EDITO

Le petit bout de la lorgnette

Un politique doit aujourd’hui paraître proche des gens et les caresser dans le sens du poil. Il doit attirer l’attention, être désirable, savoir faire de l’œil. Bref, il doit savoir draguer l’électeur. Construire un programme pour convaincre est devenu secondaire, communiquer pour séduire est plus important.

Les candidats s’entourent donc de publicistes, de sondeurs d’opinions, d’experts en marketing et plus récemment de scénaristes, de producteurs de cinéma et autres conteurs de fiction. Un clip  de campagne électorale ressemble à un clip pour la prochaine saison d’une série télévisée. Et maintenant que le roi des fake news est devenu le président du pays le plus puissant du monde, tout parait possible à qui sait manipuler l’opinion.

 En France, le dimanche 26 mai était jour d’élection. Ce lendemain de la clôture du festival de Cannes, avec 34 listes en compétition, la réalité dépassait le cinéma.

Malgré cette biodiversité politique qui ne doit rien au dérèglement climatique, malgré une offre pléthorique de candidatures, malgré un scrutin à la proportionnelle et malgré le clairon des medias sur une participation présentée comme exceptionnelle, la réalité est bel et bien que plus des trois quarts des français ne seront pas représentés au parlement européen. Sur les 51 millions de français en âge de voter, quelque 29 millions ne se sont pas exprimés : soit ils ne se sont pas inscrits sur les listes électorales, soit ils se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul. Sur les 22 millions qui se sont exprimés, 10 millions ont voté pour des listes qui n’auront aucun député, faute d’atteindre la barre des 5% des inscrits. Au total, 39 millions des français en âge de voter (76%) sont exclus de la représentation populaire.

Si on arrête d’analyser ce scrutin par le petit bout de la lorgnette, c’est donc sur cette désaffection qu’il faut s’interroger, bien plus que sur l’analyse des votes pour les candidats s’accrochant aux mamelles de Lepen ou à celles de Macron.

Le désintérêt des français pour les élections traduit donc une méfiance accrue des citoyens à l’égard des élus et du système actuel de la représentation populaire. Dans une enquête réalisée par le Cevipof, plus de la moitié des personnes interrogées déclarent ne faire confiance ni à la droite, ni à la gauche. Plus de 80% pensent que les responsables politiques ne se soucient guère des citoyens et, à leurs yeux, même les banques ont une meilleure cote que les partis politiques. Cette distance prise par les électeurs avec les élections ouvre la voie à une classe politique sans morale où de plus en plus d’ambitieux, d’opportunistes, de démagogues et de cyniques cherchent à faire carrière. Ne pas voter c’est finalement laisser le pouvoir aux aventuriers  et prendre beaucoup de risque pour la démocratie. 

Cette situation est le reflet d’une société en souffrance.  Ceux qui se refuse à voter sont  souvent ceux qui peinent à s’intégrer à la société : les habitants isolés, ceux des grands ensembles de banlieues, les personnes fragiles au plan social, économique ou culturel. Moins on est intégré à la société plus on  aura tendance à s’abstenir ou à ne pas s’inscrire sur les listes électorale. Les hors jeu de la société s’intéressent peu à la politique et quand ils le font, ils sont souvent tentés par les votes extrêmes, le rejet du « système » et la haine des « élites ». A l’inverse, 80% des enseignants, des professions libérales et plus généralement des diplômés de l’enseignement supérieur déclarent s’intéresser à la politique.

« Que faire ? » face à une telle fracture s’interrogeait déjà Lénine en 1902 dans un opuscule qui allait générer le bolchevisme. Il répondit avec une révolution qui conduisit au malheur du peuple. Si la solution n’est pas dans le chaos, elle n’est pas non plus dans une vision qui consiste à administrer l’État comme on gère une société du CAC 40.

Investir dans les machines ou dans le béton, quitte à s’endetter, paye politiquement car le retour peut être rapide : création d’emplois visibles, rentrées de taxes et moindre pression fiscale. Cela peut même être utile pour changer le modèle productif et préserver l’environnement. A long terme cependant, il est beaucoup plus payant d’investir sur les hommes, en particulier sur l’éducation. C’est ce qu’ont fait les pays qui sont en train de devenir les maîtres du monde et de reléguer l’Europe au second plan.

En Corée, chez les trentenaires, la part des diplômés de l’enseignement supérieur atteint déjà 70%. A Singapour, ville-état largement en tête du classement PISA qui mesure le niveau scolaire jeunes, le PIB par habitant est devenu le plus élevé du monde. En Chine, où l’enseignement supérieur était autrefois réservé à une infime minorité, quelque 8 millions de diplômés sortent  à présent chaque année des universités , dix fois plus qu’il y a vingt ans et deux fois plus qu’aux États-Unis. L’Inde qui devancera à son tour les USA au milieu du siècle, forme chaque année, plus d’ingénieurs de haut niveau que tous les pays européens réunis.

L’éducation, la santé, la qualité de vie et tous les thèmes vraiment importants pour notre futur étaient presque absents des élections européennes. La patrie des Lumières devrait pourtant se souvenir qu’investir dans les hommes c’est non seulement préparer l’avenir mais aussi promouvoir plus d’équité sans laquelle, la liberté et la fraternité républicaines n’ont guère de sens.

