Sète 1900 : le port stagne.

Le principal commerce commerce de Sète (l'importation de vins) entraînait une intense activité de tonnellerie qui commençait à être menacée au début du XXè siècle. Et si le sel fit la fortune d'exploitants et spéculateurs, l'industrie chimique n'ouvrit pas de réelles perspectives d'avenir.

Conséquence de l'accroissement du commerce du vin, "pendant trois quarts de siècle, Sète a été le plus grand centre de tonnellerie du monde" (L. Dermigny Esquisse de l'histoire d'un port). On a compté jusqu'à 80 entreprises en 1877 (50 en 1902) dont les dirigeants prenaient des commandes considérables qu'ils sous-traitaient à des ateliers auxquels ils fournissaient la matière première. Les foudres et cuves étaient construits en chêne de Bourgogne et du Jura, les fûts ordinaires en bois étrangers. Par Trieste venaient les bois de l'empire Austro-Hongrois (Carinthie, Carniole-province autrichienne, Croatie). Puis, les ressources s'épuisant, on se tourna vers la Russie du sud, prospectée par Jean Chevallier. De la région de Kazan, du Caucase les bois gagnaient Sète soit par Saint-Petersbourg, soit par la Volga et Novorossiisk. Six grandes tonnelleries mécaniques fonctionnent à Sète et l'on fournit en barriques l'Espagne, la Grèce, la Turquie et, bien sûr, l'Algérie. Mais dès les années 1900, apparaissent les wagons réservoirs métalliques qui sont utilisés dans le domaine ferroviaire. Après 1930, ce sera le tour des bateaux citernes d'être construits, "la tonnellerie sétoise aura vécu".

Brouette, Barils, Vieille

Activité annexe : Sète approvisionne en bois de construction tout le Midi, le Centre et la vallée du Rhône. Les bois de Suède, Finlande, Russie sont parfois transformés sur place. Mais c'est une ressource naturelle locale qui contribue au rayonnement économique de Sète : le sel. On en produit depuis 1779 à Sète, puis après 1800-1830, au Bagnas (entre Sète et Agde), à Frontignan, à Mèze. Au milieu du XIXè siècle, la compagnie Rigal concentre l'exploitation, rachetant même le site traditionnel de Peccais près d'Aigues-Mortes. Et le sel blanc de la Méditerranée (préféré à celui de l'Atlantique) est exporté vers la Belgique, la Suisse, l'Allemagne, la Norvège, le Brésil (J. Sagnes, Histoire de Sète). Pour sa part, Louis Dermigny évoquait une activité surprenante : "le sel étendait ses débouchés auprès des morutiers de Saint-Malo, Saint-Servan ou Fécamp". Les morues salées des armements normands et bretons étaient revendues à Sète. "Et le retour des Terre-Neuvas donnait à la ville un aspect paimpolais". Séchées, les morues étaient exportées dans tout le Midi. Mais cette activité de séchage (située en particulier quai des Moulins) périclitera.

Elle faisait partie d'activités importantes mais, en quelque sorte, pré-industrielles. Sète aura moins de succès à développer la chimie et surtout la sidérurgie qui aurait pu être un fort levier de développement.

HERVE LE BLANCHE