d’Agde en 1783. Il sera maire en 1791, sous la monarchie constitutionnelle. L’Histoire de Sète nous précise qu’il fut membre du conseil des notables de la commune montagnarde, ce qui ne l’empêcha pas d’être conseiller municipal sous la monarchie restaurée de Louis XVIII.

Ce qui semble vérifier l’assertion quelque peu sarcastique de l’historien du port de Sète, Louis Dermigny : « Sète semble, bien détachée du passé révolutionnaire, évoluer vers un royalisme fort peu doctrinal d’une monarchie centrée sur la liberté des mers et les traités de commerce. » En effet, sous le Ier Empire, de quoi les bourgeois de Sète avaient-ils souffert ? Peut-être d’un manque de liberté vis-à-vis d’un gouvernement réduisant le nombre des imprimeurs et de journaux du département. Peut-être de la menace de la conscription, encore que l’on puisse toujours acheter un remplaçant. Mais, surtout, du marasme du port. Avec la guerre sur mer, le commerce des vins et alcools périclite. Le port s’ensable. La ville ne compte plus que 50 tonneliers ; 600 chômeurs fréquentent la soupe populaire (Sète n’a pas 10 000 hab.).

Alors, entre l’abeille impériale et les lys de la monarchie, Etienne Ratyé choisit les lys, la paix et la reprise du commerce. En mars 1815 quand l’empereur revient, il est élu maire et il rend un grand service aux Bourbons. Le duc d’Angoulême (l’héritier) avait voulu arrêter la marche de l’usurpateur à Pont-Saint-Esprit. Trahi, battu, il se replie sur l’Hérault royaliste et Ratyé organise son embarquement à Sète. Son altesse royale ne sera pas prisonnière de l’ogre de Corse et Ratyé sera fait chevalier de La Peyrade. N’avait-il pas une propriété près de ce hameau ?

A lui les hochets du pouvoir : maire de la « bonne ville de Sète », il sera chevalier de Saint-Louis, officier de la légion d’honneur. Il s’invente des armoiries qu’il placarde sur les panneaux de sa chaise à porteur. Il peut jouer au propriétaire terrien soit dans son domaine de La Caze (près de La Peyrade), soit dans celui de sa femme, à Saint-Martin, à Agde. Le duc d’Angoulême puis sa femme honorent Sète de leur venue. Ratyé obtient une subvention pour creuser le port et mieux le protéger et semble se rallier aux flambeaux du trône et de la religion : n’installe-t-il pas, dans une ville déchristianisée, les frères des écoles chrétiennes (1826) ? Ce dévouement au trône et à l’autel ne l’empêchera pas de siéger (lui, le maire écarté en 1830) au conseil municipal jusqu’en 1840.

Il finira par se retirer à Agde, ayant servi quatre régimes politiques. Il fit souvent la part belle aux apparences, mais, sous quelque pavillon que ce soit, les affaires ne restent-elles pas les affaires ?

Hervé Le Blanche            

LOUIS XVI      Louis Xvi, Roi, Royalties, La France