Rhadamante


 

Rhadamante

 

 

 

L'EDITO DU 21 AOÛT

De cette parolière et interprète qui anone ses onomatopées, critiquant, au passage, un texte bien construit, mais trop coloré, suivant ses propres convictions politiques, à cette même auteure soupçonnée de percevoir des «  aides à la création », la raison semble se perdre.

De cette avancée scientifique, qui pourrait permettre à l’homme de recevoir un rein de porc , à ces recherches sans cesse approfondies, l’espoir ne cesse de grandir au sein du corps médical.

De ces tests de préparation des «  JO 2024 » annulés pour causes de présence de bactéries dans le fleuve qui traverse la capitale, à ces analyses contradictoires et éventuellement effectuées trop rapidement, les questions se posent : « La Seine sera-t-elle suffisamment propre au moment de ces olympiades » ? « Les nageurs seront-ils atteints d’affections cutanées, cela vaut-il une médaille » ?

De cet autochtone Sétois, se croyant tout autorisé, désireux d’assister aux joutes de la Saint-Louis à la meilleure place et se permettant une tentative d’exclusion de touristes bien calmes, à ce même individu hurlant que ces visiteurs n’ont rien à faire dans les tribunes, le rêve d’une villégiature sympathique semble se dissiper. Mais qu’en penseront les commerçants qui vivent du tourisme durant ces saisons estivales ?

Finalement, nous marchons sur la tête, la tendance se confirme chaque jour. Pour l’heure, protégeons-nous de cette canicule qui provoque de par le monde des catastrophes irréversibles, avant que la planète, en un sursaut de bienveillance, nous accorde une dernière chance : celle d’entendre enfin ses appels au secours.

Philippe Raybaud.

La Cocotte-Minute siffle

Après les ratés pour les masques et ceux pour les tests de dépistage, la mise en place chaotique de la vaccination désespère nos concitoyens. La France se ridiculise par ailleurs aux yeux du monde. La presse étrangère a même trouvé un nouveau nom pour notre pays : l'Absurdistan.

De fait, l'année 2021 commence mal. Les atermoiements du pouvoir vont se traduire par davantage de décès liés à la pandémies. Les dépôts de bilan et les suicides vont se multiplier. Davantage de chômeurs viendront remplacer les gueules cassées des guerres d'autrefois.

En 2006, le pays de Pasteur était encore le premier du classement EHCI (*) qui évalue les performances des systèmes de santé européens. En 2018, avant la crise du Covid, la France ne figurait déjà plus dans les 10 premiers. En décembre 2020, Bloomberg classait la France au 34ème rang dans son évaluation de la gestion de la crise sanitaire par les différents pays.

Cette dérive mortifère n'est pas liée à la qualité de nos médecins. Celle-ci reste reconnue dans le monde entier : par exemple le patron de Moderna, le laboratoire américain à l'origine du premier vaccin anti-covid, est Français. Nos infirmières et l'ensemble des soignants ne sont pas davantage responsables, bien au contraire, leur dévouement empêche le système de s'effondrer.

La descente aux enfers de notre système de santé n'est qu'une illustration du problème plus global du déclin de la France. Le phénomène touche tous les secteurs, de l'industrie à l'agriculture en passant par le commerce et l'enseignement.

Le mal vient d'abord de notre bureaucratie et des redondances administratives. Ceux qui sont chargés de la mise en œuvre des politiques publiques sont beaucoup trop nombreux, à tous les échelons. La France ne sait plus faire de vaccin mais elle est imbattable pour produire des doublons dans nos 35357 communes, nos 1 001 communautés de communes, nos 223 communautés d'agglomération, nos 21 métropoles, nos 13 communautés urbaines, nos 18 régions, nos 101 départements et autant de préfectures.

Tout le monde s'occupe de tout mais plus personnes n'ose prendre ses responsabilités. La langue de bois a remplacé le français et le parapluie est devenu le principal outil de travail. Cette redondance administrative a aussi un coût : malgré sa moindre population, la France dépense 97 milliards d'euros par an de plus pour ses services publics que l'Allemagne.

Paradoxalement, nous manquons malgré tout de fonctionnaires sur le terrain : pas assez d'infirmières, d'aides soignantes, de policiers, de professeurs, de médiateurs culturels et sportifs pour encadrer la jeunesse, etc. Par contre, la décision symbolique de réduire le nombre de parlementaires a été reportée aux calendes grecques contrairement aux Italiens qui ont entériné par référendum la baisse de 30% du nombre de leurs députés et de leurs sénateurs.

Le mal français, source de gaspillage et de dysfonctionnement, c'est la suradministration au plus haut sommet de l'État. Plus grave encore, avec le développement du "pantouflage", l'énarchie et la haute fonction publique gangrènent à présent les grandes entreprises d'états et peu à peu celles du privé, entrainant, avec les mêmes pratiques bureaucratiques, la sclérose et la perte de compétitivité de l'économie toute entière.

