Les conditions de l'essor de Sète (1839-1878)

Les conditions de l'essor de Sète (1839-1878).

C'est sur le temps long qu'il faut évaluer l'essor de l'agglomération sétoise. Il s'étale sur près d'un demi siècle quand se combinent croissance économique, montée en puissance du port, développement de la ville. Transports, main d’œuvre, capitaux font de Sète le 4è port de France.

Le développement de la ville-port est attesté par la croissance de sa population qui passe de 9 000 habitants en 1821 à 25 000 en 1878. Dans le même temps, Agde, la vieille rivale, n'en gagne qu'environ un millier. Mais Sète n'égale pas Béziers (31 000 habitants en 1878), devenue entre temps carrefour ferroviaire vers le Massif Central. Pourtant, c'est bien Sète qui accueillit la troisième ligne de voyageurs française avec, en juillet 1839, l'inauguration du tronçon Montpellier-Sète. Puis, la ville fut au débouché du réseau Talabot (Paris-Lyon-Marseille-Sète) dont la gare se situait aux environs de l'actuelle place Delille. Cette ligne était concurrencée par le Chemin de fer du Midi (des frères Pereire) vers Bordeaux à partir de la gare actuelle qui deviendra gare commune en 1858. Grâce aux frais de transport moindre, Sète peut rayonner sur tout le marché français. Et l'essor économique attire une main d’œuvre abondante : peu d'étrangers (3 % de la population), mais des gens de Provence, des pays rhodaniens, du Tarn, de l'Aveyron et même des côtes de la Manche et bien sûr, du Languedoc. Les immigrés deviennent cheminots, terrassiers, maçons et alimentent le groupe important des tonneliers. Sète deviendra le plus grand atelier de tonnellerie au monde. Le nombre des grands ateliers passe de 9 à 50 sous le Second Empire.

Autre facteur de croissance, les capitaux ne manquent pas. Le crédit est devenu plus large, dès avant 1848 où s'ouvre le Comptoir d'escompte de Sète. Et voient le jour les banques A. Martin, Catrix et Coste, Stanislas François, Bellotini. Viendront ensuite les banques Vieu-Fondère et Cie et le Crédit sétois. Notons que les grands établissements opérant à l'échelle nationale ne sont implantés que tardivement à Sète, comme la Société Générale, puis la Banque de France en 1880.Mais, si Sète gagnait en autonomie par rapport à Montpellier, elle semble à l'écart des grands maniements de capitaux qui sont la marque du Second Empire (1852-1870). Sète n'épousera pas tout à fait son siècle comme le montre ce retard et également l'échec de la métallurgie et de la construction des navires à vapeur. La ville royale a manqué là une possibilité de large expansion. Néanmoins, le mouvement des affaires nécessite la transformation du port. Tout un peuple de travailleurs s'occupe à draguer le port, ouvrir le chenal maritime (1864) bordé aujourd'hui par le quai Maillol, tenter de fortifier le brise-lame endommagé par trois fois au cours du demi siècle (1860,1861, 1863 quand la digue fut sérieusement endommagée). Le phare Saint Louis a été terminé en 1862.

Nouveaux canaux, nouveaux quais, une véritable mutation accompagne l'essor du trafic du port qui égale celui de Barcelone en 1863. Si ce n'est la "prospérité impériale", quelles activités nécessitaient de tels efforts ?

HERVE LE BLANCHE