Aspects de Sète des années soixante.

A l'occasion du tricentenaire de la ville parut une brochure exposant les activités de Sète et leur passé. Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, l'agglomération était à un tournant de son histoire. Ses activités traditionnelles sont en difficulté et la cité semble pouvoir devenir le centre d'un complexe industriel.

Par Hervé Le Blanche

Le maire de l'époque, Pierre Arraut, préfaça l'ouvrage dirigé par Gaston Galtier, professeur de Géographie à la faculté des Lettres et président de la Société languedocienne de Géographie. Il fit le point des activités du port dans un article et indiqua les perspectives d'avenir. Avec un trafic global de 4 048 252 tonnes, il est le 7è port français après Marseille, Le Havre, Dunkerque, Rouen, Nantes-Saint-Nazaire et Bordeaux. 78 % du tonnage passant par Sète sont des importations alimentant les industries du bassin de Thau. Mais, de 1962 à 1964, le trafic du port a baissé de 30 % et le commerce du vin qui fit tant pour l'expansion de Sète est menacé. Après la guerre d'Algérie, les envois de vin baissent. Et Sète est concurrencé par Rouen pour alimenter la région parisienne.

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Barils, Whisky, Büttner, Büttnerei, Bois

"D'Alger à Paris, par Sète, il y a 1 500 km, par Rouen 3 000, mais le fret maritime est très bon marché" soulignait le professeur Galtier. Réagissant, les dirigeants du port de Sète ont obtenu de la SNCF la création de "trains complets" pour le vin, c'est à dire la constitution de trains entièrement chargés d'un seul produit. Et chaque jour, un train complet quitte Sète à destination des marchés du Nord. Le tarif du transport a baissé et l'écart avec Rouen s'est réduit.

Mais le chargement en wagon-foudre porta un coup mortel à la tonnellerie. En 1964, elle ne comptait plus que deux ateliers à Sète et encore 10 à Frontignan. Les bateaux citernes et les wagons foudres ruinèrent la tonnellerie sétoise. Et, concluait le professeur Galtier, "le trafic du vin est devenu une activité silencieuse et quasi invisible". Les vins importés à Sète servent au coupage avec les vins français. Chais et cuveries ont une capacité de 1 293 hl, répartis en quelques entrepôts, dont ceux de la Chambre de Commerce, de la Société sétoise de transbordement, les établissements Cordier… Ces noms ne sont guère connus du grand public. D'autres peuvent évoquer des souvenirs chez ceux qui avaient vingt ans au début des années soixante : la distillerie Capestan Métral sise au Souras-bas, la Société Saint-Raphaël Quinquina rue Paul Bousquet et quai de Bosc, ou le nom de la Compagnie générale Cinzano-Byrrh installée quai Vauban, de même que Noilly-Prat Compagnie et ses 27 salariés quai de Bosc. Résidences ou super marchés ont remplacé les entrepôts de demi muids où s'élaboraient les apéritifs à base de vin ou de mistelle (moût de raisin dont la fermentation est arrêtée par ajout d'alcool). Et puis Sète exporte le très prisé muscat de Frontignan.

Vins et alcools représentent 3,8 % des exportations et l'évolution du marché n'est pas favorable. Le trafic du vin ne peut que décliner. Les perspectives industrielles enflamment les espoirs. N'y a-t-il pas à Sète d'autres ressources ?

Côté Du Spey, Tonnellerie, Le Baril