Le Président de la République se trouve dans la même situation que Louis XVI avant la révolution française. La haute administration a remplacé le haut clergé. La classe politique, pléthorique et dotée de privilèges incompréhensibles, a remplacé la noblesse. Les caisses de l'État sont vides, l'endettement est abyssal, la fiscalité est écrasante, les inégalités et l'insécurité ne cessent de croître, la jeunesse se retrouve sans perspective d’avenir.

Le Président de la République va devoir endosser la responsabilité des erreurs accumulées depuis 50 ans par les dirigeants successifs. Il va devoir agir, vite et fort pour lutter efficacement contre la pandémie et au-delà redresser la France.

Un escalier se balaye en commençant par le haut. S'il ne veut pas être balayé lui même aux prochaines élections, il va lui falloir se hisser au niveau d'un Clémenceau ou d'un Churchill.

Les dirigeants sont élus pour diriger et pour agir, non pour avoir peur de leur ombre.


Jacques Carles



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(*) HCI : Euro Health Consumer Index

L'EDITO du 14 août.

De ces passeurs, pourvoyeurs de faux espoirs, fossoyeurs avides d’argent et sans aucun scrupule, à ces migrants assoiffés de liberté et presque toujours condamnés à vivre en fuite, le terme « HUMAIN » se meurt.

De cette terre qui hurle ses appels au secours à ces hommes sourd, de ces actes cruels à ces animaux abandonnés pour cause de départ en vacances, serions donc des vampires de la société.

Combien il est délicat, face à ces atrocités quotidiennes, face à ces monstruosités, d’écrire un édito optimiste et joyeux ?

Où que l’on tourne le regard, que l’on tende l’oreille et ouvre les yeux, rien ne peut nous encourager et nous porter à sourire !

Pourtant, de temps à autre, dans cette jungle, surgit un évènement positif, de ceux qui devraient maintenir l’espoir, la joie et le sourire.

La nuit des étoiles, dans notre région, n’a pas offert le spectacle espéré, trop de nuages gris bouchaient la vue, à croire que même le ciel nous a trahis.

Enfin, la cité Sétoise va vivre au rythme des fêtes de la Saint-Louis, du  17 au 22 août, célébrant ainsi la 279ᵉ édition de cette fête patronale. Manifestation rendant hommage au patrimoine maritime, aux joutes et aux traditions qui font la richesse de l’île singulière et lui donnent un supplément d’âme. Du soleil dans les yeux des touristes et Sétois mélangés, tout pour oublier, durant quelques jours, les tracas quotidiens.

Philippe Raybaud

Homo Sapiens pas si sapiens que ça

Il est communément admis par la communauté scientifique que ce qui différencie la branche des primates de celle des hominidés, c’est-à-dire la nôtre, fut la capacité à extrapoler, à se projeter dans l’avenir et agir en conséquence. Au Néolithique, la première révolution fut la découverte de l’agriculture qui nous permis de mettre en réserve des quantité de nourriture pour pourvoir aux disettes hivernales ce qui nous permis de nous sédentariser et de cesser de suivre les troupeaux dans leurs migrations annuelles. Elle permit aussi la création de sites humains fixes, les premiers villages et plus tard les premières grandes communautés urbaines telle que Ur en Mésopotamie. A partir de là les choses allèrent très vite, du moins à l’échelle de notre évolution.

Aujourd’hui nous sommes au sommet de cette courbe exponentielle et les deux révolutions industrielles, celle du charbon et la vapeur courant XIX° et celle du pétrole début XX° ont multiplié par dix voire par cent notre capacité à produire des biens et par conséquent notre capacité à agir sur l’environnement.

Cependant, dans cette palpitante aventure humaine nous avons plus ou moins sciemment laissé de côté une résultante néfaste à la consommation d’énergie fossile : son impacte délétère sur la santé de notre planète. L’écologie était une science toute nouvelle, balbutiante il y a une centaine d’années elle est devenue par la force des choses incontournable aujourd’hui. D’autant plus incontournable que nous vivons à crédit avec notre chère planète bleue depuis plusieurs décennies et en 2019, dès le mois de juillet nous vivons sur les réserves de 2020.

N’est-ce pas paradoxal pour un genre humain qui se sait au sommet de la chaîne alimentaire, qui a au cours de sa courte histoire terrestre accomplit des choses plus que remarquables tant dans les Arts, la Philosophie, la technique et l’ingénierie, un processus de pensée et de création qui nous a même mené sur la lune, d’avoir tant négligé, pour ne pas dire ignoré, l’état de santé de notre chère Gaïa ! Comment notre espèce, si presciente et prévoyante, en apparence, a-t-elle pu laisser se dégrader, à la limite de l’irréversibilité, et encore nous sommes optimistes, un équilibre écologique et climatique garant de notre propre survie ?

Le profit effréné et incommensurable sans doute, les déplacements de plus en plus rapides, le transport des biens toujours plus important et les disparités géographiques et sociales qui en découlent, mais là n’est pas notre propos, ont fait que l’avidité humaine a pris le pas sur la sagesse humble et candide des premiers âges.

Car les signes sont là, indubitablement là, les étés de plus en plus torrides de ces dernières années, la canicule précoce de cette année, le recul de la banquise et la montée des eaux, la disparition de nombreuses espèces, des pics de pollutions jamais encore répertoriés dans les grandes métropoles, l’augmentation des maladies pulmonaires, le déboisement aveugle et absolument pas concerté de nos forêts primaires et j’en passe, tout concourt à une résolution plus que catastrophique.

Est-il encore temps de rattraper le coup, ou plutôt sommes-nous capables de faire les efforts adéquats pour endiguer ce processus ? Ici nous nous adressons aux sociétés dites occidentales en y incluant la Chine, qui ont atteint un niveau de confort suffisant pour s’accorder le temps nécessaire à une réelle concertation.

Qu’allons-nous laisser à nos enfants qui eux prennent de plein fouet cette déliquescence écologique et qui semblent sûrement plus concernés que nous ?

En définitive notre capacité à extrapoler comme nous le précisions pêche par sa précipitation et sa boulimie de richesse. Une fois le profit immiscé dans nos consciences, l’essentiel a été négligé et l’état des lieux est désastreux. Avant nos enfants comptaient sur nous pour leur avenir, maintenant les rôles sont inversés.

L’homo Sapiens n’est pas si sapiens que ça...

A contre-courant plutôt qu'à contrecœur

Lors de la première vague de la pandémie, chacun sentait bien que l'origine profonde de nos maux n'était pas ce minuscule virus de 10 nanomètres de diamètre mais bien plutôt l'inconscience écologique des hommes.

De nombreuses espèces vivantes disparaissent mais cette perte de biodiversité, paradoxalement, favorise le développement des microbes qui pullulent plus que jamais1.

Le saccage de la planète pour satisfaire notre appétit de consommation est alors apparu clairement comme suicidaire. Dans une économie mondialisée, nous avons aussi pris conscience des effets pervers de la recherche du gain à court terme.

Nous avons découvert notre dépendance vis à vis de l'étranger pour des biens indispensables à notre survie : masques, médicaments et nombre de produits de base. Nous avons enfin réalisé que ceux qui assuraient les services essentiels à la marche du pays étaient les plus mal payés.


L'unanimité s'est faite au plan national. Elus et dirigeants de tous bords ont assuré qu'ils allaient œuvre aux profondes réformes nécessaires et changer de cap. Les citoyens eux-mêmes semblaient prêts à modifier leurs comportements. Nous avons cru à la possibilité d'un "monde d'après", plus solidaire, plus responsable, plus désirable.

Hélas, au sortir de la deuxième vague, malgré plus de 50.000 décès, les signaux se multiplient qui annoncent le retour en force du "monde d'avant".

Les retraites, les 35 heures, l'ISF et les thèmes précédant la crise sanitaire redeviennent d'actualité. Pour 2021, le gouvernement table sur un déficit de 7% du PIB. Pour combler le trou, la créativité des technocrates est donc de nouveau sollicitée pour imaginer de nouvelles taxes, des impôts qui ne disent pas leurs noms. Dans le même temps l'Allemagne réduit ses dépenses et mise sur un retour à l'équilibre budgétaire dès 2022.

La « République des camarades » déjà dénoncée par Clémenceau, reste éternelle. Les anciens ministres de Hollande, ceux de Sarkozy et les opposants professionnels qui occupent la scène depuis des décennies reviennent sur les plateaux de télé.

Même le plastique et le jetable ont retrouvé une nouvelle jeunesse avec les masques, les blouses, les écrans de protection en plexiglas, etc. La loi du début de l'année interdisant les pailles et les couverts à usage unique semble bien loin.

Avec l'annonce du premier vaccin contre le Covid-19, les cours des bourses se sont envolés à Paris comme à New-York. Les groupes pharmaceutiques ont flambé en premier mais tous les autres ont suivi. Air-France KLM en hausse de 30% annonce ainsi le retour des affaires et des touristes du monde d'avant. A peine déconfinés, ils s'apprêtent à partir à l'autre bout de la planète, dans un hôtel cinq étoiles avec piscine, à quelques centaines de mètres d'un bidonville où 10 000 personnes manquent d'eau potable. D'autres plus modestes iront dans quelques mois s'entasser sur les plages de notre beau Languedoc. Ils contempleront les flots bleus d'une Méditerranée qui agonise sous les déchets mais trouve encore le moyen de servir de sépulture aux migrants venus d'Afrique.

En attendant ces vacances de rêve, l'économie est devenue la nouvelle urgence de ce mois de décembre. Le déconfinement s'accélère. Noël se prépare. Le foie gras et le champagne seront bientôt en rupture de stock. Le réveillon sans couvre-feu de la saint Sylvestre relancera la troisième vague. A temps pour permettre aux laboratoires pharmaceutiques de mieux écouler les millions de doses de vaccin et d'assurer le retour de leur investissement.

L’espoir que tout change s'éloigne.

Je fais malgré tout partie de cette poignée d'optimistes qui croit que l’humain redeviendra un jour la priorité de notre monde. En attendant, mieux vaut aller à contre-courant qu'à contrecœur.

Jacques Carles

1 J.Carles et Michel Granger. L'Apogée, l'Avenir en Perspective.

L’éducation est une priorité

La rentrée 2019 est une occasion de rappeler que l’éducation ne doit pas être une préoccupation secondaire.  Elle est une priorité susceptible d’apporter une solution aux principaux problèmes auxquels notre pays est confronté. Encore faut-il savoir de quelle éducation on parle.

En Irak, l’éducation était aussi la priorité de l’État islamique pour former des jeunes intégristes aptes à mourir pour Allah. Dans l’Allemagne nazie, Hitler accordait une attention toute particulière à l’éducation de la jeunesse pour lutter contre la « nocivité » des valeurs héritées des Lumières. Le sport et la morale germanique étaient ainsi bien plus importants que l’enseignement scientifique. L’État se devait par ailleurs de corriger les erreurs de nombreux parents incapables de comprendre la nécessité de préserver la « pureté du peuple ». Au Cambodge, dès leur arrivée au pouvoir, les khmers rouges ont mis en place un programme de « rééducation »…

En France, l’école laïque, gratuite et obligatoire, fondée sur l’idée d’égalité du service public, dans les années1880, a forgé notre identité républicaine. L’école de Jules Ferry constitue aujourd’hui encore le socle de notre système éducatif. Les défis auxquels nous sommes confrontés ne sont cependant plus les mêmes que sous la Troisième République.

A l’époque, la révolution industrielle modifiait en profondeur le travail manuel. Les machines démultipliaient la force musculaire, obligeant la société à s’adapter à ce nouveau contexte. Aujourd’hui, une autre révolution technologique est en cours. Elle sera d’une ampleur bien plus grande encore que la précédente. Les changements déjà visibles avec l’informatique, l’internet et les nouvelles formes de communication ne sont que les prémices des bouleversements à venir avec l’arrivée de l’intelligence artificielle. Contrairement aux clichés circulant sur la prise de pouvoir par les robots, l’intelligence artificielle restera un outil maitrisé par l’homme.

Cette fois c’est la capacité intellectuelle du cerveau humain qui sera démultipliée dans des proportions comparables à ce que la révolution industrielle a permis pour la puissance physique. L’impact de l’intelligence artificielle sur l’humanité sera considérable et dépassera sans doute ce que nous pouvons imaginer.

Le score de plus en plus médiocre des élèves français dans les enquêtes internationales montre que notre pays est mal préparé pour affronter le futur tsunami qui s’annonce. La baisse de la qualité de notre enseignement devient un frein à notre prospérité et condamne de plus en plus de citoyens à l’errance professionnelle. Autre signe inquiétant, l’illettrisme qui touche quelque 2,5 millions de français. Ces personnes ont bien été scolarisées mais elles n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, du savoir minimal pour être des citoyens à part entière, autonomes dans la vie courante.

La France dépense nettement moins pour ses élèves que les pays voisins mieux classés. C’est sans doute une des causes du décrochage mais ce n’est pas la seule. Donner davantage de moyens à l’école est une condition nécessaire mais pas suffisante. Dans un monde qui change, la comparaison avec les pratiques de pays performants en la matière montre que notre système éducatif doit impérativement évoluer pour prendre en compte les nouvelles donnes sociétales et technologiques.

Une vraie réforme de fond n’est cependant pas simple. Comment éviter l’instrumentalisation électoraliste du sujet ? Comment éviter les querelles idéologiques qui opposent le public au privé ? Comment éviter les réflexes corporatistes des enseignants et valoriser néanmoins leur savoir-faire ? Comment bâtir un projet national qui soit respectueux de l’autonomie des écoles pour prendre en compte les spécificités locales? Comment penser le système de demain en associant les citoyens, indépendamment des pouvoirs dominants en éducation ?

Comme toujours, le « pour quoi » est plus important encore que le « comment ». Définir avec précision les buts visés à long terme devrait être la première étape pour replacer l’éducation au coeur de notre modernité. Seule une politique éducative ambitieuse en ce sens, qui voit loin et large, avec des objectifs clairement affichés et expliqués, permettra de légitimer la nécessaire refondation de notre école pour préparer nos concitoyens au monde futur.

Rhadamante

Fanatisme : ce mois-ci l'éditorialiste d'Oc-infos cède la plume à Voltaire

En 1763, Voltaire publie son Traité sur l'intolérance. Ce texte vise la réhabilitation de Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour avoir assassiné son fils afin d'éviter que ce dernier ne se convertisse au catholicisme.

L'année suivante, en 1764, il définit le "Fanatisme" dans son Dictionnaire philosophique, dont nous extrayons ci-dessous l'essentiel.

"Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un enthousiaste ; celui qui soutient sa folie par le meurtre est un fanatique. […]"

"Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d'être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l'esprit l'exemple d'Aod, qui assassine le roi Eglon ; de Judith, qui coupe la tête d'Holopherne en couchant avec lui ; de Samuel, qui hache en morceaux le roi Agag. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l'Antiquité, sont abominables dans le temps présent ; ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne."


"Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage ; c'est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu'ils doivent entendre."

Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?


"Ce sont d'ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains.

Ils ressemblent à ce Vieux de la Montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait."

 Voltaire


"Fanatisme", Dictionnaire philosophique, 1764

Vive le vélo

L’Hérault a la chance de se situer sur 2 itinéraires cyclables européens : la route 8 baptisée « la Méditerranée à vélo » qui relie l’Espagne à la Grèce et la route 17, baptisée « Via Rhôna » qui s’étend du Leman à la Méditerranée. Nos villes du littoral jalonnent ces voies : Marseillan, Sète, Frontignan, Vic- la- Gardiole, Villeneuve-lès-Maguelone, Palavas, etc.

L’Hérault est aussi le département français qui possède le plus grand réseau de pistes cyclables. Une place d’excellence qui sera consolidée avec le nouveau plan « Hérault Vélo » et les 30 millions d’investissement prévus par le Conseil Départemental entre 2019 et 2024.

 A Montpellier, les pistes cyclables se multiplient et le succès des vélos en libre-service témoigne de l’intérêt que portent tant la municipalité que les citadins pour la petite reine.

Autour de l’étang de Thau, de nouvelles pistes se réalisent comme la superbe double voie qui va bientôt compléter la liaison entre la gare de Sète et Balaruc-les-bains.

A Frontignan, la politique du développement économique et touristique responsable permet de faire découvrir à vélo les plages, les étangs et le canal du Rhône à Sète. 

 Les associations locales (Vélocité à Montpellier, La Roue libre de Thau dans l’agglomération sétoise, Union Cycliste de Marseillan, etc.) sont pour beaucoup dans cette prise de conscience de l’intérêt du vélo dans notre région et de la nécessité d’un nouveau rapport à l’espace urbain Elles sont su allier l’esprit militant à une démarche intelligente qui les a conduit à devenir des partenaires auprès des institutions publiques pour les aménagements cyclables et l’organisation d’événements destinés à promouvoir tous les usages du vélo.

Il faut les féliciter et les soutenir encore plus vigoureusement car beaucoup reste à faire, notamment en zone urbaine où les pistes cyclables sont toujours nettement insuffisantes malgré les efforts des municipalités en place.

 A Montpellier et à Sète, pour se déplacer en ville, les cyclistes n'ont souvent pas d'autre choix que d'emprunter la voie publique où règne la loi du plus fort. Le partage de la route est alors une vue de l’esprit : c’est le plus gros qui gagne. La voiture toute-puissante n’a que faire du cycliste. Il faut être courageux pour risquer sa vie dans la jungle urbaine d’autant que la politesse, la courtoisie et le simple respect du code de la route sont devenues des denrées rares chez les automobilistes.

 Le vélo, classique ou électrique, efficace, peu onéreux, respectueux de l’environnement doit devenir un vrai moyen de transport pour aller travailler, faire ses courses, amener les enfants à l’école ou tout simplement se promener et faire un peu d’exercice. En Allemagne, pays comparable à la France, le vélo est 3 à 4 fois plus développé que chez nous. Une ville comme Brême, comparable à Montpellier par sa taille et son grand centre-ville touristique totalement piétonnier, dispose de 600 km de voies cyclables urbaines. Les trottoirs de la plupart des rues sont aménagés avec des voies cyclistes et des voies piétonnes. Avec une part modale vélo de 30 %, Brême est devenue la « ville des vélos ». Chez nous la part modale du vélo est de 2 % !

 Bien souvent quand deux cyclistes se croisent ils se sourient ou se saluent.  Le vélo est vecteur de convivialité et de rapprochement entre les citoyens. Aussi rien d’étonnant à ce que le vélo soit devenu la première activité physique préférée des Français. Espérons que les candidats aux futures élections municipales de 2020 en tiennent compte dans leurs programmes de campagne.

 

Rhadamanthe

Covid 19 : le symptôme d'un mal plus grave ?

La disparition en cours de nombre de formes vivantes ne signifie pas pour autant la fin de la vie. La vie est vigoureuse sur Terre. Autour de Tchernobyl, l’homme ne peut survivre mais la vie y est exubérante : la flore et la faune se sont adaptées à la radioactivité. Depuis des millénaires, la forêt méditerranéenne a appris à vivre avec le feu. Sur les terres incendiées, la végétation reprend vie rapidement et une microfaune pullule. Par ailleurs, les micro-organismes ne semblent pas subir de phénomène d’extinction. Bien au contraire, il semble que l’action de l’homme et les pressions de sélection qu’il engendre contribuent à augmenter la diversité microbienne. A la différence des animaux et des plantes, les microbes ne disparaissent pas du fait de l’inconscience écologique des hommes. Au contraire le monde de l’infiniment petit pullule plus que jamais. Il mute, se transforme à grande vitesse et occupe les vides biologiques créés par l’homme. Cette vitalité de la biosphère microscopique pourrait expliquer pour partie le retour des pandémies.

Les pandémies ne sont pas nouvelles dans l’histoire de l’humanité. De grandes hécatombes comme les pestes noires ont frappé les esprits mais elles étaient relativement peu fréquentes. Plusieurs siècles s’écoulaient entre deux pandémies majeures. Depuis la révolution industrielle et la mondialisation, ce n’est plus le cas.

Les hommes se sont concentrés dans de grandes zones urbaines favorisant la promiscuité ; leurs activités altèrent le climat et bousculent l’équilibre du vivant. Pendant que l’espèce humaine épuise les forêts, les terres et les océans, de nouveaux agents pathogènes se répandent. De nouveaux virus et de nouvelles bactéries suivent les hommes et leurs produits qui vont et viennent partout sur la planète.

Dès le début du 20ème siècle, les grandes épidémies réapparaissent et leur fréquence augmente. Entre 1918 et 1919, la grippe espagnole fait entre 50 et 100 millions de morts. La grippe asiatique, dans les années 1950, et la grippe de Hong-Kong, dans les années 1960, font chacune plus d’un million de morts. Dans les années 1980 le sida fait son apparition ; à ce jour, malgré les trithérapies, il est responsable de près de 40 millions de morts.
Depuis les années 2000, les maladies endémiques deviennent récurrentes. En 2002 le Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) fait son apparition en Chine et s’étend à une trentaine de pays. Il provoque des pneumonies aiguës souvent mortelles. En 2009 et 2010, le H1N1 et ses complications respiratoires tue plus de 200.000 personnes dans le monde. En 2012, le terrible virus du Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient (SRMO) tue 40% des personnes infectées. Depuis son apparition, en 2013, le virus Ebola tue chaque année des milliers de personnes en Afrique. Aujourd'hui le COVID-19 est responsable d’une crise mondiale majeure et déjà de centaines de milliers morts.0

A chaque pandémie, une course s’engage pour trouver un remède. La science seule ne permettra cependant pas de résoudre le problème plus profond qui résulte des atteintes portées à la nature par l’homme. Si l’espèce humaine ne modifie pas sa relation à son environnement, si elle n’adapte pas son économie au-delà de la recherche du gain à court terme, si elle ne parvient pas à adopter un comportement collectif responsable, il faut s’attendre à des pandémies de plus en plus mortelles. La Covid 19 pourrait alors n'être qu'un apéritif.

Jacques Carles

Privilèges

Les français bénéficient de nombreux avantages collectifs: gratuité de l’école, sécurité sociale, hôpital accessible à tous, liberté d’expression, etc. Ces acquis de haute lutte ne sont même plus perçus tant ils paraissent naturels et obtenus pour toujours.

 Par contre les français perçoivent les avantages individuels, d’autant qu’ils sont nombreux à bénéficier de petits à-côtés.

Les agents d’EDF sur le terrain travaillent souvent dans de dures conditions et peuvent être appelés de jour comme de nuit 7j/7. D’autres dans les bureaux sont un peu moins sollicités mais tous, en activité ou en retraite, bénéficient de petits avantages qui pris globalement ne sont plus négligeables. La cour des comptes en a dressé un catalogue impressionnant dans son rapport public de 2019.

Les cheminots ont souvent des conditions de travail difficiles et des horaires qui ne ménagent pas leur vie de famille. Cela justifie nombre des compensations qui leur sont accordées mais pas toutes. La Cour des comptes dénonce aussi le système des « facilités de circulation » qui permet à plus d'un million de personnes de voyager pour pas cher… Le coût de ces billets gratuit est d’autant plus faramineux qu’ils ne sont pas accordés qu’aux salariés : les familles, les retraités et même certains élus en profitent sans compter.

A Air France des billets d’avion à prix discounts sont aussi accordés aux salariés et à leurs familles ; les vols peuvent même devenir gratuits pour les navigants et les dirigeants.

Une logique similaire est courante dans de nombreuses entreprises privées : un salarié du groupe Accor, par exemple, bénéficie de réduction substantielles pour ses réservations de chambres d’hôtel en France ou à l’étranger.

Les enseignants sont de moins en moins considérés. Pourtant l’avenir du pays dépend de la qualité de leur travail et de leur motivation. Revaloriser leurs missions et corriger les méthodes de gestion de leur carrière est donc une priorité. Cela n’empêche pas les enseignants d’avoir eux aussi leurs privilèges : vacances généreuses et retraite dans de bonnes conditions.

Les militaires et autres professions à risque méritent de partir plus tôt en retraite mais beaucoup d’entre eux entament ensuite une seconde carrière et touchent ainsi pension et salaire. Le cumul entraîne ensuite une seconde retraite, un privilège différent de la prise de retraite avancée pour les risques encourus au front.

La plupart des médecins sont admirables mais quelques uns le sont un peu mois et n’hésitent pas à demander des suppléments d’honoraires indécents à des petites gens atteintes de maladies graves.

La plupart des notaires sont irremplaçables. Ils évitent bien des soucis aux familles mais quelques uns profitant de leur situation de monopole, gagnent de l’argent sur les fonds de leurs clients ou s’enrichissent de façon éhontée en facturant des actes inutiles.

 Le président de la république a renoncé à percevoir sa retraite présidentielle. Bravo. Mais ce faisant il a mis aussi en lumière les avantages astronomiques dont bénéficient les hautes sphères de la monarchie républicaine. Gérard Larcher, le Président du Sénat, vent debout contre toute réforme de son institution, illustre bien l’intense opposition des privilégiés de la république à toute réforme qui les affecterait. Le patron du sénat est d’ailleurs également très réservé sur le projet de régime universel des retraite, estimant que le train de sénateur mérite mieux que le TGV de la SNCF.

 Personne ne veut perdre ses privilèges, aussi modestes soient-ils. Est-ce une raison pour ne pas faire un peu de ménage ? Les petits avantages connus ne sont cependant que les arbres de la lisière qui masque la forêt des gros privilèges cachés. Le ménage doit donc se faire à la façon dont on balaye un escalier : en commençant par le haut. De même que le froid ressenti est plus vif quand souffle le vent, les inégalités sont d’autant plus ressenties quand sont remis en cause les privilèges des petits avant ceux des grands.

 

Rhadamanthe

COP : seule la déception est au rendez-vous

En 1992, les dirigeants de près de deux cents pays, réunis pour le Sommet de la Terre au Brésil, signent la Déclaration de Rio de Janeiro : tous s'engagent à agir en faveur d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les pays signataires conviennent aussi de tenir régulièrement une conférence des parties prenantes de cette Convention-cadre des Nations unies pour faire le point sur le réchauffement climatique : le principe des COP(*) était né.

La première COP aura lieu en 1995 à Berlin. Depuis 25 conférences pour le climat ont eu lieu. La 26ème COP qui devait se tenir à Glasgow le mois prochain vient d'être remise à 2021 en raison de la pandémie de coronavirus. Ce report est sage. Certains scientifiques, classés dans la catégorie à risque, comme bien d'autres personnes, évitent de sortir.

C'est peut-être aussi le moment de ,s'interroger sur l'utilité de ces conférences. La mise à jour de la courbe de l'évolution de la concentration en CO2 de l'atmosphère pour la période couvrant les 60 dernière années (courbe de Jancovici) montre en effet clairement l'absence d'impact de ces grandes messes médiatiques sur les émissions de gaz à effet de serre.

Que faut-il en conclure ?
Les maîtres du monde ont-ils vraiment décidé des bonnes actions pour éviter le réchauffement climatique ou ont-ils été incapables de les mettre en œuvre? A quoi sert de dépenser les centaines de millions que coûtent chacune de ces conférences? Que valent les déclarations des uns et des autres relayées en boucle par les médias?

Nous autres, pauvres citoyens, nous n'avons pas fait l'ENA. Nous ne sommes donc pas assez intelligents pour répondre à ces questions mais nous avons suffisamment de jugeote pour comprendre qu'on nous mène en bateau.

Jacques Carles

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(*) COP, en anglais : Conference Of Parties

"Yes, they did it!"

Avec le Brexit, le peuple anglais a choisi de réaffirmer son insularité.

En prenant un peu de recul, ce qui est surprenant ce n’est pas le fait que l’Angleterre sorte de l’Union Européenne, c’est le fait qu’elle y soit entrée.

Pour les pères fondateurs de l’Europe, l’Union était un projet politique. L’ambition était d’instaurer une paix durable sur le continent et d’œuvrer pour offrir une vie meilleure aux citoyens. Quand les Anglais rejoignent l’Europe, ils le font pour d’autres raisons, essentiellement économiques, sous l’influence des milieux d’affaires. Pendant 47 ans, les élites d’outre-Manche ont défendu la primauté de l’économie. Leurs représentants et leurs lobbyistes ont exporté à Bruxelles les valeurs du libéralisme anglo-saxon et ils ont importé à Londres les travers bureaucratiques de l’Europe continentale. Encore tout récemment, après le référendum qui a conduit au Brexit, les partisans du maintien du Royaume-Uni dans l’Union n’ont fait valoir que des arguments économiques. Or les Anglais, comme les autres peuples, sont aussi sensibles à des valeurs plus profondes comme l’identité, les modes de vie, les coutumes et l’appartenance à une nation.

Ce qui est nouveau et paradoxal, c’est que l’Angleterre, cœur du monde anglo-saxon, devienne le symbole du rejet de la mondialisation libérale dont il est à l’origine. Plus inquiétant, un populisme xénophobe, peu habituel au Royaume-Uni, s’y développe et se nourrit des dégâts de cette mondialisation non régulée. Comme aux États-Unis, le développement d’inégalités bien plus criantes qu’en France, finit par miner la démocratie.

L’Europe, et la France en particulier, ont donc intérêt à s’interroger sur les raisons qui ont conduit les Britanniques à prendre leurs distances. L’Europe doit comprendre pourquoi elle ne fait plus rêver les peuples.

Enfin, plutôt que de rejeter ceux qui partent, réagissons de façon pragmatique. Tout comme la Suisse ou la Norvège, autres pays européens n’appartenant pas à l’Union, le Royaume-Uni doit rester un pays ami. Certes, il sera toujours difficile de comprendre un peuple qui appelle victoire ce que nous appelons défaites, Waterloo, Trafalgar ... Mais comme le rappelait le lucide De Gaulle, il n’y a pas de montagne entre l’Angleterre et la France ; il y a seulement un canal.

Rhadamanthe